Les problèmes de courants parasites en élevage peuvent trouver une solution - La Semaine Vétérinaire n° 1418 du 24/09/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1418 du 24/09/2010

Electropathologie

Formation continue

RURALE

Auteur(s) : Michel Bertrou

Les lignes à haute tension, dont la France est le plus grand gestionnaire en Europe (avec 100 000 km de lignes), sont pointées du doigt depuis longtemps. Au fil des ans, ces problèmes sont devenus plus nombreux, attisés par l’extension du réseau électrique, l’accroissement du parc de centrales nucléaires, ainsi que leur potentiel polémique.

Né d’un protocole d’accord entre EDF et le ministère de l’Agriculture, et établi à la suite d’un rapport(1) sur l’influence des champs électriques et magnétiques sur les élevages, le Groupe permanent sur la sécurité électrique dans les élevages agricoles et aquacoles (GPSE) a vu le jour en 1999. Ce rapport reconnaissait une possible action indirecte des lignes à haute tension, mais relevait également que beaucoup d’exploitations n’étaient pas aux normes.

Le groupe d’experts, présidé par notre confrère François Gallouin (professeur émérite à Agro-ParisTech), a pour mission d’améliorer les connaissances sur les problèmes électriques (courants de fuite alternatifs ou continus) en allant éclaircir les soucis signalés par les éleveurs. Le GPSE développe également des outils pédagogiques comme la plaquette(2) « Mieux connaître les risques des courants électriques parasites dans les exploitations d’élevage », éditée à 40 000 exemplaires.

Pour les éleveurs qui suspectent des problèmes électriques dans leur exploitation, le recours au GPSE est gratuit. Un protocole tripartite réciproque s’établit alors entre l’exploitant, les experts du groupe et les ingénieurs du Réseau de transport d’électricité (RTE).

Le diagnostic électrique s’accompagne d’une stratégie vétérinaire

La méthode de diagnostic mise en place consiste d’abord à vérifier les installations électriques, la valeur de la terre, l’équipotentialité et la boucle à fond de fouille (conducteur horizontal enfoui sur le périmètre du bâtiment au moment de la construction). D’autres mesures électriques peuvent être effectuées, concernant les champs magnétiques ou les courants continus (qui peuvent survenir, par exemple, avec des tapis en caoutchouc). Les problèmes étant souvent multifactoriels, une stratégie correctrice vétérinaire est également mise en route. Pilotée par notre consœur Arlette Laval, professeur à l’école de Nantes, celle-ci prévoit vaccinations, analyse des profils métaboliques, ainsi que des évaluations de la conduite d’élevage. Etalé sur une période d’un an, ce suivi peut être prolongé de six mois.

En onze ans d’existence, le Groupe a été sollicité trente fois, essentiellement pour des problèmes de vaches laitières (cellules dans le lait ou mammites), auxquelles s’ajoutent quatorze demandes de conseils et près de huit cents demandes via Internet. Si l’action du GPSE s’est achevée en décembre 2009, un récent rapport parlementaire(3) sur les lignes à haute tension a estimé souhaitable la reconduite du groupe d’experts. Un nouveau GPSE devrait prochainement être mis en place, que les vétérinaires, le cas échéant, pourront solliciter.

Sur son site Internet, le GPSE précise néanmoins que si un phénomène électrique parasite peut être à l’origine d’un problème sanitaire, il en demeure l’une des causes les moins probables. Aussi, mentionne-t-il, « lorsqu’une affection animale ou une situation anormale se manifeste dans l’exploitation, seul le diagnostic vétérinaire permettra d’identifier rapidement et sûrement les facteurs de risque, selon la nature des troubles constatés ».

  • (1) Rapport Blatin-Bénetière, commandité par le ministère de l’Agriculture et paru en 1998.

  • (2) Téléchargeable en ligne sur le site www.gpse.fr.

  • (3) « Lignes à haute et très haute tension, santé et environnement », par le sénateur Daniel Raoul, mai 2010.

CONFÉRENCIER

François Gallouin (A 65), professeur émérite à AgroParisTech et président du GPSE, d’après la conférence « Problèmes sanitaires d’élevage imputés à des phénomènes électriques : bilan de onze années d’études de terrain », présentée lors de la séance thématique de l’Académie vétérinaire du 17 juin 2010.

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