Lors de fracture non traumatique du condyle huméral, le coude controlatéral est à contrôler - La Semaine Vétérinaire n° 1418 du 24/09/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1418 du 24/09/2010

Orthopédie

Formation continue

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : Sophie Palierne

Chez le chien adulte, les fractures du condyle huméral peuvent survenir avec ou sans traumatisme majeur. Lorsque la fracture se produit au cours d’une activité normale, elle est généralement rapportée à une ossification incomplète du condyle huméral. Certains auteurs ont montré que, lors de fracture du condyle huméral non traumatique, le coude controlatéral présente, dans la plupart des cas, une ossification incomplète du condyle huméral (86 à 95 % selon les travaux).

Pour vérifier cette forte incidence, une étude clinique(1) a été menée sur 14 chiens présentés pour une fracture du condyle huméral survenue avant l’âge de six mois, sans traumatisme majeur. La sensibilité et la spécificité diagnostiques de la radiographie sont évaluées par rapport au scanner (la référence pour ce type d’affection). Pour chaque chien, le coude opposé à la fracture est radiographié selon les deux incidences orthogonales classiques et une incidence cranio-caudale oblique à 15° en supination. Ce même coude fait aussi l’objet d’une acquisition tomodensitométrique. Les images obtenues sont lues par deux spécialistes en imagerie. Un diagnostic d’ossification incomplète du condyle huméral n’est obtenu que lorsque les deux lecteurs sont d’accord sur l’existence de la lésion sur la radiographie.

Les spaniels seraient prédisposés à cette ossification incomplète

Sur les 14 chiens recrutés, 8 sont de type spaniel. Les fractures rencontrées sont latérales (8 sur 14), en Y ou en T (5 sur 14) ou médiale (1 sur 14). Le scanner permet de mettre en évidence 6 cas d’ossification incomplète du condyle huméral controlatéral (42,8 %). Les spaniels sont touchés à 50 % et le reste de la population à 33 %. Sur les 6 cas diagnostiqués, 50 % montrent une ossification incomplète du condyle huméral qui ne touche que partiellement la zone de fusion des deux noyaux d’ossification. Seulement 21,4 % de la population étudiée présente donc une ossification incomplète du condyle huméral, matérialisée par une ligne radiotransparente intercondylienne totale, concomitante d’une fracture du condyle huméral. La radiographie a permis de diagnostiquer 5 cas d’ossification incomplète du condyle huméral sur les 14 chiens étudiés (38 %) avec un faux négatif, qui n’a révélé au scanner qu’une ossification incomplète partielle. Les spécialistes n’ont été en désaccord que sur 2 cas. La sensibilité et la spécificité entre les deux radiologues étaient de 100 % pour les lésions d’ossification incomplète totales.

Comparée au scanner, la radiographie offre une sensibilité de 83 % et une spécificité de 100 %.

L’incidence obtenue dans cette étude est plus faible que celle de travaux précédents. Ce constat souligne que l’ensemble des résultats publiés dépendent fortement de la population étudiée, d’autant plus que leur effectif est faible.

La recherche d’une radiotransparence intercondylienne sur le membre opposé à une fracture du condyle huméral est nécessaire. Or cette lésion reste souvent infraclinique (50 % des cas d’ossification incomplète du condyle huméral dans cette étude). Pourtant, il est montré que ces défauts d’ossification peuvent être responsables d’une concentration de contrainte prédisposant aux fractures du condyle huméral. Le dépistage préalable permet de réaliser une intervention chirurgicale prophylactique, même s’il n’existe pas aujourd’hui de preuve scientifique de son bénéfice.

Actuellement, le scanner est la référence pour le diagnostic des ossifications incomplètes du condyle huméral, mais la radiographie demeure un outil diagnostique fiable et suffisant dans un grand nombre de cas.

  • (1) R.B. Martin et coll. : « Prevalence of incomplete ossification of the humeral condyle in the limb opposite humeral condylar fracture : 14 dogs », Vet. Comp. Orthop. Traumatol., 2010, vol. 23, n° 3, pp. 168-172.

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