La moitié des vétonautes pensent qu’une évaluation amènerait les hôpitaux à soigner leur image

Avis aux éditeurs ! Une niche de lecteurs se dessine pour un “Guide du routard malade” ou encore un “Guide Michelin des hôpitaux de France” avec (qui sait ?) un classement étoilé.

Le 4 novembre dernier, Roselyne Bachelot, ex-ministre de la Santé, a en effet annoncé que les mille trois cents établissements de santé publics et privés qui pratiquent une activité de médecine, de chirurgie, d’obstétrique ou pédiatrique, devront, chaque année à compter de 2011, soumettre un formulaire de satisfaction composé de trente-six questions de type fermé à un panel de patients. Cent vingt seront tirés au sort, parmi ceux hospitalisés à plein temps plus de deux jours, et sortis depuis plus de quinze jours. Ils seront ainsi sondés anonymement sur des indicateurs de satisfaction (prise en charge globale et information du patient, communication avec les professionnels de santé et leur attitude, accueil, commodité de la chambre, gestion de la douleur, restauration hospitalière, etc.). Ces questionnaires seront ensuite mis à la disposition des professionnels, puis du grand public.

La décision d’évaluer les hôpitaux, prise par le ministère de la Santé, intervient après plus d’une décennie de tergiversations. En 1994, une mission interministérielle étudie déjà cette perspective. Cependant, la question qui fâche est celle de savoir s’il faut en informer le grand public. Faute de consensus, les inspecteurs de la mission passent alors le témoin à ceux qui voudront bien le saisir. Il arrive ainsi, en décembre 1994, entre les mains des rédacteurs du Livre blanc sur le système de santé, réunis autour de Raymond Soubie, à la demande d’Edouard Balladur, alors Premier ministre. Ils proposent que les services hospitaliers défaillants soient purement et simplement fermés : « Cela paraît être un inconvénient moindre que le maintien d’activités ne satisfaisant pas à certains critères de qualité. » Mais les choses en restent là. Jusqu’à aujourd’hui.

Bien qu’il soit légitime de penser, comme la moitié des vétonautes, que cette évaluation ne peut que tirer la qualité des hôpitaux vers le haut, cela soulève beaucoup de questions. Car la qualité de l’accueil et des soins peut varier selon l’heure et le jour, le personnel en activité à ce moment-là, etc. En outre, un malade lambda peut juger qu’il est bien soigné alors que ce n’est pas le cas, et vice versa. Enfin, quelles seront les conséquences pour les structures mal notées ? Le bénéfice attendu pourrait produire un effet boomerang, en accentuant les “déserts médicaux” si la fermeture d’établissements devait résulter d’un mauvais classement. Qui vivra, verra !