Deux étudiantes en 3e année à Oniris sont parties en stage au Niger

Le Niger, situé en Afrique de l’Ouest, a une superficie d’environ deux fois la France. 80 % de la population vit de l’élevage et habite en zone rurale.

Dans ce pays, l’accès aux médicaments est limité par la géographie et/ou le manque d’argent. L’année 2010 est marquée par une sécheresse et une famine importantes. La situation sanitaire et économique est donc difficile pour de nombreux élevages en zone pastorale. Actuellement, l’Etat soutient ce secteur par la distribution de vaccins gratuits. Exceptionnellement, cette année, en raison de la situation climatique, il fournit également des antiparasitaires. Les organisations non gouvernementales (ONG) participent également à des campagnes régulières de vaccination, de déparasitage et de traitements de base gratuits. Le reste est aux frais de l’éleveur.

Prescription et délivrance sont ouvertes à la concurrence

Au Niger, la prescription de médicaments n’est pas réglementée comme en France. Outre les vétérinaires, peuvent également prescrire les agents techniques d’élevage (niveau BEPC + deux ans), les pharmaciens (niveau bac + un an minimum), les auxiliaires paravétérinaires (BEPC + six mois, ce sont des éleveurs infirmiers). Les éleveurs achètent les médicaments, avec ou sans ordonnance, auprès de ces ayants droit. Ils peuvent aussi s’approvisionner auprès de vendeurs ambulants, et suivre leurs conseils plus ou moins avisés.

Le rôle du pharmacien au Niger dépasse la simple délivrance. Lorsque l’éleveur vient se procurer des médicaments, le pharmacien le conseille selon la description des signes cliniques ou la présentation de l’animal, mais rarement sur ordonnance. En outre, les pharmaciens peuvent réaliser des injections et des perfusions eux-mêmes sur l’animal. Ils interviendront aussi pour effectuer les premiers soins en cas d’urgence. En revanche, lors d’une dystocie ou d’une intervention chirurgicale plus lourde, ils en réfèrent au vétérinaire. Lorsqu’un animal est malade et si l’éleveur a les moyens, le pharmacien propose généralement une trithérapie composée d’antibiotiques, d’antiparasitaires et de vitamines.

Le choix des médicaments se fait en premier lieu selon les possibilités financières de l’éleveur. Les habitudes d’achat viennent après. En effet, les éleveurs et les agents techniques ont bien souvent un médicament de prédilection qu’ils utilisent pour tout, convaincus de leur efficacité dans n’importe quelle situation. S’il est inefficace, les mauvais sorts sont incriminés. Il n’y a ainsi aucune remise en question du traitement en cas d’échec.

Si l’éleveur consent à modifier ses habitudes, les pharmaciens peuvent alors mieux adapter les délivrances d’antibiotiques ou d’antiparasitaires. Pour pallier le manque de moyens diagnostiques en parasitologie, le pharmacien conseille une alternance des antiparasitaires.

La région de Maradi est une grande zone d’élevage. Seuls 20 % des éleveurs sont proches de la zone urbaine et peuvent se fournir dans les pharmacies de la ville, dont l’approvisionnement est centralisé à Niamey, la capitale du pays, située à plus de 600 km. Les colis arrivent par transport routier (bus de voyages, taxi-brousse, etc.). L’achat de médicaments hors de la zone urbaine est difficile et l’approvisionnement d’urgence frise l’impossible.

Une officine uniquement destinée aux animaux

Mme Kada est pharmacienne à Maradi où elle tient une officine strictement vétérinaire. Après une formation d’ingénieur technique de l’élevage, elle a choisi de se reconvertir dans la pharmacie. Elle travaille en secteur libéral, sans affiliation à une centrale d’achats, et s’approvisionne auprès de grossistes à Niamey. Outre le conseil et la vente de médicaments, elle fabrique des aliments pour volailles, des blocs à lécher enrichis en calcium. Elle a également mis en place un suivi-prévention qui consiste à ficher les médicaments vendus à l’éleveur et faire des visites ciblées sur l’hygiène et l’alimentation des animaux.

Elle cherche actuellement à devenir délégué médical dans un laboratoire afin d’avoir plus de soutien et de faciliter son approvisionnement. Dans sa pharmacie, le stockage, assez limité, se fait à température ambiante (jusqu’à 50°C en saison sèche). Les médicaments sont aussi soumis à la poussière, aux rayonnements solaires et aux attaques des rongeurs, lézards et autres mouches. Ces particularités ne sont donc pas propices à une longue conservation, même si les excipients sont adaptés aux conditions climatiques.

Un autre pharmacien de la ville a choisi, lui, de s’affilier à Camavet, une grande pharmacie privée qui facilite l’approvisionnement des plus petites. Au Niger, il s’agit là de l’un des points noirs de la filière des soins. En outre, le choix thérapeutique est assez restreint, de par la faiblesse de la gamme proposée. Les moyens financiers et techniques limités des éleveurs n’aident pas non plus à soigner correctement les animaux. Les habitudes d’utilisation des médicaments sont parfois tenaces et il faut du temps pour changer la conception qu’ont les éleveurs de la thérapeutique. Là-bas, tout problème a sa solution : si le traitement est inefficace, il reste encore les forces occultes du marabout !