Que pensez-vous des médicaments génériques ? - La Semaine Vétérinaire n° 1429 du 10/12/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1429 du 10/12/2010

Entre nous

FORUM

Ils posent la question du prix réel du médicament

Jean-Michel Mainguene, praticien à Montauban (Tarn-et-Garonne).

Le marché des médicaments vétérinaires est soumis à la pression des génériques de la même façon qu’en médecine humaine. Leur prix est avantageux pour le client et le vétérinaire, mais ce dernier doit être vigilant et maintenir une marge suffisante pour pallier la baisse du chiffre d’affaires liée à la vente du générique. Il doit donc augmenter sa marge, pour que son bénéfice ne diminue pas. Opter pour une marge variable peut aussi être intéressant, pour aligner certains prix, entre le générique et le princeps. Mais face à l’importance de certaines remises des laboratoires, qui varient entre 10 et 30 %, quel est le prix réel du médicament ?

L’inconvénient du générique, c’est la cohésion au niveau des prescriptions, car le client n’est pas forcément prêt à changer. Le médecin prescrit et le pharmacien délivre le générique qu’il souhaite, sans que le client se pose de questions, ce qui n’est pas tout à fait le cas en médecine vétérinaire, où intervient également la notion d’appétence.

En outre, comme le marché du médicament vétérinaire est réduit par rapport à celui du médicament humain, le développement des génériques au détriment des princeps ne risque-t-il pas, à long terme, de pénaliser la recherche vétérinaire ? En même temps, les laboratoires sortent de nouvelles spécialités à des prix aberrants. Cela repose la question du prix réel des médicaments, qu’il serait peut-être bon de réajuster.

La facilité d’administration prime sur le prix

Pascale Peyrard, praticienne à Blanzy (Saône-et-Loire).

Je suis sceptique sur les critères de bio­équivalence : ils sont calculés sur des taux moyens dans un lot d’animaux (des variations individuelles peuvent donc intervenir) et des concentrations sanguines comprises entre 80 et 125 % de l’original sont tolérées. Par ailleurs, j’ai lu qu’en médecine humaine, des patients épileptiques stabilisés pouvaient rechuter lors de la substitution de leur traitement par un générique. Pour les médicaments à faible marge thérapeutique, je reste donc réservée.

En ce qui me concerne, en activité canine, j’utilise les génériques beaucoup plus pour la facilité d’administration, qui varie considérablement d’un laboratoire à l’autre, que pour le prix.

La vente de génériques fait perdre de l’argent si une marge fixe en pourcentage est appliquée. Pour autant, faut-il garder une marge fixe en valeur, voire l’augmenter ? Cela me paraît dangereux pour les produits que les clients peuvent trouver ailleurs. Le vétérinaire risque alors de passer pour un voleur.

Toutefois, il est vrai que la présence de génériques permet de trouver une gamme complète d’antibiotiques ou d’anti-inflammatoires dans un même laboratoire, et ainsi d’optimiser les contrats. Je pense que l’avantage financier se situe davantage à ce niveau.

Prenons garde à ne pas dévaloriser la prescription

Jean-Claude Jestin, praticien à Paimpol (Côtes-d’Armor).

Le générique est un phénomène commercial qui provoque une concurrence inévitable, autant pour les laboratoires que pour les vétérinaires. La pression des génériques à l’étranger est telle qu’il est illusoire d’y échapper. J’ai travaillé en Asie, où toutes les molécules connues ici sont proposées en vrac à un prix dérisoire. Je me suis souvent demandé où et comment ils étaient fabriqués, et s’ils répondaient à des critères de qualité bien contrôlés.

Les laboratoires qui commercialisent ces génériques en France réalisent une bonne marge, car ils achètent à bas prix une molécule dont ils n’ont pas supporté les frais de recherche. Cette pression de concurrence énorme sur les laboratoires découvreurs oblige ceux-ci à rechercher d’autres molécules, et j’imagine que, de façon indirecte, le générique stimule la recherche.

Les praticiens aussi peuvent être attirés par l’aubaine d’un produit bon marché qui laisse une bonne marge, tout en respectant le porte-monnaie de plus en plus vulnérable du client.

De plus, les gens farfouillent sur Internet et hésitent de moins en moins à acheter par ce biais, afin d’éviter le vétérinaire et le pharmacien. Le générique suscite ainsi une dérégulation du marché du médicament, voire une forme d’anarchie, par la manière dont il est commercialisé. Cela donne l’impression d’un manque de contrôle de la situation. Dans ce système, le vétérinaire, en tant que prescripteur et employeur, doit faire d’autant plus attention à ne pas dévaloriser sa prescription.

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