Intervet associe la mométasone au posaconazole et à l’orbifloxacine

Un million ». C’est le nombre de traitements complets vendus chaque année en France pour traiter les otites infectieuses des huit millions de chiens du pays (seize millions d’oreilles !). Intervet est déjà présent sur ce marché avec, entre autres, la suspension auriculaire Otomax® à base d’un aminoside (la gentamicine), d’un antifongique (le clotrimazole) et d’un corticoïde (la bêta-méthasone, sous forme de valérate).

Le laboratoire complète cette gamme avec Posatex®, une association de trois molécules récentes : l’orbifloxacine, une fluoroquinolone vétérinaire qui n’est plus commercialisée que dans cet usage topique, le posaconazole, un antifongique triazolé efficace contre Malassezia pachydermatis, et le furoate de mométasone, un dermocorticoïde.

Une trithérapie : corticoïde, antibiotique et antifongique

Contre les otites infectieuses canines, la trithérapie est de règle, avec l’association d’un antibiotique, d’un antifongique et d’un corticoïde. C’est l’une des clefs du succès des spécialités phares de ce marché comme Surolan® (polymyxine B, miconazole et prednisolone), Aurizon® (marbofloxacine, clotrimazole et dexaméthasone) ou plus récemment Easotic® (gentamicine, miconazole, hydrocortisone acéponate).

Dans ce contexte, la fluoroquinolone utilisée, l’orbifloxacine, apporte le large spectre de ces antibiotiques actifs contre les germes Gram négatif (Pseudomonas aeruginosa, E. coli ou Proteus) et Gram positif (fréquemment Staphylococcus intermedius…), avec une action bactéricide dose-dépendante.

Posaconazole et mométasone, deux références en médecine humaine

Notre confrère Vincent de Haas, directeur de la recherche clinique mondiale chez Intervet, souligne surtout l’originalité du posaconazole et de la mométasone, deux molécules de médecine humaine issues de la recherche Schering-Plough (devenu Merck) et, pour la première fois, accessibles aux vétérinaires canins. Le posaconazole, un antifongique de la famille des triazolés, présente in vitro des CMI₉₀ vis-à-vis de Malassezia pachydermatis dix à cent fois inférieures à celles des autres antifongiques (clotrimazole, miconazole ou nystatine). Dans les études cliniques américaines menées sur cent quatre-vingt-dix-huit chiens, M. pachydermatis, présent dans 70 % des cas d’otites, est éliminé à plus de 90 % chez les animaux traités par le posaconazole à 0,1 % (^{voir graphique 1}).

En outre, le furoate de mométasone est le dermocorticoïde nasal le plus utilisé chez l’homme en France. A doses identiques, son activité anti-inflammatoire s’est révélée plus puissante in vitro que celles de la bêta-méthasone, de la dexaméthasone ou de l’hydrocortisone. Cela s’explique notamment par la forte affinité de ce corticoïde aux récepteurs cellulaires (avec une demi-vie du complexe de l’ordre de dix heures). Dans l’étude terrain européenne contre Surolan® (^{voir graphique 2}), la réduction de la gêne est le seul signe clinique significativement amélioré avec Posatex®, probablement en raison de son activité. Il est d’ailleurs indiqué en cas d’otites externes aiguës ou lors des phases aiguës des otites chroniques.

Une administration quotidienne unique pendant sept jours

Le RCP indique qu’un surdosage (à cinq fois la dose) pendant une durée prolongée (vingt et un jours) provoque une légère diminution de la réponse en cortisol (test à l’ACTH). Néanmoins, à doses thérapeutiques, « la marge de sécurité est élevée », répète Vincent de Haas, qui s’appuie aussi sur les données de pharmacovigilance des Etats-Unis où le corticoïde est commercialisé depuis plusieurs années. La résorption percutanée est plus importante lors d’administration auriculaire que par voie cutanée. Mais la mométasone est intensivement métabolisée. Les concentrations plasmatiques restent toujours faibles. Posatex® est recommandé en une seule application quotidienne pendant sept jours à une dose de deux gouttes par oreille pour un chien de 2 kg, quatre gouttes jusqu’à 15 kg et huit gouttes au-delà. Le flacon de 8,8 ml permet de traiter toutes les tailles d’oreille pendant sept jours pour un prix centrale inférieure à 8 c HT. A la fin du traitement, il est toujours recommandé d’évaluer la guérison, et, le cas échéant, de rechercher la cause sous-jacente pour éviter les otites récidivantes ou le passage à la chronicité.