Sols et secrets d’entraînement : une question d’équilibre et de mesure - La Semaine Vétérinaire n° 1432 du 07/01/2011
La Semaine Vétérinaire n° 1432 du 07/01/2011

Table ronde au Salon du cheval de Villepinte

Formation continue

ÉQUIDÉS

Auteur(s) : Marine Neveux

La détection de la douleur a constitué l’un des thèmes majeurs abordés lors des Equirencontres 2010.

L’évaluation de la douleur dans notre discipline est un souci quotidien », a expliqué Jacques Bégaud, vétérinaire et champion du monde d’endurance. Si le cheval souffre, la multiplicité des contrôles durant l’épreuve fait qu’il sera arrêté avant l’arrivée. Quels sont alors les signes d’appel « Il ne s’agit pas de douleur aiguë » selon notre confrère, qui a couru personnellement des marathons. Dans sa discipline, il s’agit surtout d’une douleur d’écrasement : « Chez le cheval, elle peut être décelée via une attitude de prostration, une moindre réponse aux sollicitations, un refus de s’alimenter ou de boire, une fatigue ou une souffrance qui empêchent de prêter attention aux stimuli extérieurs. »

Selon Bertrand Le Barbier, responsable de la cellule dressage à la Garde républicaine de Paris, « la douleur peut aussi s’observer au travers d’une boiterie, de contractions, de résistances ». Le cavalier conseille ainsi d’être attentif au quotidien à ces signes d’appel, quitte à revenir à des exercices de base, à réaliser des examens médicaux et, le cas échéant, à laisser le cheval au repos.

« En concours complet, la douleur est également présente. Comme nous connaissons bien nos chevaux, il y a des signes d’alarme. Ainsi, il faut préserver la qualité des allures dans le travail quotidien, c’est le meilleur indicateur », a souligné Jean Teulère, cavalier international. D’autres manifestations de l’inconfort peuvent s’exprimer au niveau du comportement. Nicolas Touzaint, cavalier international dans la même discipline, a insisté sur la nécessité de bien connaître sa monture : « Savoir comment le cheval se comporte lorsqu’il est heureux et en bonne forme permet de détecter une différence quand il a un souci. »

Pour Eric Navet, cavalier international de saut d’obstacles, « toute une série de symptômes nous indiquent que le cheval est dans l’inconfort. Par exemple, au niveau du travail sur le plat et à l’obstacle, la systématisation de la réception sur le même pied, la déviation d’un côté de l’obstacle, un cheval qui se remet toujours sur le même pied avant le saut ou qui est moins bien dans les combinaisons sont autant de signes qui demandent de faire appel au vétérinaire ».

Un équilibre à trouver entre performance et confort

Selon Eric Navet, la tendance des dernières années en saut d’obstacles est de travailler les chevaux au quotidien sur des sols plus souples que ceux des terrains de compétition. Ces derniers sont en effet des surfaces rapides, avec beaucoup d’accroche. « C’est important au niveau de la vitesse, dans les virages ou en pleine accélération, car la poussée du cheval se latéralise et, si le sol ne maintient pas son pied sur une poussée latérale, il risque de glisser. » Les terrains doivent donc être assez compacts pour la compétition. En revanche, « travailler tous les jours sur de tels sols peut provoquer des affections locomotrices chez le cheval. Donc, la tendance est de s’entraîner sur des surfaces plus confortables ».

Outre les terrains pénétrants, il existe aussi des sols bloquants : « Il faut déterminer un certain pourcentage de fibres pour obtenir un effet bloquant, mais pas trop. » Ces sols sont déterminants sur le plan des performances, mais entraînent rapidement des problèmes tendineux.

« Les proportions de sable, d’hydratation, defibres ont une influence, a expliqué notre confrère Jean-Marie Denoix. Cela mériterait d’être standardisé ou, au moins, de définir des échelles. » En outre, ces sables ont besoin de hersage, d’entretien. « Humides, ils sont bloquants, mais secs, ils deviennent profonds et meubles. » C’est donc une question de compromis entre performance et confort, le but étant d’aboutir à un équilibre.

L’entretien est également un élément essentiel : « Auparavant, les sols étaient beaucoup arrosés, damés, pour être compacts et serrés. Aujourd’hui, ils sont plus aérés, moins compactés et arrosés, pour aller vers davantage de confort », a souligné Eric Navet. Le cavalier privilégie ainsi l’utilisation d’une herse avec de petites dents pour aérer la partie superficielle, mais pas la barre lourde.

Quant aux trottings sur des sols durs, là aussi, tout est une question de mesure. « Dans l’entraînement d’un cheval, un bon terrain confortable est requis, mais il faut varier les surfaces. Les sols durs font donc partie de l’entraînement, sans en abuser », a estimé Jean-Marie Denoix.

Entraîner le cheval sur des sols différents permet en outre de travailler sa proprioception, c’est-à-dire la faculté de l’organisme à rééquilibrer les tensions et la locomotion d’une façon inconsciente et instantanée.

Les Equirencontres

Ces rencontres, organisées par l’Association vétérinaire équine française et Merial le 18 décembre 2010 dans le cadre du Salon du cheval à Villepinte, ont remporté un franc succès. Elles permettent de communiquer directement auprès du grand public. Cette année, les Equirencontres ont réuni nos confrères Marc Gogny (Oniris), Nathalie Crevier-Denoix (ENVA, Cirale) et Jean-Marie Denoix (ENVA, Cirale) autour de thèmes comme la douleur, les sols et l’appareil locomoteur. Une table ronde, animée par Michel Péchayre (praticien à Lamorlay) avec ces confrères et des cavaliers de haut niveau, a aussi permis de confronter les approches médicales avec le travail au quotidien et en compétition des chevaux.

Les conférences étaient diffusées en direct sur le site de la Fédération française d’équitation (et sont visionnables en différé), les internautes pouvant poser leurs questions durant les séances.

M. N.
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