La tuberculose reste une maladie d’avenir pour les élevages et les espèces sauvages - La Semaine Vétérinaire n° 1423 du 29/10/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1423 du 29/10/2010

Bourgogne. 25e journée technique à Autun

Actualité

Auteur(s) : Lorenza Richard

L’augmentation des foyers bovins favorise la contamination de la faune sauvage qui devient un réservoir.

La tuberculose était au cœur des préoccupations de l’atelier rural lors de la 25e journée du groupement technique vétérinaire (GTV) de Bourgogne, le 20 octobre dernier à Autun (Saône-et-Loire). Pour Jean-Jacques Bénet (ENV d’Alfort),latuberculose d’autrefois est révolue.

Si la France a été reconnue indemne en 2001, le nombre de foyers augmente depuis 2004, principalement grâce aux enquêtes épidémiologiques actives conduites à partir des foyers de Dordogne et de Côte-d’Or (voir ci-dessous). Les découvertes en abattoir montrent également la persistance de quelques foyers sporadiques. Bien que les élevages comportent dix fois plus de bovins qu’autrefois, le nombre d’animaux infectés par élevage est le plus souvent faible, ce qui rend leur détection difficile. Réputée contagieuse, la maladie l’est de façon insidieuse : Mycobacterium bovis peut infecter les animaux sans expression clinique et rester à l’état latent plusieurs années.

Un partenariat éleveur/vétérinaire est indispensable pour la maîtrise de la maladie

Selon Barbara Dufour (ENV d’Alfort), l’inquiétude est de mise car, si quelques départements cumulent la majorité des foyers, d’autres sont susceptibles de révéler une infection méconnue. L’avenir de la lutte contre la tuberculose dépend de l’application des mesures de maîtrise des facteurs de risque par l’éleveur et du dépistage par le vétérinaire sanitaire, dont le rôle fondamental dans le dispositif consiste à réaliser et à interpréter un acte complexe : l’intradermoréaction. Stéphanie Philizot, de Semur-en-Auxois (Côte-d’Or), a souligné l’importance de la standardisation du geste, afin d’obtenir des mesures répétables, et la nécessité d’un compte rendu précis.

Toutefois, l’intradermoréaction est imparfaite et contraignante. Deux nouveaux tests, présentés par Maria-Laura Boschiroli (Anses), ouvrent la voie à une avancée dans la lutte contre la maladie. Le test à l’interféron a permis une requalification plus rapide des élevages en Dordogne et une diminution des découvertes en abattoir, mais des mycobactéries atypiques peuvent donner des réactions faussement positives à ce test comme à l’intradermoréaction. La polymerase chain reaction (PCR) est rapide (quelques jours) et aussi fiable que la bactériologie. Elle est utilisée en complément d’un résultat positif (intradermoréaction ou histologie).

La réglementation doit être adaptée à la zone concernée

La réglementation, compliquée, nécessite d’être adaptée au contexte. L’abattage total est appliqué pour l’assainissement des foyers, sauf chez les races d’intérêt local et pour la Dordogne et la Côte-d’Or, où l’abattage partiel est autorisé. L’enquête épidémiologique vise la recherche des élevages en lien avec ce foyer. Le typage des souches de M. bovis permet de suivre les relations entre les foyers.

Les cas de tuberculose dans la faune sauvage sont en hausse

La détection récente de la tuberculose chez les espèces sauvages complique l’épidémiologie. Jean Hars, de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS), a souligné que M. bovis circule dans un système multihôte. Les types retrouvés chez les bovins, les sangliers et les blaireaux d’une même zone sont identiques, ce qui démontre la contamination de ces espèces à partir des bovins. Le cerf peut constituer un réservoir primaire de la maladie (comme en forêt de Brotonne) et le sanglier un réservoir secondaire, lorsque sa densité atteint plus de dix individus par zone de cent hectares. Le blaireau n’est pas considéré comme un réservoir en France. Un plan de surveillance national est en projet pour préciser la situation de ces espèces.

LA TUBERCULOSE BOVINE EN FRANCE

Côte-d’Or

• 11 foyers en 2007, 45 au 20 octobre 2010.

• En 2009, 6 élevages ont bénéficié d’un abattage sélectif, 3 ont été requalifiés. En 2010, 32 ont choisi cette option, 4 sont assainis.

• En 2010, 1 652 cheptels (151 047 bovins) contrôlés (intradermoréaction comparative +/– interféron γsur les bovins de plus d’un an de tout le département), avec 733 abattages diagnostiques (89 infections confirmées, soit 12 %), 5 % des sangliers et 6 % des blaireaux infectés autour des foyers. Plan de piégeage de la faune sauvage et chasse pour limiter la densité de sangliers à 10 par 100 ha, agrainage interdit.

• Alerte de 74 départements ayant introduit des bovins issus de foyers de 2010 (799 cheptels).

• Budget de l’Etat : plus de 12 millions d’euros.

Dordogne

• 5 foyers en 2000, 29 en 2006. Amélioration jusqu’en 2010 : 1 cerf infecté et 10 blaireaux positifs en PCR sur 64 analysés.

Camargue

• 6 % du cheptel de race rustique serait infecté.

Forêt de Brotonne (Normandie)

• Premier isolement de M. bovis chez 1 cerf en 2001, 24 % de cerfs infectés en 2006, 1 en 2010, après éradication de l’espèce.

Autres

• Yonne : 2 cas en 2009, des bovins ayant pâturé en Côte-d’Or.

• Saône-et-Loire : 2 cas en 2009, 1 en 2010 et 20 blaireaux capturés, négatifs en PCR.

• Haute-Saône : 1 cas en 2009

• Drôme : 1 cas en 2010

• Ain : 2 cas en 2010

• Charentes : 3 blaireaux PCR+ en 2010.

• Corse, Pyrénées-Atlantiques : souches bovines détectées sur des sangliers en 2010.

L. R.
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