La prévalence moyenne de Y. enterocolitica sur amygdales de porcs peut être estimée à 20,9 %

Récemment, l’incidence des cas de yersinioses humaines d’origine alimentaire a été estimée à 2,8 cas pour 100 000 habitants par an en Europe, derrière Salmonella (3,4 cas pour 10 0000 habitants) et devant Campylobacter (2,2 cas pour 100 000 habitants) (Fosse et coll., 2008).

Yersinia enterocolitica est transmise à l’homme par voie féco-orale à partir d’un réservoir essentiellement animal. Le porc est le principal hôte (porteur sain) de la bactérie. Il héberge Y. enterocolitica sur la langue, les amygdales, dans les nœuds lymphatiques, et l’excrète dans ses fèces.

En France, la situation épidémiologique de Y.enterocolitica chez le porc est mal connue. Une étude⁽¹⁾ a recueilli des données de prévalence sur amygdales de porcs dans trois abattoirs français, deux en Bretagne et un en Alsace.

Des prévalences qui varient de 8 à 31,8 % selon les abattoirs

140 écouvillons ont été réalisés dans le premier abattoir breton, 139 dans le second et 132 dans l’abattoir alsacien (soit au total 411), de janvier à mai 2009. La même méthode microbiologique a été utilisée dans tous les laboratoires impliqués dans la recherche de la bactérie.

Les résultats montrent que, dans le premier abattoir breton, 33 prélèvements sont positifs, soit une prévalence de Y. enterocolitica de 23,6 %. Dans le second abattoir breton, 11 prélèvements sur les 139 analysés sont positifs, soit une prévalence de 8 %. Cette dernière est de 31,8 % dans l’abattoir alsacien (42 prélèvements positifs sur les 132 analysés).

En compilant les résultats obtenus dans chaque abattoir, la prévalence totale sur amygdales peut donc être estimée à 20,9 %, selon les auteurs.

Les résultats de la multiplex-PCR montrent que dans le premier abattoir breton, 67 % des souches isolées sont de biotype 4, 33 % de biotype 3, et, dans le second, 18,2 % de biotype 4/O:3, 63,6 % de biotype 2/O:9 ou 3/O:5,27 et 18,2 % de biotype 1A. Dans l’abattoir alsacien, les souches sont pour 96,3 % de biotype 4/O:3 et pour 3,7 % de biotype 1A.

Globalement, ce sont donc les sérotypes pathogènes, 4/O:3 ; 2/O:9 et 3/O:5,27, qui sont les plus fréquemment retrouvés.

Une prévalence inférieure à celle d’autres pays d’Europe

Les auteurs tiennent à souligner l’importante variabilité entre les données obtenues dans les trois abattoirs. Par ailleurs, la prévalence moyenne estimée est inférieure aux niveaux de prévalence observés dans d’autres pays européens (32 % en Suisse et 56 % en Finlande), mais les techniques d’isolement diffèrent d’un Etat à un autre. Selon les auteurs, les résultats de cette étude méritent d’être complétés par d’autres campagnes de prélèvement et, notamment, par des prélèvements sur fèces, afin d’estimer le risque de contamination sur les carcasses et donc pour la santé humaine.

• (1) B. Minvielle et coll. : « Yersinia enterocolitica dans la filière porcine : résultats préliminaires sur amygdales dans trois abattoirs français », JRP, 2010.