Quelle est la place du médicament équin ? - La Semaine Vétérinaire n° 1427 du 26/11/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1427 du 26/11/2010

Pharmacie vétérinaire

Gestion

QUESTIONS/RÉPONSES

Auteur(s) : Sophie Paul-Jeanjean

L’étendue de l’arsenal thérapeutique à la disposition du praticien équin est en lien direct avec la destination finale du cheval (abattage ou animal de compagnie.)

La France compte environ un million d’équidés, un chiffre qui reste stable depuis plusieurs années. En revanche, les vétérinaires équins sont de plus en plus nombreux, jeunes et féminins (580 équins stricts et 1 400 vétérinaires mixtes équins). Sur le marché pharmaceutique vétérinaire (environ 1,2 milliard d’euros toutes espèces confondues), le secteur équin est le plus petit (4 %), mais le plus dynamique.

Ce marché comprend trois grandes classes thérapeutiques : les vermifuges, les vaccins et les anti-inflammatoires. Elles présentent des croissances comparables, de l’ordre de 7 à 8 %, ce qui reflète une médicalisation de plus en plus développée. Ce marché est dominé par cinq laboratoires qui continuent à investir dans le secteur, ce qui a contribué à l’apparition de nouveaux produits spécifiquement équins. Néanmoins, le statut d’animal de production des équidés en France continue de menacer la commercialisation de certains produits largement utilisés aujourd’hui, faute de limites maximales de résidus (LMR).

1 QU’EN EST-IL DE LA “CASCADE” ET DE LA RÉGLEMENTATION EN FRANCE ?

Selon que le cheval est déclaré comme destiné à l’abattage pour la consommation humaine ou exclu de cette destination (il est alors considéré comme un animal de loisir ou de compagnie), l’utilisation de l’arsenal thérapeutique peut varier, notamment en ce qui concerne les délais d’attente, mais les règles de la “cascade” restent les mêmes.

Le choix du vétérinaire doit donc s’effectuer selon l’ordre suivant :

a) médicament à autorisation de mise sur le marché (AMM) vétérinaire pour l’espèce et l’indication considérées ;

b) médicament à AMM vétérinaire pour une autre espèce dans la même indication ou pour la même espèce dans une autre indication ;

c) médicament à usage humain ou médicament autorisé dans un autre Etat membre avec autorisation d’importation ;

d) préparation magistrale vétérinaire.

En outre, étant donné l’absence de LMR pour certains médicaments, l’Agence nationale du médicament (ANMV) a dû supprimer certaines AMM, n’étant pas en mesure d’assurer la sécurité du consommateur. Cependant, grâce à la mobilisation des laboratoires concernés et au soutien de l’Association vétérinaire équine française, deux dérogations viennent d’être attribuées : l’une à Equipalazone® (Dechra), pour absence d’équivalent thérapeutique dans le traitement de la fourbure chronique du cheval, l’autre à Ekyflogyl® (Audevard), pour sa formulation unique reconnue efficace. Ces spécialités sont, bien entendu, exclusivement réservées aux chevaux non destinés à la consommation humaine.

Ces dispositions dérogatoires reposent sur le dispositif d’identification des équidés, qui doit permettre d’établir la distinction entre les deux types d’animaux et permet ainsi l’adaptation de l’arsenal thérapeutique par le vétérinaire. Cependant, la fiabilité du dispositif en conditionne la crédibilité. C’est le praticien qui en est aujourd’hui responsable.

2 QUELLE EST LA PLACE DU MÉDICAMENT DANS L’ENTREPRISE VÉTÉRINAIRE ÉQUINE ?

Le médicament vétérinaire occupe une part moindre dans l’activité équine que dans les structures vétérinaires en général. D’un point de vue financier, les simulations effectuées indiquent que, dans l’hypothèse de la “perte” de la délivrance du médicament par la profession, la marge subséquente pourrait être compensée par une augmentation du tarif des actes inférieure à 10 % ou par la diminution des charges du personnel du même montant. Si, a priori, l’impact financier d’une remise en cause de la délivrance du médicament ne semble pas insurmontable, faut-il pour autant s’en désintéresser D’un point de vue stratégique, la délivrance du médicament par les vétérinaires à leur clientèle présente des avantages et des inconvénients.

