Le chien est un bon modèle d’étude pour l’atopie, le lymphome cutané et la mastocytose - La Semaine Vétérinaire n° 1423 du 29/10/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1423 du 29/10/2010

Dermatologie. Académies vétérinaire et de médecine

Actualité

Auteur(s) : Valentine Chamard

Les recherches sur le masitinib illustrent les liens entre médecines humaine et vétérinaire.

L’Académie de médecine a reçu son homologue vétérinaire à l’occasion d’une séance commune, le 19 octobre dernier à Paris. Son objectif était de bénéficier des connaissances de la dermatologie vétérinaire pour faire avancer la dermatologie humaine, et vice versa. Les conférenciers des deux médecines ont mis en exergue les similitudes entre le chien et l’homme pour la dermatite atopique, le mycosis fongoïde et le mastocytome.

Les IgE sont remis en question dans la pathogénie de la dermatite atopique

Geneviève Marignac, maître de conférences à l’école d’Alfort, a présenté la dermatite atopique chez le chien. Elle a insisté sur la composante génétique de cette affection, en citant l’héritabilité de 0,6 % chez le golden retriever. Sur ce point, l’assistance a soulevé l’intérêt de cette particularité pour la recherche sur la maladie. En outre, des recherches sont en cours pour de nouveaux traitements (inhibiteur de la tyrosine kynase, biothérapie, photothérapie). Franck Boralevi, dermatologue au CHU de Bordeaux, a souligné le déterminisme génétique de la dermatite atopique humaine, avec notamment l’implication d’une mutation de la filaggrine, qui augmente la perméabilité de la barrière cutanée. Le rôle des IgE dans la pathogénie est, en revanche, remis en question. Dans 20 % des cas, la maladie est qualifiée d’intrinsèque (ou non allergique), avec un taux d’IgE normal, sans sensibilité évidente à un allergène. L’apparition des IgE dépendrait de l’âge. Selon le conférencier, les IgE seraient des cofacteurs non indispensables, qui interviennent lors des poussées inflammatoires de la maladie, mais pas dans son développement. Geneviève Marignac a rebondi sur ce point, qui expliquerait les résultats inconstants de la désensibilisation.

Les anticorps monoclonaux dirigés contre les lymphocytes tumoraux sont une piste

Martine Bagot, dermatologue à l’hôpital Saint-Louis (Paris), a présenté une dizaine de formes de lymphomes cutanés observés chez l’homme : mycosis fongoïde (le plus fréquent), lymphome pagétoïde, syndrome de Sézary, etc. Le mycosis fongoïde bénéficie d’un bon pronostic s’il est diagnostiqué précocement. Il existe un panel de traitements, notamment l’interféron, le bexarotène et le méthotrexate. Aucun d’entre eux n’est toutefois curatif. La polychimiothérapie est peu usitée en raison des complications infectieuses observées sur cette tumeur souvent ulcérée. Les scientifiques travaillent sur le développement d’anticorps monoclonaux dirigés contre les lymphocytes T tumoraux. L’équipe de Martine Bagot a ainsi identifié les récepteurs KIR3DL2/CD158K (les KIR sont des récepteurs des lymphocytes tueurs naturels NK), exprimés par les cellules de Sézary, qui seraient de bons candidats.

Geneviève Marignac a enchaîné sur le versant canin des lymphomes cutanés, dont la forme la plus fréquente est également le mycosis fongoïde, même si cette affection demeure rare (1 % des tumeurs cutanées et 3 à 8 % des lymphomes). Une prédisposition est observée chez le cocker et le boxer. Son origine est mal connue. Une infection par un rétrovirus de type C ou une inflammation chronique pourraient être en cause. Le lien avec la dermatite atopique est controversé. Une piste à explorer est sa relation avec l’utilisation des antiparasitaires externes. Notre consœur a également mentionné la difficulté de diagnostiquer cette maladie, qualifiée de “grande imitatrice” en raison de ses symptômes peu spécifiques. Le traitement le plus efficace repose sur l’utilisation de rétinoïdes, éventuellement associés à des corticoïdes. Une étude est en cours sur l’utilisation du masitinib. L’effet du bexarotène, utilisé chez l’homme, serait à approfondir. Pour cette maladie aussi, le chien représente un bon modèle pour la recherche médicale, compte tenu des similitudes cliniques observées.

Quand la recherche médicale humaine croise la cancérologie vétérinaire

Olivier Hermine, hématologue à l’hôpital Necker (Paris), a abordé la mastocytose chez l’homme, une maladie hétérogène avec deux formes, cutanée et systémique. Pour la forme systémique, l’évolution diffère selon qu’elle touche l’enfant (régression spontanée à l’adolescence ou a contrario forme leucémique grave) ou l’adulte (forme indolente, sans dysfonctionnement d’organe, ou agressive). Les symptômes de la forme systémique sont dus, dans 5 % des cas, à l’envahissement des organes (malabsorption lors d’atteinte intestinale, fracture lors d’atteinte osseuse, pancytopénie lors d’atteinte de la moelle osseuse, etc.), mais plus fréquemment au relargage de médiateurs (prurit, asthme, troubles psychiatriques, etc.). Le traitement repose sur les antihistaminiques.

A l’occasion de recherches sur un traitement ciblé, les scientifiques ont découvert que la protéine c-kit, récepteur de la tyrosine kinase, est indispensable à la maturation des mastocytes. Le laboratoire AB Science a été créé pour rechercher une molécule capable de bloquer c-kit. Le masitinib (principe actif de Masivet®) est le fruit de ces travaux. Cette molécule a d’abord fait l’objet de recherche chez le chien, en raison de la ressemblance entre le mastocytome canin et la forme agressive de mastocytose de l’enfant. Le masitinib est ainsi le sujet de recherches parallèles en médecine humaine et vétérinaire.

Chez l’homme, des indications devraient voir le jour pour la mastocytose, les tumeurs du pancréas, les tumeurs stromales gastro-intestinales (Gist), l’asthme, le mélanome et le lymphomeT. Côté vétérinaire, l’atopie canine et l’asthme félin sont concernés.

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