L’azidothymidine est intéressante en cas de leucose - La Semaine Vétérinaire n° 1420 du 08/10/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1420 du 08/10/2010

Rétroviroses félines

Formation continue

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : Gwenaël Outters

L’ABCD(1) a présenté ses recommandations, lors du dernier congrès de l’Afvac, sur la gestion de l’animal atteint, la vaccination, le traitement.

La pathogénie de l’infection par le virus de la leucose féline (FeLV) reste encore énigmatique en plusieurs points. Il est établi qu’après contamination, le virus infecte des cellules mononucléées sanguines. Certains chats éliminent le virus avant la mise en place de la virémie. Pour les autres, l’installation du virus dans la moelle osseuse est responsable de l’infection persistante, avec comme conséquence le développement de maladies associées. Le diagnostic est établi par la recherche d’une antigénémie. Les tests utilisés en clinique permettent la détection de la protéine p27 dans le sang (le terme de “sérologie” du FeLV est donc à bannir). La recherche directe de l’ARN viral peut se faire par polymerase chain reaction (PCR).

Un chat FeLV-positif qui présente une infection doit être pris en charge rapidement. Les médicaments qui aggravent l’immunodépression (corticoïdes, immunodépresseurs) sont à éviter. Les traitements sont à adapter aux différentes maladies qui peuvent être associées au FeLV : antibiothérapie, transfusion, chimiothérapie (« qui n’élimine pas le virus », précise Etienne Thiry).

Deux molécules antivirales peuvent être employées

L’efficacité des médicaments antiviraux est limitée. Il existe peu d’études contrôlées pour ce type de molécules sur le traitement de l’infection par le FeLV.

L’interféron oméga félin (1 mU/kg/j par voie sous-cutanée, pendant cinq jours, à renouveler à J14 et J60) présente une efficacité variable. La zidovudine, ou azidothymidine (AZT), donne des résultats intéressants : réduction de la virémie plasmatique, amélioration de l’état clinique et immunitaire et de la qualité de vie, espérance de vie prolongée chez certains chats traités. Les posologies recommandées varient de 5 mg/kg par voie sous-cutanée ou per os, deux fois par jour, à 20 mg/kg trois fois par jour pendant une semaine, puis 10 mg/kg trois fois par jour per os. Des numérations-formules sanguines sont à réaliser pour contrôler l’apparition d’une éventuelle anémie arégénérative. L’hématocrite diminue souvent au cours des premières semaines de traitement, qui doit être interrompu si cette valeur biologique descend en deçà de 20 %. Les immunomodulateurs (à base de poxvirus inactivés, réputés inducteurs de la paramunité), qui stimulent le système immunitaire, ne sont pas efficaces.

Ne pas hospitaliser un chat FeLV-positif à proximité d’un chat contagieux

Au niveau individuel, un chat FeLV-positif présente des risques de développer la maladie et de contaminer ses congénères. Il convient donc de l’isoler. En clinique, il ne doit pas être mis avec des animaux contagieux puisqu’il présente un risque d’immunodépression. Un bilan de santé bisannuel et la réalisation des opérations de castration et d’ovariectomie sont conseillés. Le virus du FeLV est peu résistant aux désinfectants usuels.

Dans les foyers qui comptent plusieurs félins, le chat FeLV-positif doit être isolé, ce qui est en pratique difficile à appliquer. Il est illusoire de vouloir protéger les chats FeLV-négatifs voisins des chats FeLV-positifs par la simple vaccination. Elle doit être associée à des mesures hygiéniques qui tendent à limiter la répétition des contacts avec les chats infectieux.

Dans les refuges, un chat FeLV-positif qui présente des signes de la maladie doit être euthanasié. Il faut diminuer le risque de contamination avec l’utilisation de cages individuelles dans la mesure du possible, sinon regrouper les chats à statut identique. Cela présente un coût supplémentaire puisqu’un test préalable est nécessaire.

Actuellement, les élevages sont considérés comme indemnes. Ce statut doit être régulièrement contrôlé par des tests. Il convient d’éviter l’introduction du FeLV en limitant les contacts aux chats issus de chatteries au statut identique et en vaccinant ceux qui ont un accès à l’extérieur.

Après l’âge de quatre ans, l’ABCD propose d’espacer les rappels vaccinaux

L’Advisory Board on Cat Diseases (ABCD) ne considère pas les vaccins contre le FeLV comme des “vaccins cœur” (core vaccines) : la vaccination se justifie selon le risque épidémiologique. La prévalence de la maladie varie beaucoup suivant les régions et les pays européens. Un test préalable à la primovaccination est nécessaire, sauf si le chat ne présente aucun risque de contamination antérieure. La première injection se pratique à huit ou neuf semaines, avec une deuxième vaccination au bout de trois ou quatre semaines. Le premier rappel un an après la primovaccination est essentiel. Les rappels ultérieurs sont annuels, mais après l’âge de quatre ans, l’ABCD propose de les espacer de deux à trois ans, suivant la situation épidémiologique.

