DES VÉTOS TOUJOURS PLUS HAUTS - La Semaine Vétérinaire n° 1433 du 14/01/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1433 du 14/01/2011

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Auteur(s) : Françoise Sigot

Entre les alpages et les riches berges du lac Léman, les praticiens haut-savoyards exercent de différentes manières sur leur territoire. Leur point commun ? Ils travaillent dans un département où le niveau de vie tutoie les sommets ! Les vétérinaires en profitent eux aussi, même si en Haute-Savoie, comme ailleurs, l’évolution des pratiques est de mise pour rester dans la course.

Dire qu’il fait bon vivre en Haute-Savoie est un euphémisme. La dernière étude de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) sur les revenus des ménages révèle que la Haute-Savoie se classe en tête de la région Rhône-Alpes et au cinquième rang national en termes de revenu médian (voir encadré ci-contre). Et que dire des paysages majestueux au milieu desquels évoluent les Haut-Savoyards, dont cent vingt-trois vétérinaires ? Sont-ils des privilégiés ? « Pas plus qu’ailleurs », répondent à l’unisson les praticiens de Haute-Savoie, qui reconnaissent toutefois exercer leur art dans un territoire attractif, ce qui facilite notamment les remplacements et, le cas échéant, les installations. Ainsi, le nombre de vétérinaires est resté relativement stable dans ce département durant les dix dernières années, y compris en rurale.

La pratique rurale prend de la hauteur

« Le lait est relativement bien valorisé ici, puisque nous avons trois zones de montagne qui produisent des fromages en appellation d’origine contrôlée : l’emmental, l’abondance et le reblochon, analyse Philippe Potié, président du Groupement technique vétérinaire 74. Cela permet de maintenir des élevages, même si en Haute-Savoie, comme ailleurs, la pression foncière est forte et les éleveurs ont de plus en plus de difficultés. Le nombre de bovins se maintient même si celui des éleveurs diminue. »

Il y a matière à entretenir une activité récurrente et relativement soutenue pour les ruraux. Mais à quel prix ? « Nous sommes des ruraux d’altitude, ce qui signifie que notre activité est saisonnière et que nous parcourons beaucoup de kilomètres, surtout l’été, pour nous rendre dans les alpages, souligne Stéphane Pras, installé à Seyssel et responsable du syndicat en Haute-Savoie. De ce fait, les structures évoluent vers la mixité, car la rentabilité des cliniques purement rurales est mise à mal. »

A ces longs cheminements à travers les Alpes s’ajoute un exercice marqué par le développement du conseil. « Le niveau de technicité des élevages et des éleveurs est de plus en plus élevé. L’été, beaucoup se débrouillent seuls pour les actes les plus courants. Les vétérinaires ruraux doivent donc se remettre en question et faire évoluer leur métier. Désormais, ils apportent du conseil et du service et assurent les parages de pieds, les suivis de fécondité ou d’alimentation, voire l’insémination. Tout cela apporte un complément de revenus indispensable au maintien d’une rurale de qualité », explique le représentant syndical.

Cette pratique du métier relativement avant-gardiste renforce la cohésion entre les praticiens ruraux du département. Ainsi, en leur temps, les vétérinaires haut-savoyards avaient créé un groupement d’intérêt économique d’insémination, aujourd’hui dissous, et quelques-uns confrontent leurs pratiques dans le domaine du parage de pieds. « Nous nous organisons aussi pour assurer des remplacements parce que les spécificités de nos pratiques font qu’il n’est pas toujours facile d’intégrer un jeune pour quelques semaines », ajoute Stéphane Pras. En revanche, contrairement à leurs confrères canins, les ruraux échappent à la pratique transfrontalière.