Le premier avantage de la délivrance au cours de la visite est la qualité du service rendu au client, notamment en urgence. Le deuxième intérêt est le meilleur suivi des cas, lorsque le client revient au cabinet pour la délivrance du traitement. Enfin, la multiplication des contacts avec les clients, en dehors des visites, contribue aussi au développement de l’activité.

En revanche, il existe des contraintes juridiques et organisationnelles inhérentes à la délivrance : l’examen clinique préalable ou bilan d’écurie, la délivrance sur ordonnance du vétérinaire effectuée par un vétérinaire, la gestion du stock et des périmés, la gestion des impayés.

3 QUELLES SONT LES RÈGLES DE BON USAGE DES ANTIBIOTIQUES ET LEQUEL CHOISIR EN PREMIÈRE INTENTION ?

Dans le but de limiter l’usage des antibiotiques, il est conseillé de n’y avoir recours qu’à bon escient. Lors d’une suspicion d’infection ou d’une infection prouvée, le praticien utilisera de préférence toujours les molécules les plus anciennes. De plus, les associations d’antibiotiques, même anciens, permettent d’élargir le spectre d’activité et se révèlent bien souvent efficaces. Les antibiotiques comme les céphalosporines de 3e et 4e générations ou les cefquinomes sont à réserver aux cas bien documentés et à une utilisation en dernière intention. A chaque fois que cela est possible, il convient de privilégier les prélèvements avec une identification du ou des germes et un antibiogramme, pour orienter au mieux le diagnostic d’une part, et cibler le traitement d’autre part. Les mesures sanitaires conjointes sont importantes, d’autant plus lorsqu’il s’agit de traiter des effectifs.

Les antibiotiques peuvent être classés en quatre grandes catégories (voir tableau) et il s’agit de choisir le traitement de façon raisonnée, sur le plan médical et selon le contexte clinique.

4 QUAND PARLER D’ÉCHEC THÉRAPEUTIQUE ?

Il est estimé, à défaut de bactériologie et d’antibiogramme, que l’on est face à un échec thérapeutique au bout de quarante-huit heures de traitement sans amélioration. Il faut alors changer de stratégie d’antibiothérapie.

5 QUELLE DOIT ÊTRE LA DURÉE DE L’ANTIBIOTHÉRAPIE ?

Les nouvelles règles en matière d’antibiothérapie sont en faveur d’un traitement le plus court possible. La problématique est de savoir quand arrêter le traitement sans prendre de risque pour l’animal. Lorsque l’examen clinique ou l’imagerie ne permettent pas de déterminer si le processus infectieux est terminé, il est possible d’utiliser des paramètres biochimiques comme le fibrinogène ou le sérum amyloid A. En pathologie respiratoire, le traitement est en général de cinq jours ou s’étend pendant la durée de l’hyperthermie plus trois jours. Dans le cas d’une infection ostéo-articulaire, une antibiothérapie de longue durée est la règle (six à huit semaines).

6 QUELS SONT LES FACTEURS QUI FAVORISENT L’APPARITION D’ANTIBIORÉSISTANCE ?

L’utilisation excessive et inappropriée des antibiotiques, c’est-à-dire de ceux à large spectre en première intention et/ou sur des durées trop longues, de mauvais dosages ou périodicité des traitements, la voie orale. Il est démontré que l’utilisation de céphalosporines, de sulphonamides et d’aminoglycosides favorise le développement de résistances avec d’autres antibiotiques de la même famille. L’emploi régulier de céphalosporines et de métronidazole entraîne des résistances aux autres familles d’antibiotiques. En revanche, le recours à la pénicilline ne provoque aucune résistance à aucun autre antibiotique.

Sont définies comme multirésistantes les bactéries résistantes à au moins deux antibiotiques (d’autres prennent comme limite la résistance à au moins cinq antibiotiques). Les vétérinaires sont une profession à risque, car ils sont davantage voués à être des porteurs sains de bactéries multirésistantes, comme le staphylocoque aureus multirésistant (MRSA), compte tenu de leurs contacts répétés avec des antibiotiques variés.

  • Source : conférences de Laurence Delva, Laurence Lajou, Thomas Launois, David Lussot et Claire Sicluna, présentées lors des journées de l’Avef 2010 à Bordeaux.

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