Des praticiens implantés en Haute-Savoie ne regrettent pas leur choix - La Semaine Vétérinaire n° 1433 du 14/01/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1433 du 14/01/2011

Témoignages

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Auteur(s) : F. S.

Pratique rurale Luc Rassel soigne en hauteur

Installé à Thônes, capitale du reblochon, depuis 1992, Luc Rassel est l’un des derniers vétérinaires à passer ses étés à exercer quasi exclusivement dans les alpages. « Il n’y a plus personne dans la vallée, donc nous sommes bien obligés de monter », déclare-t-il. Il ne boude pas son plaisir. Amoureux des paysages de montagne, alpiniste et skieur confirmé, il avoue avoir trouvé un équilibre parfait entre son métier et ses passions : « Même au tout début de ma carrière, lorsque j’exerçais en Belgique en mixte, j’étais surtout attiré par la rurale. » Lorsqu’il a eu vent de l’opportunité de s’installer en Haute-Savoie pour se spécialiser en rurale, il s’est rapidement décidé.

Un appel des bergers, et le vétérinaire se met en route

Aujourd’hui, cinq associés se partagent le cabinet, dont deux vétérinaires ruraux qui prennent en été le chemin des hauts plateaux dominant Annecy afin de suivre les troupeaux qui comptent jusqu’à une centaine de vaches allaitantes chacun. Un coup de fil des bergers et le vétérinaire se met en route, pour une boiterie le plus souvent, ce qui n’exclut pas toutes les autres interventions, y compris les urgences. « Ils montent en général au mois de mai et redescendent en septembre. Parfois, il nous faut près d’une heure pour accéder à l’alpage. Durant cette période, nous passons beaucoup de temps sur les routes. Il faut reconnaître que l’été, notre activité s’apparente plus à un service que nous rendons à nos clients. Nous ne pouvons évidemment pas facturer le temps passé. Heureusement que nous avons la vente de médicaments, sinon nous pourrions difficilement répondre aux sollicitations des bergers d’alpages », avoue Luc Rassel.

Avec deux confrères haut-savoyards, il a créé un groupe de travail et d’étude sur les atteintes du pied des bovins. Afin de prévenir les blessures liées à l’estive, Luc Rassel a également mis en place un service de parage des pieds. « Cela nous permet non seulement de bien préparer les vaches pour les alpages, mais aussi de vérifier l’état sanitaire du troupeau. C’est toujours un moment d’échange privilégié avec les éleveurs, car bien souvent il nous faut une journée pour parer l’ensemble du cheptel », détaille le vétérinaire haut-savoyard, résolument amoureux de son métier et de l’environnement dans lequel il l’exerce.

Unité de soins Le centre hospitalier vétérinaire a trouvé sa place dans le département

En créant, en février 2008, un centre hospitalier vétérinaire aux portes d’Annecy, Antoine Bernardé, Nicolas Gay et Pierre-François Isard souhaitaient autant rencontrer des cas « difficiles et peu courants » qu’apporter leur pierre à l’édifice scientifique. Les trois associés, dont deux étaient déjà installés dans le bassin annecien, n’ont donc pas lésiné sur les moyens : un bâtiment flambant neuf, trois salles d’opération, un scanner, une unité de soins intensifs, etc. Chaque fondateur conserve une certaine indépendance, puisqu’ils ont choisi de créer chacun une société d’exercice libéral à responsabilité limitée (Selarl) qui leur est propre (chirurgie, médecine interne et urgences, ophtalmologie). Ces trois Selarl sont associées dans une société en participation qui gère le scanner, tandis qu’une société civile de moyens s’acquitte des charges communes.

La médecine compte à peine 10 % de clientèle locale

Un pari néanmoins risqué (1,3 million d’euros d’investissement immobilier et plusieurs centaines de milliers d’euros en équipements), mais qui se révèle aujourd’hui à la hauteur des espérances des vétérinaires. « Nous savions que la chirurgie fonctionne en général assez bien en référé, nous avions également peu de craintes sur l’ophtalmologie, mais il est plutôt rare qu’un vétérinaire décide de se restreindre à la médecine en référé et aux urgences », reconnaît Antoine Bernardé, qui n’a pas hésité à tirer un trait sur seize ans de pratique à Blois pour s’associer à ce projet.

En deux ans, l’objectif est atteint : le centre hospitalier vétérinaire fonctionne sept jours sur sept et vingt-quatre heures sur vingt-quatre avec douze vétérinaires et cinq auxiliaires. Seule la médecine compte à peine 10 % de clientèle locale et les deux autres services ne fonctionnent qu’en référé. « Le travail va plus vite que notre capacité à le réaliser », concède Pierre-François Isard, qui vient de s’associer avec Thomas Dulaurent, tandis que ses deux confrères cherchent eux aussi un “second”.

