Images par satellite
Formation continue
FAUNE SAUVAGE ET NAC
Auteur(s) : Marion Debin
Les excréments laissés par les colonies sur la banquise sont visibles depuis l’espace.
Le manchot empereur se reproduit exclusivement sur la banquise située en bordure du continent Antarctique, ou plus rarement sur le continent lui-même, entre le 66e et le 78e parallèle. De janvier à mars, en dehors de la période de reproduction, il se déplace vers le nord, à la limite de la convergence antarctique, à la frontière du pack (morceaux de glace flottants arrachés à la banquise par le courant et le vent). Il est parfois observé en Nouvelle-Zélande, en Argentine ou dans les Iles Kerguelen(1).
La population mondiale est estimée, à la fin des années 90, à quelque quatre cent cinquante mille individus. Le fait que ces animaux se reproduisent pendant l’hiver austral sur la banquise rend difficile la découverte de nouvelles colonies, ainsi que le comptage de celles qui existent déjà. Pendant cette période, l’accès au continent est délicat et les colonies, situées au niveau de la mer, ne sont visibles qu’à quelques kilomètres de distance.
En 2005, différentes études publiées font état de trente-deux colonies confirmées, et quinze non confirmées(2).
En Antarctique, la banquise n’est pas permanente et se reforme chaque année. La glace est par conséquent uniforme et sans impureté, à l’inverse de celle des glaciers ou des icebergs. Le spectre de réflexion de la banquise est donc blanc, ou légèrement bleuté.
Les colonies de manchots empereurs rassemblent un grand nombre d’animaux sur une faible surface de banquise. Au cours de la saison, elles se déplacent de quelques dizaines ou centaines de mètres, laissant de larges marques brunes causées par leurs excréments.
En 2009, une équipe de chercheurs anglais(2) découvre que les déjections laissées par les colonies sont visibles sur certaines images des satellites, le spectre de réflexion des zones de banquise souillées étant marron clair. Les petits îlots rocheux non répertoriés apparaissent marron foncé, avec des bords bien définis, et ne peuvent donc être confondus avec une colonie. En analysant des images provenant de plusieurs satellites, ces chercheurs ont réussi à couvrir 85 à 95 % de la côte antarctique sur la période de reproduction de l’espèce. A chaque nouvelle colonie découverte, les clichés issus des différents satellites sont comparés afin d’éviter les faux positifs.
Cette étude a permis de découvrir dix nouvelles colonies. L’emplacement de six d’entre elles, déjà connues, a pu être corrigé, celui de dix-sept autres confirmé. Onze colonies décrites n’ont pas été retrouvées. Cinq parmi elles ont fait l’objet de récents comptages ou rapports et existent vraisemblablement toujours. Les six autres colonies semblent avoir disparu ou changé de place.
Cette étude estime donc le nombre de colonies d’empereurs connues à trente-huit. Cette technique ne permet cependant pas de savoir de façon fiable combien d’oiseaux sont présents dans chacune d’elles.
Les colonies situées sur des zones rocheuses du continent Antarctique (deux sont déjà connues), ainsi que celles de trop petite taille, n’ont pu être localisées par cette méthode. De même, l’existence de certaines des nouvelles colonies découvertes sur des images prises en fin de saison de reproduction demanderait à être confirmée, car il pourrait s’agir de zones de mue.
Une nouvelle colonie, située sur le glacier du Mertz, non loin de la Terre Adélie, est susceptible de présenter un grand intérêt scientifique. De grande taille, elle pourrait provenir d’une autre colonie qui semble avoir disparu (colonie du glacier de Ninnis).
Par ailleurs, selon David Ainley et coll.(3), les colonies de manchots empereurs situées au nord du 70e parallèle sud pourraient disparaître si la température de la zone augmentait de 2 °C du fait du réchauffement climatique. Seize colonies sur les trente-huit connues sont dans ce cas et pourraient donc être classées comme vulnérables.
Il s’agit de la première étude qui répertorie pratiquement toutes les zones de reproduction d’une espèce vertébrée à l’aide d’images de satellites. L’existence des nouvelles colonies demande à être confirmée, mais cette méthode offre un bon potentiel de suivi à grande échelle des populations de manchots empereurs.
(1) « A complete guide to Antarctic Wildlife », Shirihai, 2nd edition, 2007.
(2) P.T. Fretwell et coll. : « Penguins from space : faecal stains reveal the location of emperor penguin colonies », Global Ecology and Biogeography, 2009.
(3) D. Ainley et coll. : « The fate of Antarctic penguins when Earth’s tropospheric temperature reaches 2 °C above pre-industrial levels », World Wildlife Fund report, 2007.
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