Des recommandations s’appliquent également selon le statut du chat qui présente un risque d’infection par le FeLV. Chez les animaux immunodéprimés ou FIV-positifs, la vaccination contre le FeLV est conseillée, avec des rappels annuels. Chez les chats atteints d’une maladie chronique (diabète, insuffisance rénale chronique, etc.) stabilisée, la vaccination est également conseillée : elle permet de diminuer un risque d’infection. Si un chat reçoit un traitement immunodépresseur, la vaccination se jugera en fonction du risque épidémiologique. Le traitement devrait alors être interrompu dans les dix jours qui précèdent et qui suivent l’acte vaccinal.

Il est conseillé de vacciner un chat FIV-positif contre les autres maladies

Lorsque l’infection au virus de l’immunodéficience féline (FIV) est avérée, elle devient invariablement persistante, malgré la capacité de l’animal à développer des anticorps et une réponse immunitaire à médiation cellulaire. Les maladies associées à l’infection par le FIV, principalement l’immunodéficience, se développent après un temps de latence relativement long. Au niveau diagnostique, la sérologie est importante. Le Western-blot est le test de laboratoire de référence. Les méthodes de diagnostic direct avec la mise en évidence du provirus au niveau sanguin (PCR) sont possibles, mais les performances sont parfois inférieures aux tests sérologiques. Une sérologie positive dans un contexte de faible prévalence de la maladie doit être confirmée par des analyses de laboratoire. Les anticorps maternels peuvent persister jusqu’à l’âge de seize semaines, six mois dans certains cas.

Il n’y a pas de vaccin disponible en Europe contre le FIV. La gestion générale d’un animal infecté inclut l’isolement, le bilan de santé bisannuel, les opérations de castration ou d’ovariectomie. Ces chats ne doivent jamais être euthanasiés uniquement sur la base d’un résultat positif au test FIV. Au cabinet, les précautions périopératoires visent à éviter l’infection des autres animaux présents (stérilisation correcte des instruments chirurgicaux, matériel à usage unique) et de l’individu FIV-positif (l’isoler des animaux contagieux).

Dans les stades précoces de l’infection (phase asymptomatique), la vaccination contre les autres maladies est recommandée. Les vaccins inactivés sont conseillés pour que l’immunodéficience de l’animal ne soit pas l’occasion d’une multiplication exagérée des agents vaccinaux.

Toute infection secondaire à la maladie doit être prise en charge rapidement pour en limiter les conséquences. Concernant la thérapeutique antivirale, une étude contrôlée(2) de l’utilisation de l’interféron oméga sur les chats FIV-positifs n’a pas mis en évidence d’augmentation de l’espérance de vie. L’AZT et l’AMD3100 (un antagoniste du récepteur au chimiokine) peuvent avoir une efficacité :

– AZT : 5 à 10 mg/kg q12 h per os, voie sous-cutanée, mêmes précautions (monitoring) que pour le traitement du FeLV. Réduction de la charge virale sanguine, amélioration de l’état clinique et immunitaire, et de la qualité de vie ;

– AMD3100 : 0,5 mg/kg q12 h voie sous-cutanée. Amélioration des signes cliniques, réduction de la charge virale sanguine, bien toléré.

La transmission du FIV est plus faible que celle du FeLV

En collectivité, la gestion du chat FIV-positif est équivalente à celle du chat FeLV-positif. La transmission du FIV est plus faible que celle du FeLV grâce à la socialisation des chats, qui diminue les morsures et les griffures. Il faut tester tous les chats et contrôler la stabilité de la structure sociale. En cas de maladie infectieuse transmissible chez les autres chats, il convient d’isoler le chat FIV-positif.

Dans les refuges, le dépistage systématique est rendu difficile par son coût. Il est possible, dans un premier temps, de ne tester que les chats malades et de s’abstenir pour les chats de moins de six mois (anticorps colostraux). En revanche, dans cette situation particulière, il faut envisager l’euthanasie des chats FIV-positifs et malades. Dans tous les cas, les positifs sont à séparer des négatifs.

Actuellement, les chatteries d’élevage sont considérées comme indemnes de FIV. Des tests diagnostiques sont effectués tous les douze mois, ainsi qu’à l’introduction et à la réintroduction. Une attention particulière est à réserver aux chats qui se sont échappés. Ils peuvent avoir été infectés en se battant. Une quarantaine de trois mois est alors conseillée, à l’issue de laquelle un test sera réalisé.

  • (1) Advisory Board on Cat Diseases, groupe de scientifiques vétérinaires européens dont le rôle est de générer des recommandations pratiques concernant les maladies infectieuses félines

  • (2) De Mari et coll., J. Vet. Intern. Med., 2004, vol. 18, pp. 477-482

CONFÉRENCIER

Etienne Thiry, diplomate de l’European College of Veterinary Public Health (ECVPH), faculté de médecine vétérinaire de Liège (Belgique).

Article rédigé d’après la conférence « Rétroviroses félines : actualités diagnostiques et thérapeutiques », présentée au congrès 2009 de la Fecava, à Lille.

POUR EN SAVOIR PLUS

Des compléments d’information sont disponibles sur le site de l’ABCD (www.abcd-vets.org) ainsi que des fiches pratiques sur les maladies virales félines.

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