Les médias n’ont pas bonne presse auprès de la profession - La Semaine Vétérinaire n° 1422 du 22/10/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1422 du 22/10/2010

Image. Les vétérinaires et la presse

Actualité

Auteur(s) : Nicolas Fontenelle

Comment les journalistes des médias grand public voient-ils la profession ? « C’est simple, répond Marie-Claude Bomsel, professeur au Muséum national d’histoire naturelle, et grande habituée des plateaux télévisés. Pour eux, les vétérinaires de ville sont des gros riches, les confrères ruraux des beaufs et le reste des Daktari ! » Joyeuse ambiance lors des premières rencontres “Vétérinaires et médias”, organisées le 19 octobre à Alfort par les promoteurs de Vet 2011, Laurent Jessenne et Philippe Bonbled, dont l’objectif était de présenter les avancées dans l’organisation de l’année mondiale vétérinaire à tout ce que la profession compte de “communicants” (voir encadré).

Télévision et radio sont des médias à consommer avec modération

Ce rendez-vous a donc permis à quelques pointures médiatiques du métier de livrer conseils et anecdotes.

« Je peux bien me battre un quart d’heure sur un plateau télévisé pour expliquer qu’un appartement n’est pas l’endroit idéal pour élever des reptiles, on ne retiendra que le baratin du gogo en face de moi qui fanfaronne avec ses deux cents serpents », déplore Dominique Granjean, professeur à Alfort et colonel des sapeurs-pompiers de Paris, pour souligner la difficulté de faire passer un message, surtout à la télévision et en radio. Dans ces deux médias, il faut aller vite, et ils n’ont donc pas bonne presse. Tous s’accordent à les trouver manipulateurs, ne conservant que quelques minutes ou secondes de leurs propos. Un piège.

« Je me souviens d’une rencontre avec un animateur aux gros sourcils [Emmanuel Chain, Ndlr]. Nous avons enregistré deux fois la même interview sur le même plateau, dans les mêmes costumes, la même lumière. Mes réponses étaient nécessairement différentes entre les deux prises. Ils n’ont utilisé que ce qui les intéressait. Ce qui a été diffusé n’avait rien à voir avec ce que j’avais dit. Et vous n’avez pas de droit de réponse », regrette Vincent Carlier professeur à Alfort et expert de la sécurité alimentaire auprès de l’Anses.

« Adoptez des phrases courtes, utilisez les bons mots, et faites le tri entre les journalistes et les médias qui vous sollicitent, suggère, avec le recul, Jeanne Brugère-Picoux, professeur à Alfort, qui était au cœur du tourbillon médiatique créé par la crise de la “vache folle”. Je n’ai jamais accepté d’aller chez Dechavanne ou Fogiel. Et certains ne cherchent que le sensationnel, comme Le Parisien. Surtout, ne répondez que sur ce que vous connaissez. »

Les soixante-dix participants de la matinée repartiront avec l’idée que, si les médias sont incontournables pour l’image de la profession, ils doivent être utilisés avec précaution, tant leur pouvoir est important, leur regard déformant et le message qu’ils véhiculent nécessairement dénaturé par ceux qui le reçoivent.

Le Code de déontologie s’ouvrira à la communication

Le vice-président de l’Ordre, Michel Baussier, ne pouvait pas aborder le thème de la communication sans parler de la directive “services”. Promis, le sujet sera au cœur des travaux de l’Ordre au premier semestre 2011. « Nous sommes ouverts à une modernisation du Code de déontologie, dont certaines positions sont anachroniques et manquent de modernité. Mais, prévient-il, les assouplissements qui interviendront seront davantage axés sur les supports de la communication que sur son contenu. Je le rappelle, l’esprit de la directive est avant tout d’accroître la qualité du service rendu aux usagers. Plus de communication, oui, mais dans l’honnêteté, la loyauté et l’intégrité. »

N. F.

Inauguration de l’année mondiale vétérinaire

L’ouverture de Vet 2011, l’année mondiale vétérinaire, aura lieu le 24 janvier prochain au château de Versailles, lieu dans lequel Louis XV signa un arrêt royal désignant Bourgelat comme « directeur et inspecteur général de l’école vétérinaire de Lyon et de toutes les écoles vétérinaires établies et à établir dans le royaume ». L’organisation de cet événement progresse. Le 16 novembre prochain, les organisateurs ont convié les journalistes de la presse grand public à Alfort pour les convaincre de couvrir l’événement et leur donner le calendrier des manifestations à venir. A ce jour, l’année mondiale vétérinaire est relayée par 663 correspondants dans 104 pays, et 28 comités nationaux travaillent à son bon déroulement. « Notre objectif est qu’un événement ait lieu dans au moins 60 pays au cours de l’année à venir », souligne Jean-François Chary, l’un des promoteurs de Vet 2011. Il avait rendez-vous cette semaine avec les conseillers du président de la République pour demander à ce dernier d’ouvrir la journée du 24 janvier.

N. F.
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