Concentrations cellulaires du lait et valeurs seuil - La Semaine Vétérinaire n° 1423 du 29/10/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1423 du 29/10/2010

Entre nous

VOUS AVEZ LA PAROLE

Auteur(s) : Bernard Poutrel

Fonctions : consultant en santé animale

Les propos tenus lors de la conférence sur les cellules du lait, tels qu’ils sont rapportés dans La Semaine Vétérinaire(1), appellent quelques remarques et précisions.

D’après le Pr Schukken, 95 % des animaux sains auraient moins de 100 000 cellules/ml de lait. Difficile alors de comprendre pourquoi le seuil de 200 000 cellules/ml, qui « distingue une vache infectée d’une vache saine », est universellement considéré. Et plus difficile encore de comprendre le seuil de 300 000 cellules/ml, adopté par le contrôle laitier en France depuis plus de trente ans et, à ce jour, jamais remis en question ! Si l’on veut, comme cela est légitimement précisé dans l’article, équilibrer la sensibilité et la spécificité de l’indicateur “concentration individuelle des cellules”, sur la base des indications données par Y.H. Schukken, avec un seuil de 100 000 cellules/ml, 5 % de faux positifs seraient donc diagnostiqués, ce qui est tout à fait satisfaisant, même en l’absence de valeur de spécificité pour ce seuil. Il existe effectivement des infections, notamment causées par S. aureus, avec moins de 100 000 cellules/ml de lait de quartier, et il est évident, compte tenu de la dilution résultant du mélange avec les laits des autres quartiers, que ces infections ne seront pas détectées. Mais elles ne le seraient pas, de toute façon, avec un seuil supérieur.

Détecter plus rapidement les animaux qui ont une concentration cellulaire comprise entre 200 000 et 500 000 cellules, comme le suggère A. Biggs pour les traiter (en lactation sans doute), devrait se raisonner en termes de coût/bénéfice, en tenant compte notamment de l’agent pathogène et des chances de succès du traitement. Par exemple, il est clairement démontré que la guérison des infections à S. aureus dépend de la précocité du traitement. Pour d’autres bactéries pathogènes, le traitement au tarissement est souvent le meilleur choix économique.

Dire que la « concentration cellulaire du lait de tank donne une mauvaise estimation de la prévalence au sein du troupeau » est sans doute une affirmation à nuancer. Ainsi, selon Pearson et Greer (1974), lorsque la concentration dépasse 500 000 cellules/ml, plus de 20 % des quartiers sont infectés. Ces valeurs seraient à réactualiser en tenant compte de l’évolution de la conduite des troupeaux et de la génétique. Cet indicateur a, de toute façon, perdu de son intérêt face à la détermination des concentrations individuelles, qui permet une estimation plus fiable de la prévalence des infections. Le seuil de 400 000 cellules/ml, fixé par l’Union européenne pour la commercialisation du lait, n’a aucun fondement scientifique, mais résulte d’un accord prenant en considération, à un moment donné, la situation qui prévalait dans les différents pays concernés. Si l’on veut bien se rappeler que les cellules présentes dans le lait sont essentiellement des polynucléaires neutrophiles, la question du seuil pourrait être posée de manière provocante : quelle est la quantité de pus admissible dans un lait de tank ? Ou encore, un lait individuel qui a plus de 200 000 cellules, par exemple, provient-il d’une vache saine et en conséquence peut-il être commercialisé ? Même si, en principe, un lait “riche” en cellules ne présente pas de risque en termes de santé publique – selon l’argument avancé autrefois par les éleveurs en France et encore utilisé actuellement aux Etats-Unis – est-il convenable, et surtout acceptable, compte tenu de ce qui précède, de « définir des seuils de cellules somatiques différents selon la finalité de la matière première », comme le propose F. Serieys ? Il est rapporté dans cet article que le trayon est la voie de 97 % des infections. On peut s’interroger sur la façon dont cela a pu être établi et ce qu’il en est des 3 % qui restent.

Quant à la préconisation du traitement en lactation des infections causées par Streptococcus canis, elle est pour le moins surprenante, car à ma connaissance, dans le contexte français, cette espèce bactérienne n’a jamais été isolée, ni peut-être même ailleurs, si on se fie aux publications accessibles dans PubMed !

  • (1) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1419 du 1er/10/2010 en page 22.

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