L’exercice canin ne connaît pas les frontières

Le tarif de la consultation étant un peu moins cher en France, les chiens et chats suisses sont des habitués des cabinets haut-savoyards. Sans compter que les services d’urgence, pratiquement inexistants de l’autre côté de la frontière, amènent aussi des clients aux praticiens canins frontaliers. « A Genève, il y a un seul vétérinaire de garde pour la ville le week-end », signale Philippe Hervé, installé à Saint-Julien-en-Genevoix depuis trente ans. Il doit une part « importante et relativement stable » de son activité aux Suisses. La réglementation sanitaire étant quasi identique des deux côtés de la frontière, l’exercice transfrontalier ne comporte guère de spécificités, si ce n’est qu’en Suisse la vaccination antirabique est obligatoire tous les trois ans et doit se faire séparément des autres vaccins. « Certains clients suisses viennent chez nous notamment parce que nous vaccinons en une seule fois », relève Jean-Michel Bayle, installé à Gaillard. Ainsi, dans les riches villes frontalières, en particulier celles du bassin d’Annemasse, les vétérinaires peuvent compter jusqu’à près de 50 % de clients helvètes. Cet afflux permet de maintenir un haut niveau d’activité en canine et des revenus plutôt élevés. « Certes, les tarifs des consultations sont semblables à ceux pratiqués en région parisienne. En contrepartie, les loyers et les impôts sont chers à proximité de la frontière suisse, donc les cliniques ont des charges plus fortes que la moyenne », relativise Stéphane Pras. En revanche, rares sont les praticiens canins suisses qui peuvent se targuer d’attirer une clientèle française. « Avant que le centre hospitalier vétérinaire (voir en page 26) ne s’installe, les vétérinaires du département référaient parfois des cas à l’hôpital de Berne, mais leurs tarifs sont prohibitifs », commente le responsable du syndicat.

Le nombre de spécialistes équins se maintient en Haute-Savoie

L’autre particularisme haut-savoyard réside dans la concentration importante de vétérinaires équins. Cela s’explique historiquement : Annecy a abrité durant plusieurs années un site des Haras nationaux, aujourd’hui implanté à Contamines-sur-Arves, à une quarantaine de kilomètres de la préfecture de Haute-Savoie. C’est également le signe d’un niveau de vie élevé et de la proximité de la Suisse. « Beaucoup de frontaliers possèdent des chevaux en France. Il y a également un nombre important d’éleveurs dans le département et pas mal de chevaux d’obstacles », constate Thomas Bertholdy, l’un des deux vétérinaires équins associés de la clinique d’Argonay. Aussi, le nombre de praticiens équins se maintient, voire progresse en Haute-Savoie. Cinquante et un en 1989, ils sont actuellement cinquante-quatre, actifs dans trente-neuf cliniques. Comme leurs confrères canins, ils exercent une activité qui ne connaît guère les frontières et dont le degré d’exigence s’accroît. D’autant que la concurrence est rude. La Confédération suisse (Genève en particulier) concentre beaucoup de vétérinaires équins, souvent réputés, qui traversent la frontière. Compétences et investissements sont donc tirés vers le haut. « Nous avons de plus en plus de chevaux qui représentent une valeur importante. Nous nous formons en permanence et nous faisons évoluer le plateau technique de la clinique », explique Thomas Bertholdy, qui se souvient avoir été récemment sollicité par un cavalier international qui a fait venir son vétérinaire d’Amérique du Sud pour confirmer un diagnostic !

Un département au niveau de vie élevé

Le revenu médian par ménage en Haute-Savoie (20 208 €) devance ceux de la région Rhône-Alpes (18 139 €) et de la France (17 493 €). Dans l’Hexagone, seuls quatre départements, tous situés en région parisienne (Yvelines : 23 625 € ; Hauts-de-Seine : 23 603 € ; Paris : 23 293 € ; Essonne : 21 336 €), le dépassent. Le seuil qui représente les 10 % de ménages percevant les revenus les plus hauts atteint 35 616 € au niveau régional (il s’élève à 35 503 € en France), et grimpe à 40 430 € en Haute-Savoie.

Françoise Sigot

VétoAlp au sommet de la convivialité

Le congrès réunit chaque année plusieurs centaines de vétérinaires canins en quête de formation et d’informations sur un thème d’actualité. Parallèlement, il permet de découvrir les Alpes et ses pratiques sportives. Autant dire que VétoAlp est un des rendez-vous majeurs des praticiens canins français et helvètes.

« En Suisse, la majorité des rencontres sont en allemand. Nos confrères francophones sont donc des habitués de notre congrès », souligne Jean-Michel Bayle, vétérinaire à Gaillard et organisateur du rassemblement alpin. En 2011, VétoAlp se déroulera à Val-d’Isère du 14 au 17 mars, sur le thème « des grands syndromes qui nous défient ».

F. S.
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