Une carte du risque environnemental de la leishmaniose canine est dressée - La Semaine Vétérinaire n° 1418 du 24/09/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1418 du 24/09/2010

Parasitologie

Formation continue

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : Michel Bertrou

Deux grands profils écologiques propices à l’émergence de la maladie sont identifiés.

Un travail(1) récent mené dans le cadre du projet Eden(2) a permis d’établir la première carte du risque environnemental de leishmaniose canine et d’améliorer ainsi la compréhension de sa distribution en France. La leishmaniose à Leishmania infantum est endémique dans le sud de la France et, ces dernières années, sa prévalence semble avoir augmenté. L’influence des facteurs climatiques et environnementaux dans le maintien et l’émergence de la maladie reste cependant mal connue.

Une forte densité de cas est observée dans les Cévennes et les Alpes-Maritimes

En France, deux espèces de phlébotomes sont vectrices de la maladie : Phlebotomus perniciosus et P. ariasi. A chacune de ces espèces sont associés des facteurs environnementaux particuliers. P. perniciosus est abondant sur le littoral méditerranéen, tandis que P. ariasi se rencontre plutôt dans les zones boisées à des altitudes plus élevées (entre 200 et 1 400 m d’altitude).

Le projet de recherche Eden – dont l’objectif est d’étudier les relations entre santé et environnement – a permis de constituer une base de données sur la leishmaniose canine à partir de travaux déjà menés dans les pays européens où elle est endémique (France, Italie, Espagne, Portugal, Grèce). En France, toutes les études d’incidence et de prévalence de la maladie, menées entre 1965 et 2007, ont été réunies. Une localisation géographique des cas a permis d’établir une carte de distribution de la maladie. Celle-ci a révélé une hétérogénéité de la répartition, ainsi qu’une plus forte densité de cas sur le versant sud des Cévennes et dans deux régions des Alpes-Maritimes.

La modélisation statistique repose sur les variables environnementales

La prise en compte de plusieurs variables environnementales pertinentes – relatives au climat, mais aussi à la couverture forestière, ainsi qu’aux densités des populations canines et humaines – a permis de distinguer la distribution des cas en deux grands groupes. Le premier groupe est situé dans les Cévennes à des altitudes comprises entre 200 et 1 000 m. Il est caractérisé par de basses températures hivernales (1,9°C en moyenne), des précipitations annuelles abondantes (1 042 mm) et un couvert végétal essentiellement forestier. Ce groupe correspond aux écosystèmes propices à la présence de P. ariasi.

Le deuxième groupe reflète, quant à lui, plutôt l’habitat de P. perniciosus. Il rassemble les foyers situés dans la plaine littorale, beaucoup moins boisée, où les températures sont plus élevées et les pluies moins abondantes.

La carte révèle des aires à risque tout le long de la côte atlantique

La modélisation de niche écologique qui a ensuite été utilisée par les chercheurs a permis d’identifier, pour tout le sud de la France, les zones corrélées aux caractéristiques de chacun des deux groupes et de créer ainsi la première carte du risque environnemental d’émergence de leishmaniose canine (voir carte).

La carte révèle des aires potentiellement à risque qui se situent tout le long de la côte atlantique et qui correspondent davantage à des environnements propices à P. perniciosus. Ces résultats sont cohérents avec la distribution connue de cette espèce (plus étendue que la zone méditerranéenne) et avec des cas autochtones rapportés en Haute-Vienne, dans le Maine-et-Loire et dans les Deux-Sèvres.

Les niches réelles de la maladie pourraient toutefois se révéler moins étalées que les prédictions du modèle, comme semble l’indiquer l’enquête nationale menée en 2004 par notre confrère Patrick Bourdeau (de l’école vétérinaire de Nantes) à partir d’informations recueillies auprès des praticiens(3). La modélisation n’échappe pas non plus à certains biais. La carence de données valides pour certaines zones (dans les Pyrénées-Orientales, notamment) sont certainement à l’origine de sous-estimations de cas. Les déplacements fréquents des chiens de chasse entre les Cévennes et la plaine littorale peuvent également avoir généré des erreurs de localisations de foyers.

Cette première approche environnementale du risque de leishmaniose permet néanmoins de mieux comprendre l’épidémiologie de la zoonose en France et d’émettre des hypothèses sur sa distribution future. Des études supplémentaires restent maintenant à mener pour affiner, à l’échelle locale, les connaissances sur l’écologie des deux vecteurs.

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