Le plaisir de vivre avec un chien se construit et le vétérinaire peut y contribuer - La Semaine Vétérinaire n° 1423 du 29/10/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1423 du 29/10/2010

Education canine. Conduite accompagnée vétérinaire du chiot

Actualité

Auteur(s) : Michel Bertrou

Le concept de suivi pédiatrique de François Decazes et Nathalie Simon entre en phase opérationnelle.

Une étude(1) menée auprès de propriétaires de chiens dans différents pays (France, Allemagne, Italie, Angleterre, Etats-Unis) montre que plus de 63 % des Français interrogés considèrent le vétérinaire comme un relais d’information pour l’éducation du chiot (versus moins de 30 % en Angleterre). L’enquête met également en évidence que les maîtres français aspirent surtout à posséder un chien accueillant, en qui ils peuvent avoir confiance, qui s’adapte facilement et qu’on peut laisser seul. Toujours selon ces propriétaires – sourds aux sirènes alarmistes de la stigmatisation des “troubles comportementaux” canins –, les difficultés de l’éducation du chiot restent, classiquement, l’apprentissage de la propreté, de la solitude ou de la laisse.

Un suivi mensuel avec le maître jusqu’à la puberté du chien

« En tant que généraliste, non spécialiste du comportement, je voulais aider mes clients à posséder un chien agréable à vivre et vérifier son développement comportemental normal », explique François Decazes, praticien en Gironde. Il a pour cela conceptualisé la conduite accompagnée vétérinaire (CAV) qui, à partir des primovaccinations, propose un suivi mensuel jusqu’à la puberté du chien. L’idée est d’accompagner le maître dans un parcours qui lui permette d’éduquer son chiot en prévenant erreurs et difficultés.

Afin de formaliser ce suivi “pédiatrique” et de le doter d’un outil, notre confrère s’est adressé à Nathalie Simon, vétérinaire comportementaliste, qui a conçu une méthode et des fiches pour permettre au propriétaire de réaliser des exercices pratiques chaque mois (selon des priorités définies) avec son animal, avant d’en faire le bilan avec son vétérinaire. A chaque visite, une nouvelle fiche complète celle des mois précédents, mesurant les progrès accomplis ou les difficultés rencontrées. Le praticien reste libre, selon le cas, d’espacer ou de rapprocher ces visites.

A l’opposé d’une éducation coercitive, la méthode appliquée par notre consœur se veut positive et constructive, cherchant à développer les comportements spontanés du chien. La cohérence de la communication entre le maître et son animal en est le fil conducteur. Grâce à une progressivité calculée et des mises en situations, la CAV prend soin d’équilibrer les différents comportements entre eux, tout au long du développement du chiot. Ils s’articulent sur les fiches selon cinq axes récurrents : réponses aux besoins essentiels et au bien-être, facilitation de l’autonomie pour limiter les troubles de l’attachement, structuration de l’activité et acquisition des autocontrôles, régulation de l’émotivité et de l’adaptabilité pour éviter une évolution vers l’anxiété, prévention des évolutions vers l’agressivité.

Réapprendre au propriétaire et à son entourage le plaisir de vivre avec un chien

Ce type d’intervention éducative constitue une véritable consultation médicale préventive, selon Nathalie Simon. Elle anticipe les anomalies de développement du chiot et permet d’obtenir précocement un chien confiant, équilibré, adaptable. Mais la CAV ne bénéficie pas seulement à l’animal, souligne François Decazes. Elle réapprend au propriétaire et à son entourage le plaisir de vivre avec un chien. Valorisant les conseils du praticien en matière d’éducation, elle enrichit son offre de services et contribue à la fidélisation du client.

La CAV renforce également la synergie de l’équipe soignante. Dans l’esprit de ses concepteurs, il s’agit d’un travail d’équipe dans lequel le rôle des auxiliaires est essentiel pour la collecte des résultats auprès des propriétaires et les explications à lui fournir. C’est pourquoi la journée de formation à la CAV qui s’adresse aux praticiens(2) (apprendre à utiliser les fiches et connaître les exercices associés) est couplée avec celle destinée aux auxiliaires (assurée par le Gipsa). L’initiative de nos deux confrères bénéficie aujourd’hui du soutien logistique de Ceva. Des expériences pilotes ont déjà été menées dans quatre-vingts structures (en Gironde, région parisienne et Pays-de-la-Loire) et mille classeurs (réunissant l’ensemble des fiches de la CAV du chiot) ont été fournis par le laboratoire en 2010. Le dispositif est maintenant opérationnel et ouvert aux structures intéressées. Des sessions de formations sont d’ores et déjà prévues.

  • (1) Etude d’août 2010, à l’initiative du laboratoire Ceva.

  • (2) Assurée par Formavéto, voir son site Internet.

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