L’autopsie ne doit pas être négligée pour établir le diagnostic des affections porcines - La Semaine Vétérinaire n° 1433 du 14/01/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1433 du 14/01/2011

Symposium. Swine Academy à Padoue (Italie)

Actualité

Auteur(s) : Hervé Maes

L’observation de tous les organes est la règle, sans se concentrer uniquement sur les lésions manifestes.

Si autrefois saint Antoine de Padoue était invoqué afin de retrouver les objets perdus, l’illustre université de cette ville italienne a récemment permis à des vétérinaires de récupérer des connaissances bien souvent oubliées. Une quarantaine de praticiens français, rejoints par des confrères slovènes et russes, y ont suivi une formation, du 26 au 30 novembre dernier, à l’initiative de Pfizer Santé animale. Axé sur l’anatomie pathologique et l’autopsie du porc dans le contexte général du diagnostic vétérinaire, mêlant présentations théoriques, iconographies et travaux pratiques, le symposium Swine Academy a accueilli au total six cents vétérinaires venus de tous les continents, sur sept semaines environ.

Une méthodologie rigoureuse est indiquée pour l’examen nécropsique

Dans un premier temps, l’observation de l’aspect extérieur de l’animal permet de déterminer à quand remonte sa mort, la rigor mortis démarrant en avant de l’animal pour “descendre” et se terminer à la queue. Elle reste néanmoins variable selon la température, l’état d’entretien, l’acidose métabolique ou l’affection elle-même. Le poids (qui révèle un éventuel retard de croissance), l’observation de la peau, des phanères, des oreilles, ou la conjonctive oculaire ne doivent pas être négligés lors de cet examen externe. Ils donnent en effet des premières indications.

La coupe des paupières permet d’apprécier l’état de déshydratation ou d’œdème du cadavre. L’anémie, quant à elle, s’évalue au niveau des onglons. Il est également utile, avant d’ouvrir le cadavre, de vérifier tous les orifices, à la recherche, entre autres, de la présence anormale de matières, telles que des glaires, du mucus, des matières catarrhales ou du sang. L’inspection de la cavité buccale, souvent non effectuée, permet d’observer d’éventuelles gingivites liées aux traumatismes de la section des dents, souvent porte d’entrée de septicémie. Les myosites sont mises en évidence par la coupe de la langue, parfois plus fiablement que par des coupes musculaires.

L’autopsie débute ensuite par l’ouverture de l’abdomen et de la cavité thoracique, de l’entrée du bassin jusqu’à la gorge, en veillant à ne pas entailler les organes. Elle est ensuite complétée par la section transversale du nez au niveau de la deuxième prémolaire (la seule visible avant l’âge de six mois), ainsi que par des incisions articulaires, coxo-fémorale ou du coude. L’ouverture de la boîte crânienne (transversale ou en décalottant le dessus grâce à une scie à métaux) permettra de visualiser d’éventuelles lésions de méningite, et d’effectuer des prélèvements histologique ou bactériologique.

Il est important de savoir distinguer les lésions postagoniques

La part des lésions postagoniques doit également être appréciée et distinguée des lésions pathologiques. Ainsi, par exemple, un emphysème pulmonaire rose, humide, dont le crépitement caractéristique est difficile à obtenir, est de nature postagonique, alors qu’une coloration grise, une coupe sèche et un crépitement aisé révèlent un emphysème chronique pathologique. La lividité déclive post-mortem sera, elle, discernée de l’interprétation des congestions passives ou actives des organes par des coupes et pressions sur ceux-ci.

Influencé ou piégé par le contexte clinique ou lésionnel manifeste au premier coup d’œil, le praticien risque de se focaliser sur un ou des organes avec des lésions apparentes, sans regarder l’ensemble du cadavre, et de ne retenir qu’une hypothèse qui peut se révéler fausse.

Couleur, forme, aspect sec ou humide, odeur, texture sont autant d’éléments à enregistrer pour identifier la nature de la ou des lésions observées. Cela constitue la base du diagnostic anatomopathologique (voir encadré), alors qu’un diagnostic étiologique sera éventuellement établi à partir d’autres examens complémentaires (histologie, bactériologie, virologie, etc.).

Quelques exemples

• Une polysérosite avec une hypertrophie splénique penche plus en faveur d’une infection à Streptocoque suis 2 que vers une maladie de Glässer, où la rate a tendance à rester normale.

• Une pneumonie interstitielle plutôt dorsale, avec un poumon dont la palpation est caoutchouteuse, accompagnée ’une augmentation de volume et d’une visualisation colorée et/ou en dépression des empreintes costales, oriente vers une cause virale. Une pneumonie rouge plutôt ventrale, avec une matière catarrhale à la coupe, est révélatrice d’une infection bactérienne, confirmée par le test de flottaison dans l’eau.

• L’épaisseur du myocarde du ventricule droit se situe entre le tiers et le quart de celui du ventricule gauche : la comparaison permet d’apprécier l’existence d’une insuffisance cardiaque.

H. M.
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