LES AUXILIAIRES VEULENT PLUS DE RECONNAISSANCE - La Semaine Vétérinaire n° 1427 du 26/11/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1427 du 26/11/2010

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Auteur(s) : Nicolas Fontenelle

Les 261 auxiliaires qui ont répondu à notre sondage considèrent qu’ils ne sont pas assez payés et, surtout, pas suffisamment reconnus compte tenu du travail qu’ils effectuent. Considérant notamment qu’ils réalisent des actes qui ne relèvent pas de leurs compétences, beaucoup souhaitent un statut d’infirmier. Mais les soins aux animaux et l’accueil des clients restent leurs principales motivations.

SALAIRES : LE LABEUR MAL RÉCOMPENSÉ

La majorité des auxiliaires sondés considèrent qu’ils ne sont pas assez rémunérés. Pas dans l’absolu, mais en rapport avec leur charge de travail. Ils sont d’ailleurs plus de 60 % à se dire peu ou pas du tout satisfaits de leur salaire, tous les échelons confondus. L’insuffisance des rémunérations fait partie des trois aspects les moins appréciés de la profession, comme en témoignent les commentaires (voir pages suivantes). Le taux horaire médian (autant au-dessus qu’en dessous) est de 10,38 €, soit un peu plus que le taux horaire conventionnel de l’échelon IV. 70 % des auxiliaires sont payés sur une base qui va de 8 à 12 € de l’heure. Heureusement, leurs employeurs payent généralement au-dessus des planchers définis chaque année en commission paritaire. Ainsi, l’enquête de branche réalisée en 2008 par le Syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral (SNVEL) auprès de 692 structures montre que les taux moyens pratiqués sont 3 à 5 % plus élevés que le taux minimal. Sans surprise, les auxiliaires de l’échelon V (voir tableau ci-dessous) disposent des salaires les plus élevés, entre 9,09 et 11,49 € de l’heure pour 82 % d’entre eux. Dans notre échantillon, seuls deux auxiliaires sont payés au-delà de 16,30 €. La masse salariale globale de la branche vétérinaire en 2008 était de 390 millions d’euros (13,5 % du chiffre d’affaires TTC), dont 74 % réalisés par les salariés non vétérinaires.

PRIME ET RÉMUNÉRATION ANNEXE : AUX ABONNÉS ABSENTS

Plus des deux tiers des auxiliaires interrogés assurent ne pas toucher de prime annuelle. Lorsqu’ils ont la chance d’en recevoir une, elle est en moyenne de 421 €, la médiane se situant à 300 €. Ce sont essentiellement des ASV du cinquième échelon qui les perçoivent. En revanche, il n’y a pas de corrélation entre la taille de la structure, l’âge des auxiliaires et l’attribution des primes. Les cabinets qui ne comptent qu’un ou deux vétérinaires octroient autant de primes que les cliniques de six associés ou plus, et elles sont données autant aux auxiliaires de vingt-deux ans qu’à ceux de plus de trente ans. Tous les échelons confondus, le montant des primes varie de 100 à 1 423 €. Dans l’enquête de branche réalisée par le SNVEL en 2008, 52 % des employeurs affirment donner des primes à leurs auxiliaires de l’échelon V (740 € en moyenne), 50 % à ceux de l’échelon IV (960 €) et 44 % à l’échelon III (900 €). Allez comprendre…

Quant aux rémunérations annexes, qui peuvent constituer un bon complément de salaire, là non plus, ce n’est pas le Pérou. Seuls 17 % des auxiliaires en bénéficient, essentiellement sous forme d’indemnités de transport (6,9 %) et d’épargne salariale (5 %). Dans l’enquête de branche, 11 % des employeurs affirment avoir mis en place une épargne salariale. D’autres rémunérations annexes sont citées par les auxiliaires, comme un pourcentage sur les ventes de produits, l’attribution d’un 13e mois et des chèques cadeaux.

AMBIANCE DE TRAVAIL : BIEN, MAIS PEUT ENCORE MIEUX FAIRE

Salaires médiocres, rémunération complémentaire quasi inexistante, travail difficile… mais ambiance de travail sympathique : 80 % des sondés se disent assez, voire très satisfaits de l’ambiance de travail au sein de leur structure, quelle qu’en soit sa taille. Paradoxe ? Pas vraiment. Ambiance et conditions de travail sont deux choses différentes. Ceci expliquant peut-être cela, les auxiliaires n’envisagent pas de changer de structure dans les mois ou les semaines à venir, même si un tiers d’entre eux n’ont pas d’idée arrêtée sur la question. Ils cumulent majoritairement entre deux et cinq ans d’ancienneté, peu dépassent la décennie. Etonnamment, les plus âgés (plus de trente ans) sont ceux qui ont le plus envie de bouger.

CONSIDÉRATION : C’EST TOUT BON !

80 % des auxiliaires se sentent bien considérés par leurs employeurs. Cela peut sembler paradoxal dans la mesure où beaucoup se plaignent d’un manque de reconnaissance. Mais les deux notions ne sont pas tout à fait identiques. La considération tient compte avant tout de la personnalité humaine, de l’être dans sa globalité, alors que la reconnaissance s’appuie sur un jugement posé sur le travail effectué. Ce sont les auxiliaires de plus de trenteans qui, de loin, se sentent les mieux considérés.

