Une surveillance nationale formalisée chez le porc n’est pas exclue dans les années à venir - La Semaine Vétérinaire n° 1425 du 12/11/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1425 du 12/11/2010

Virus influenza porcins

Formation continue

FILIÈRES

Auteur(s) : Mathieu Hautemulle

Pour l’heure, un double dispositif, actif et passif, compense le manque de données.

En matière de connaissances épidémiologiques des virus influenza porcins, la situation est contrastée selon les pays. Peu de réseaux fonctionnent de façon pérenne et en temps réel, fait remarquer François Madec, de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses).

L’absence possible de symptômes évocateurs chez le porc, le coût élevé des analyses, la peur de retombées médiatiques néfastes pour les professionnels en cas d’infection avérée, qui entraîne une hésitation au signalement, expliquent en grande partie le manque de données.

Cette lacune est toutefois compensée par une surveillance passive et active mise en place par le laboratoire de Ploufragan-Plouzané. Dans le cadre du dispositif passif, il étudie ainsi des virus influenza à l’occasion de recherches sur diverses affections porcines, ainsi que des isolats de virus grippaux transmis pour caractérisation par des laboratoires de diagnostic vétérinaire.

Il a également, de 2006 à 2009, animé trois dispositifs de surveillance active. Le premier d’entre eux, situé dans le grand Ouest, repose sur le signalement, par des correspondants volontaires (vétérinaires, techniciens, éleveurs), de cas cliniques d’allure grippale dans les élevages. Les chercheurs effectuent alors des “visites volantes” : ils procèdent à des écouvillons nasaux et à des prélèvements sanguins. Les isolats sont ensuite caractérisés au laboratoire. Vingt et un jours plus tard, de nouvelles prises de sang et de nouveaux relevés sont réalisés chez les mêmes animaux.

Seules 52 % des infections grippales détectées par les éleveurs sentinelles

Le deuxième dispositif s’appuie sur vingt-deux élevages sentinelles de Bretagne. Dans le cadre du programme Esnip (European surveillance network for influenza in pigs), les chercheurs se rendent deux fois par an dans ces élevages naisseurs-engraisseurs, choisis selon différents critères (volontariat, historique de grippe, localisation géographique, etc.). Un signalement est également effectué en cas d’épisode grippal clinique. En trois ans, cent trente infections ont été confirmées par analyse sérologique. Seules 52 % d’entre elles (soit soixante-huit épisodes d’allure grippale) avaient été relevées par les éleveurs. De nombreuses infections grippales passent cliniquement inaperçues, plusieurs autres affections pouvant, en outre, présenter des signes apparentés.

Le troisième dispositif auquel le laboratoire breton a participé est une enquête sérologique nationale, réalisée en 2008-2009 à partir d’un échantillon d’élevages représentatifs de la population porcine française.

Des disparités régionales dans la prévalence du virus A/H1N2

En trois ans, le dispositif dans son ensemble a permis d’obtenir soixante et onze isolats. Les virus détectés sont des sous-types A/H1N1 et A/H1N2 de lignées européennes, le A/H3N2 n’ayant pas été repéré depuis une dizaine d’années. Dans les vingt-deux élevages sentinelles, la prévalence apparente se situe entre 40 et 50 % pour le virus A/H1N1 (sensiblement comme pour les “visites volantes”) et à environ 70 % pour le A/H1N2. Après l’analyse des prélèvements en visites volantes, le taux de cas détectés dus au virus A/H1N2 est apparu plus faible en virologie qu’en sérologie. La difficulté à isoler les souches A/H1N2 pourrait s’expliquer par des périodes d’excrétion virale sans doute assez courtes après l’infection par ce sous-type. En outre, 28 % des élevages de l’étude sérologique nationale se sont révélés positifs vis-à-vis du virus A/H1N1 et 33 % vis-à-vis du A/H1N2. Des disparités régionales existent. Ainsi, l’analyse statistique fait état de 47 % de cas positifs vis-à-vis du virus A/H1N2 dans un sous-échantillon du grand Ouest, un taux proche des 54 % obtenus dans une étude de 2007-2008 menée dans cent vingt-cinq élevages naisseurs-engraisseurs de la région.

Ces dispositifs de surveillance se heurtent cependant à des difficultés, liées notamment aux variabilités antigéniques et génétiques des virus influenza porcins. De plus, comme plusieurs virus circulent simultanément dans la population, des réactions croisées peuvent compliquer l’interprétation des résultats de la sérologie. Avec la récente acceptation du troisième programme Esnip, le rôle des élevages sentinelles devrait être repensé, avec un suivi plus rapproché et une plus grande attention portée à la détection des virus sans manifestation clinique sévère. D’autres études dédiées seront aussi menées, entre autres sur les symptômes grippaux récurrents. Les professionnels (notamment au sein de l’Organisme à vocation sanitaire Porc Bretagne) s’impliquent également. Enfin, et peut-être surtout, François Madec estime, à l’issue des récents Etats généraux du sanitaire, qu’une surveillance nationale formalisée chez le porc n’est pas exclue dans les prochaines années.

CONFÉRENCIER

François Madec, Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) de Ploufragan-Plouzané.

Article tiré du colloque « Grippes animales et humaines » organisé par l’ex-Afssa à Ploufragan, en juin 2010.

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