Un vaccin contre la polyomavirose de l’oie vient d’être mis au point - La Semaine Vétérinaire n° 1432 du 07/01/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1432 du 07/01/2011

Pathologie aviaire

Formation continue

FILIÈRES

Auteur(s) : Nathalie Devos

Les chercheurs ont eu recours à un carbomère comme adjuvant, jamais utilisé jusqu’ici pour les oiseaux.

La polyomavirose de l’oie, ou néphrite hémorragique entérite, est apparue en Europe à la fin des années 70. C’est la principale cause de mortalité dans les élevages d’oies. Le taux de morbidité peut atteindre 80 %. La létalité est variable, mais peut avoisiner les 100 %.

Cette maladie est due à un virus à ADN, le Goose Hemorrhagic Polyomavirus (GHPV), de la famille des Polyomaviridae. Il est très résistant, notamment à la chaleur (toujours virulent après une heure d’exposition à 55 °C), au froid, aux solvants des lipides. Les voies de transmission sont encore mal connues. La transmission horizontale est démontrée, par la voie féco-orale. La transmission verticale du GHPV ne peut pas être exclue, mais elle n’est toujours pas démontrée.

Lorsqu’elles sont infectées, les oies s’affaiblissent rapidement. Elles ont des difficultés à se déplacer et arrêtent leur consommation d’eau et d’aliment. Une diarrhée discrète est fréquemment observée. Des signes nerveux, tels qu’un pédalage et un opisthotonos, sont observés dans les formes suraiguës chez les jeunes animaux.

Les oisons peuvent présenter des signes de maladie jusqu’à l’âge de treize semaines, puis ils sont susceptibles d’être porteurs sains.

En outre, les chercheurs de l’Institut national de la recherche agronomique de Toulouse (unité “Interactions hôtes-agents pathogènes”) ont récemment montré que le polyomavirus peut infecter de manière inapparente les canards, qui représenteraient ainsi un réservoir épidémiologique. Seule l’oie est sensible : le canard ne développe aucun signe clinique ou lésion à la suite de l’infection. Lors de l’apparition de foyers infectieux, les mesures de protection classiques ne suffisent pas à limiter la dissémination du virus. La vaccination des très jeunes oisons apparaît comme la seule solution pour protéger les élevages.

Le vaccin élaboré avec du carbomère déclenche la meilleure synthèse d’anticorps

Dans cette optique, les recherches, financées par le Cifog, France Agrimer et la région Aquitaine-Midi Pyrénées, ont permis à l’équipe de l’Inra de mettre au point un vaccin inactivé contre la maladie. Il est élaboré à partir d’une souche virale de GHPV nommée Toulouse 2000, identifiée par cette même équipe en 2000.

Selon les chercheurs, la mise au point de la formulation du vaccin s’est révélée délicate. En effet, les oies sont particulièrement sensibles aux adjuvants (dérivés huileux ou hydroxyde d’aluminium). La plupart des adjuvants huileux provoquent, chez ces volatiles, des effets secondaires indésirables lors de la vaccination, tandis que l’hydroxyde d’aluminium n’entraîne pas de synthèse suffisante d’anticorps.

Pour contourner cette difficulté, les chercheurs ont utilisé comme adjuvant le carbomère Carbopol 940®, un polymère d’acide acrylique. Cet adjuvant n’avait jamais été utilisé jusqu’ici pour les oiseaux.

Les chercheurs ont ensuite comparé les productions d’anticorps anti-GHPV chez des oies adultes ayant reçu un vaccin dont l’adjuvant était de l’hydroxyde d’aluminium, avec celles vaccinées avec le vaccin contenant le carbomère, et avec un groupe témoin non vacciné.

Les résultats montrent que le vaccin contenant du carbomère a déclenché la meilleure synthèse d’anticorps. Ces derniers sont retrouvés par la suite chez les oisons, et les protègent de la maladie. En outre, les adultes vaccinés n’ont présenté aucune modification dans leur prise alimentaire ni de retard de croissance. Pour les chercheurs, ces premiers résultats font de ce vaccin une solution prometteuse pour protéger la filière de la polyomavirose. Toutefois, ils précisent que des études complémentaires sont nécessaires pour évaluer son efficacité sur le long terme.

  • Source : Inra, novembre 2010, et www.avicampus.fr

  • * J. Gelfi, M. Pappalardo, C. Claverys, B. Peralta, J.L. Guérin : « Safety and efficacy of an inactivated Carbopol-adjuvanted goose haemorrhagic polyomavirus vaccine for domestic geese », Avian Pathology, 2010, vol. 39, n° 2, pp. 111-116.

  • Source : www.avicampus.fr

Lésions observées à l’autopsie

Les lésions dues à la néphrite hémorragique entérite sont assez caractéristiques à l’autopsie. De l’ascite gélatineuse jaunâtre et un œdème gélatineux sous-cutané sont fréquemment observés. Les reins présentent une néphrite, souvent hémorragique ou surchargée en urates (aspect boursouflé et blanc), due à la déshydratation du sujet.

Une entérite muco-hémorragique est également notée, avec la présence de sang partiellement digéré.

Dans les formes tardives (animaux plus âgés, dose infectieuse plus faible), des lésions de goutte viscérale, avec des dépôts d’urates sur les organes de la cavité thoraco-abdominale, sont souvent présentes. Ces dépôts sont aussi observés dans les articulations. La rate peut être hypertrophiée et hémorragique. Quelquefois, une hépatite est notée, avec un foie hypertrophié rouge foncé et des plages plus claires.

N. D.
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