LES MILLE SOLITAIRES NE SONT PAS PRÈS DE SE SABORDER - La Semaine Vétérinaire n° 1420 du 08/10/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1420 du 08/10/2010

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Auteur(s) : Nicolas Fontenelle

On les croyait disparus. A l’heure du “big is beautiful”, de la directive “services”, de sa cohorte promise de réseaux, de chaînes et de regroupements, les mille praticiens qui exercent en solitaire, sans auxiliaire, n’ont pas dit leur dernier mot. Malgré les contraintes, les emplois du temps surchargés et les revenus en berne, ils revendiquent encore deux valeurs essentielles à leurs yeux : la liberté et la proximité.

Le praticien solitaire, une espèce rare, voire en voie de disparition ? Pas certain. Selon les chiffres regroupés par Bruno Duhautois pour son ouvrage(1), 58 % des cabinets vétérinaires n’ont qu’un seul associé. Notre enquête(2), réalisée à partir des données extraites de l’Annuaire Roy 2010, arrive au même résultat : 56 %. Ainsi, sur 5 850 cabinets ou cliniques installés dans l’Hexagone, 3 271 n’abritent qu’un seul associé. Cela ne signifie pas que ce dernier travaille en solitaire, c’est-à-dire sans salarié, vétérinaire ou auxiliaire. Le Roy permet d’affiner un peu ce chiffre, puisque 2 539 praticiens (dont 65 % de canins) déclarent exercer seuls dans une structure, c’est-à-dire sans confrère à leurs côtés, mais peut-être avec un auxiliaire. Il y a quatre ans, ils étaient 2 575 selon le Roy, avec la même proportion de canins… Rien n’a changé. Dans son livre, Bruno Duhautois estime qu’un tiers des cabinets avec un seul associé n’emploieraient aucun salarié. Ce sont donc un peu plus de mille vétérinaires qui exerceraient véritablement en solo.

Mais comment se retrouve-t-on, en 2010, totalement seul dans son cabinet ? Manifestement, il s’agit d’une situation plutôt subie que voulue (voir témoignages en pages suivantes). Si quelques-uns revendiquent un véritable besoin d’indépendance et de liberté, ou ont été échaudés par une association cauchemardesque, la plupart n’ont pas le choix. Les plus anciens, avec la retraite en ligne de mire, ne voient plus l’intérêt de bâtir un nouveau projet à plusieurs, tandis que les plus jeunes ont racheté ou créé, et ne se trouvent pas en situation de pouvoir salarier qui que soit, ne dégageant pas, ou pas encore, un chiffre d’affaires suffisant.

Travailler en solo n’est pas, sauf exception, une sinécure. Les désavantages sont nombreux. Premier constat, et non des moindres, les emplois du temps sont surchargés. Il faut tout gérer, de l’appel téléphonique à l’opération chirurgicale, en passant par l’accueil des clients et la paperasse. Surchauffe assurée. Pas simple, dans ces conditions, de trouver le temps de se former. Autre difficulté : le manque de discussion autour de cas spécifiques ou sur l’interprétation d’une radiographie. Il faut savoir assumer son diagnostic sans l’avis d’un confrère. Reste, évidemment, les problèmes de revenus. La dernière livraison des données de l’Association de gestion agréée des professions de santé (Agaps) montre une baisse sensible (2,2 %) des revenus entre 2009 et 2008 pour les praticiens canins travaillant seuls : 50 179 € au lieu de 51 290 €. Leurs confrères qui exercent dans des structures comprenant deux associés ont des revenus 20 % plus élevés. Sans parler des chiffres d’affaires, qui vont du simple au double, et ne permettent pas au praticien en solo de s’offrir des plateaux techniques suffisants.

Malgré tout, ces solitaires font valoir leur indépendance et leur liberté de décision. Souvent installés en milieu urbain, ils se considèrent comme des médecins généralistes de proximité, de quartier, irremplaçables pour leurs clients. Pour eux, les regroupements sont un pis-aller : « Le client veut un contact avec le praticien qu’il connaît, affirme l’un de ceux que nous avons interrogés. Dans une structure importante, vous ne tomberez jamais sur le même vétérinaire. Il ne connaîtra pas l’animal, il faudra tout réexpliquer. » Small is beautiful !

  • (1) L’entreprise vétérinaire réinventée : du cabinet au réseau, éditions Med’Com, 2010.

  • (2) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1414 du 27/8/2010.

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