ACTES VÉTÉRINAIRES : LES AUXILIAIRES HORS DES CLOUS

Secret de polichinelle… Une partie des auxiliaires disent réaliser « assez souvent » ou « très souvent » des actes vétérinaires qui ne relèvent pas de leurs compétences. Cela concerne majoritairement des ASV (échelon V) expérimentés (plus de trente ans). La liste est longue : détartrage, injection, pose de sondes, tatouage, sont fréquemment cités et font figure d’actes couramment réalisés. Fin de chirurgie (suture des parois), prise de clichés radiographiques, intubation, prélèvement sanguin, anesthésie sont également pratiqués, mais exceptionnellement. Autant d’actes qui ne sont pas de leur ressort. L’article L.243-1 du Code rural interdit en effet aux non-vétérinaires les actes de diagnostic, de prescription, de certification, de soins préventifs ou curatifs. Beaucoup d’auxiliaires souhaitent par conséquent que les actes hors de leur domaine de compétences apparaissent dans la convention collective et soient pris en compte dans le calcul des salaires. Cela pourrait servir de base à la création d’un nouveau statut conventionnel d’infirmier, à l’image de ce qui se pratique dans les pays anglo-saxons notamment. Ce n’est pas nouveau, mais jamais la profession vétérinaire n’a accédé à leur demande. La réflexion sur la délégation des actes doit en principe s’ouvrir en 2011. Mais l’horizon semble bien bouché. L’idée de créer un statut du vétérinaire débutant, dans lequel le jeune diplômé occuperait entre cinq et dix ans une fonction double de vétérinaire et d’auxiliaire, se fait de plus en plus pressante pour absorber le flux des nouveaux venus sur le marché du travail…

« La plupart d’entre nous faisons beaucoup de choses qui sortent du cadre de notre profession, alors pourquoi ne pas légaliser ces actes ? »

« Les ASV sont régulièrement sollicités pour effectuer des actes médicaux qui ne relèvent pas de leurs compétences. La plupart, moi la première, sont toutefois contents de les faire, car le métier est ainsi plus intéressant. Pourtant, le salaire ne suit pas… »

« La rémunération n’est pas importante, mais un petit “merci” de temps en temps ferait vraiment plaisir et nous redonnerait de la motivation ! »

« Je suis heureuse et bien dans ma structure, grâce aux échanges positifs avec les vétérinaires et à la prise en charge de responsabilités. »

« L’idéal serait un statut d’infirmière vétérinaire, pour permettre aux ASV qui le souhaitent de s’épanouir et d’étendre leur domaine d’activité. Peut-être en devenant « infirmières vétérinaires libérales ? » Un métier qui nous offrirait de meilleurs revenus et déchargerait les vétérinaires des soins qui prennent du temps sans leur rapporter grand-chose… »

FICHE TECHNIQUE

Les 261 réponses à ce sondage, réalisé entre le 20 octobre et le 8 novembre 2010, ont été recueillies par l’intermédiaire de 1 541 courriels envoyés aux auxiliaires. Le taux de réponse est donc de 17 %. Il s’agit quasi exclusivement de femmes (96,6 %), seuls huit hommes ont répondu.

Les répondants sont jeunes, voire très jeunes : près de 52 % ont moins 30 ans (13,4 % ont moins de 24 ans). 23,4 % ont entre 30 et 35 ans et 23 % plus de 36 ans. Ils travaillent en canine pour 70,9 % d’entre eux (28,4 % en mixte) dans des cliniques qui comptent en majorité deux vétérinaires ou deux auxiliaires. Enfin, une majorité d’entre eux (54,5 %) sont à l’échelon 5 (ASV), 19,5 % à l’échelon 4 et 18 % à l’échelon 3. L’échelon 5 est donc surreprésenté dans notre sondage. En effet, selon l’enquête de branche réalisée par le syndicat des libéraux en 2008, les auxiliaires de l’échelon 5 représentent 26 % des 12 300 salariés non vétérinaires.

Bonne formation

Huit auxiliaires sur dix se sentent bien formés pour exercer leur métier. La formation initiale est donc mise à l’honneur. Tout comme l’accès à la formation continue, puisque près d’un sur deux en a bénéficié récemment. Dans l’enquête de branche de 2008, seuls 34 % des auxiliaires avaient suivi une formation cette année-là.

N. F.

Ambiance et considération : des solutions

Comment améliorer la situation lorsque les conditions de travail ne sont pas optimales ? Les auxiliaires proposent des solutions : « une table de consultation avec un élévateur, car j’en ai assez de soulever les chiens », « engager une femme de ménage », « sortir avec l’équipe (dîners, etc.) », « plus de dialogue », « faire des journées portes ouvertes pour les clients », « plus de réunions entre les employés pour communiquer et mieux se connaître », « arrêter les rivalités entre vétérinaires et cette impression d’être dans une cour de maternelle », « une meilleure reconnaissance de mes compétences », « me confier des tâches plus motivantes », « prendre en compte mes idées », etc.

N. F.
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