Trail des Allobroges Denis Chauchet, un praticien qui vit au pas de course

Diplômé de l’école vétérinaire de Toulouse, Denis Chauchet n’a jamais imaginé l’exercice de son métier ailleurs qu’aux pieds des Alpes. « Pour le ski », justifie-t-il. A peine avait-il posé sa plaque à Thonon-les-Bains, sur les rivages du lac Léman, que le ski, et surtout la course à pied, la randonnée et le VTT occupaient tout le temps libre de ce Parisien. « Avec mon épouse, nous sommes arrivés ici en 1992. Nous étions d’abord associés, puis deux ans plus tard, elle a ouvert son propre cabinet, à Evian. Depuis, nous ne travaillons que quatre jours par semaine afin de pouvoir faire du sport », avoue ce coureur de fond.

L’organisation du couple est parfaitement rodée : ils salarient un vétérinaire qui partage son temps entre les deux cliniques. « Le seul ennui, c’est que nous n’avons pas les mêmes jours de congés. Nous allons donc embaucher une deuxième personne pour courir ensemble, ou plus exactement marcher. Avec l’âge, nous privilégions maintenant cette activité. »

En attendant, les journées de ces sportifs sont bien remplies. Depuis dix ans, ils organisent le trail des Allobroges, une épreuve qu’ils ont créée afin de faire découvrir leur région. Elle réunit chaque année, en mai, plus de huit cents coureurs, dont une dizaine de vétérinaires. Une belle histoire qui n’est pas seulement sportive et familiale, puisque ce trail est l’occasion de récolter des fonds pour une association népalaise, fondée par un sherpa, qui finance la création d’une école et d’un monastère au Népal.

Faune sauvage Ludovic Cheneval se mobilise pour les gypaètes barbus

L’ancien animateur du club Faune sauvage de l’école vétérinaire de Lyon n’a pas perdu sa passion. Installé à Cluses depuis 1996, Ludovic Cheneval, praticien canin, exerce son art au plus haut des sommets alpins, ou à l’autre bout du monde chaque fois qu’il en a l’occasion. Il quitte souvent, l’espace de quelques heures, sa vallée haut-savoyarde pour se rendre au chevet des gypaètes barbus. Ludovic Cheneval est en effet le vétérinaire référent du programme européen visant à réintroduire ces rapaces géants dans les Alpes. « Le centre a été ouvert en 1988, alors qu’il n’y avait plus aucun gypaète en France. Il est unique en Europe. Son objectif est de faire naître des poussins en captivité et de les nourrir jusqu’à leur envol en limitant un maximum les contacts avec l’homme », détaille-t-il. Ludovic Cheneval est chargé de réaliser sur chaque oisillon prêt à s’envoler une visite sanitaire et une prise de sang permettant de procéder à son sexage et à son identification chromosomique.

Les visites au chevet des rapaces ont entraîné des évasions lointaines

A ces missions habituelles s’ajoute l’imprévu, à l’image de ces nombreuses visites, voici quelques années, au cours desquelles le vétérinaire ne pouvait que constater la mort des rapaces. « Ces oiseaux sont sensibles au plomb. Les analyses que nous avons effectuées sur les cadavres montraient une concentration trop forte pour eux. Nous en avons rapidement trouvé l’origine : les chasseurs laissaient du gibier porteur d’esquilles de plomb que les gypaètes mangeaient. Nous avons aussi rencontré des problèmes d’aspergillose. Autant de soucis qui n’ont pas facilité le programme de réintroduction, même si aujourd’hui plusieurs couples vivent dans les Alpes », se félicite Ludovic Cheneval.

Ses visites régulières au chevet des gypaètes barbus l’ont conduit vers des expéditions plus lointaines. « Lors des lâchers, j’ai eu l’occasion de rencontrer une équipe de télévision spécialisée dans les reportages sur la faune sauvage. Elle cherchait un couple de vétérinaires avec un jeune enfant pour partir faire des reportages sur des affections spécifiques des animaux sauvages », se souvient-il. Ludovic Cheneval, son épouse Christine, également vétérinaire, et leur fille Solène (âgée de cinq ans) sont ainsi partis soigner les buffles et les lions tuberculeux en Afrique du Sud, pister les anacondas en Argentine et vacciner koalas, kangourous, pélicans et chauves-souris géantes en Australie.

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