Nourrir un chat diabétique constitue un véritable défi - La Semaine Vétérinaire n° 1425 du 12/11/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1425 du 12/11/2010

Endocrinologie

Formation continue

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : Gwenaël Outters

L’alimentation doit être adaptée aux habitudes de l’animal.

La gestion alimentaire du chat diabétique fait consensus sur trois points : elle doit commencer dès que le diagnostic est établi, elle est indissociable de l’insulinothérapie, elle doit inclure des mesures d’amaigrissement lors de surpoids.

La difficulté du rationnement du chat diabétique est qu’il est nécessaire d’élaborer une ration unique, sans changement alimentaire. Pour cela, il convient d’adapter l’alimentation aux habitudes de l’animal. Si l’aliment doit être changé, la transition sera lente, étalée sur au moins une semaine.

L’étiquetage du pet-food ne donne souvent pas la teneur en sucres rapides

L’aliment doit être formulé de façon à diminuer l’apport en glucides digestibles, pour améliorer le contrôle de la glycémie. Or, les formules inscrites sur les boîtes de pet-food ne tiennent souvent pas compte des glucides : le calcul de l’extractif non azoté, qui devrait représenter les glucides, se fait par différence et non par une méthode d’analyse. De plus, il y a rarement d’indication sur la composition en sucres rapides. Par ailleurs, il convient de se méfier de la composition des aliments distribués en grandes surfaces, qui varient selon les lots (à la différence de ceux vendus dans les cliniques vétérinaires, dont la composition est stable).

Le choix de la formulation de l’aliment peut se porter sur les fibres, qui sont des glucides non digestibles dans l’intestin grêle. Chez l’individu diabétique, un régime riche en fibres diminue la digestibilité, donc l’absorption de glucides. Leur effet satiétogène et la dilution de la ration qu’elles induisent profitent à l’amaigrissement de l’animal. Les inconvénients des régimes riches en fibres sont des risques de perturbation du transit intestinal (constipation). Il est alors possible de jongler entre les différents aliments et de proposer une ration comportant un aliment riche en fibres et un autre, adapté, pauvre en fibres.

La prescription d’un régime riche en protéines présente de nombreux avantages : celles-ci augmentent l’appétence de l’aliment, n’entraînent pas d’hyperglycémie postprandiale et certains acides aminés sont des stimulants de la sécrétion d’insuline. En outre, l’effet satiétogène des régimes riches en protéines peut se révéler intéressant. Ces aliments sont cependant à utiliser avec précaution chez les sujets âgés et a fortiori chez les chats insuffisants rénaux.

Un aliment riche en lipides présente l’avantage d’être appétent et de diminuer le volume de la ration, ce qui peut être utile pour un chat maigre. L’intérêt se porte plus particulièrement sur les aliments riches en oméga 3 (limitation de l’inflammation et normalisation des troubles lipidiques). Les rations ménagères grasses devront être complémentées en antioxydants. Ces régimes sont à déconseiller lors de dyslipidémie et chez le chat en surpoids.

Un aliment industriel peut être associé à une ration ménagère

Pour une ration mixte, l’objectif est d’apporter 75 % du besoin énergétique de l’animal en aliment industriel. Les 25 % restants seront couverts par la viande : 30 g pour un animal de 4 kg (20 à 25 g si une insuffisance rénale chronique est associée). Chez le chat, les légumes (10 à 15 g) sont optionnels et inclus selon le goût de l’animal. L’équilibre phosphocalcique est ensuite géré en première intention : si un complément vitaminique et minéral sans calcium et sans phosphore est employé, il faut ajouter 0,2 g de carbonate de calcium avec un quart de la dose du complément ; avec un complément contenant du calcium et sans phosphore, le quart de la dose d’entretien est utilisé.

Le contrôle du poids de l’animal est essentiel

Chez un chat obèse, une réduction drastique de l’apport énergétique augmente le risque d’acido-cétose. S’il est certes nécessaire de faire maigrir les chats diabétiques obèses pour augmenter la sensibilité à l’insuline, il faut le faire lentement. L’objectif d’une perte de poids de 1 % par semaine passe par la diminution de 20 % de l’apport énergétique, en contrôlant régulièrement le poids et en adaptant l’insulinothérapie à la glycémie. Le risque d’hypoglycémie est parfois important. A contrario, si le chat maigrit en raison de son diabète, l’apport énergétique et/ou protéique est insuffisant.

Attention à l’insuffisance rénale concomitante et à l’acido-cétose

Face à un chat en acido-cétose, la priorité est de corriger les désordres électrolytiques et acido-basiques. Il convient d’attendre généralement vingt-quatre heures avant une réalimentation. Les aliments de phase critique sont riches en protéines et en lipides et pauvres en glucides. Ils sont bien adaptés au chat diabétique. Le Fortol®, avec ses 20 % de glucose, fait toutefois exception.

Il n’est pas rare que l’animal atteint de diabète, souvent âgé, présente également une insuffisance rénale chronique, pour laquelle il faut se soucier de l’incorporation du phosphore dans la ration. Les aliments destinés aux chats diabétiques ne sont pas forcément formulés également pour les insuffisants rénaux. Cependant, il est possible de mélanger plusieurs aliments qui répondent aux différents besoins de l’animal.

Sur le marché vétérinaire, il existe un grand nombre de formules dont les compositions sont extrêmement variables. Le rôle du praticien est d’adapter, au cas par cas, l’aliment au chat diabétique concerné.

CONFÉRENCIÈRE

Laurence Yaguiyan-Colliard, unité de médecine de l’élevage et du sport, nutrition clinique de l’ENVA.

Article rédigé d’après la conférence « Nourrir un chat diabétique, il y a des choix », présentée au congrès de la Fecava 2009, à Lille.

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