QUAND DES VÉTÉRINAIRES RÉINVENTENT LE MOT URGENCE - La Semaine Vétérinaire n° 1417 du 17/09/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1417 du 17/09/2010

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Alors que partout les confrères, à l’instar de la pratique humaine, délaissent et délèguent petit à petit la permanence des soins, de nouveaux métiers naissent et se créent. Nicolas Chapron et Sylvain Ranson, tous deux praticiens, se sont associés autour de l’agglomération de Lyon pour le meilleur sans doute, mais aussi pour le pire : l’urgence vétérinaire à domicile.

Pour le praticien traditionnel, répondre aux exigences particulières de quelques-uns de ses clients, ceux qui ne peuvent pas se déplacer, ou assurer ses gardes vingt-quatre heures sur vingt-quatre relève d’une gageure coûteuse, peu rentable et de moins en moins compatible avec l’exercice actuel. En effet, la pratique vétérinaire quotidienne des animaux de compagnie est davantage tournée vers les plateaux techniques et l’orientation spécialisée. C’est de ce constat qu’est née la société Adomvet, avec le projet de gérer l’urgence à domicile, non en concurrence de la pratique traditionnelle, mais en complément de celle-ci. Cette initiative a également vu le jour dans plusieurs autres agglomérations françaises.

Une sorte de contrat tacite existe entre les différents partenaires

Pour ses créateurs, nos confrères Nicolas Chapron et Sylvain Ranson, le bien-fondé d’une structure urgentiste comme Adomv etest d’apporter aux vétérinaires des villes comme Lyon et Montpellier une spécialisation particulière autour de l’urgence à domicile, quel que soit le domicile et quelle que soit l’urgence, en complément des cabinets vétérinaires traditionnels. Il y a donc l’idée d’une contractualisation entre les différents partenaires – dont la matérialisation est en projet –, le cabinet vétérinaire pouvant être considéré comme le client réel d’Adomvet, même si aucune relation financière ne les relie. Comme peu d’examens complémentaires peuvent être réalisés sur place, la pratique est réduite à la consultation clinique et à la gestion des situations de crise avant, le cas échéant, la prise en charge par une structure adaptée, soit en raison de sa proximité, soit par sa spécialité, mais toujours en accord avec le vétérinaire traitant. Cela suppose donc de faire reposer la valorisation de l’acte uniquement sur la visite, car la vente et la délivrance de médicaments se réduisent au plus strict minimum des besoins de la consultation. Cela place l’intervention (consultation et déplacement) à une tarification élevée et le régulateur téléphonique annonce d’emblée, au téléphone, que la venue du vétérinaire coûtera une somme légèrement inférieure à 100 €. Quelle clientèle peut se permettre de telles visites ? « Nos clients sont plutôt des personnes à revenus modestes, même si aucune généralisation n’est bonne, précise Sylvain Ranson. Car étonnamment, les propriétaires plus aisés sont davantage arrêtés par le prix de notre intervention ou, en tout cas, en discutent plus le fondement avec le régulateur. »

La collaboration avec les vétérinaires passe avant tout par le régulateur

De régulation, il est aussi question. « Notre rôle de régulateur est important et demande beaucoup de professionnalisme, car on nous appelle vraiment pour tout et n’importe quoi, souligne Nicolas Chapron. C’est pour cela que si nous travaillons avec une équipe de collaborateurs libéraux pour les interventions, seuls les deux associés gèrent les appels téléphoniques à tour de rôle, car ce poste est réellement la plaque tournante avec les clients, les confrères et les partenaires. Cela nous permet d’être en permanence à l’écoute des vétérinaires qui nous font confiance et qui, parfois, expriment de nouveaux besoins que nous pourrons peut-être satisfaire. En saison haute (de mars à fin août), nous recevons en moyenne cent à cent cinquante appels en soirée, avec une moyenne de deux minutes trente par conversation. En saison plus creuse, nous sommes à quatre ou six appels par heure, pour un total de cinquante appels. Avant la crise, nous déclenchions environ une intervention pour sept appels. Depuis, ce nombre est passé à une interventionpour dixappels, carbiensouvent l’annonce du prix de nos interventions est dissuasive quant au caractère urgent ! »

Tous les appels, même ceux de Montpellier, sont concentrés sur le site de Lyon. Voilà pourquoi les deux associés sont attentifs à avoir une bonne connaissance du terrain sur Montpellier en s’y rendant régulièrement pour rencontrer les différents praticiens de cette agglomération.

Nos confrères semblent bénéficier de l’image positive de la profession et, quand leurs consultations les emmènent dans des cités de triste réputation, ils ne rencontrent pas de problèmes majeurs. « En général, nous nous adressons en tout premier lieu aux jeunes du quartier en indiquant que nous sommes vétérinaires et que nous venons soigner le chien de Mme X. Bien souvent, cela a pour effet de nous faire escorter par ces jeunes, une escorte protectrice, jusqu’au domicile de la personne qui a appelé, témoigne Sylvain Ranson. Nous n’avons pas encore rencontré de problèmes de sécurité. »

Outre les deux associés, des vétérinaires interviennent comme collaborateurs libéraux avec un profil commun : ce sont des praticiens trentenaires, qui ont déjà une expérience d’urgentiste, dotés d’un certain instinct des cas cliniques, mais qui ne pratiqueront pas longtemps comme urgentistes à domicile tant l’exercice est ardu. Le profil du jeune confrère tout juste sorti de l’école est à proscrire selon Nicolas Chapron, car l’expérience et la capacité à transmettre un cas clinique sont une priorité pour cet exercice.

Une nouvelle activité qui réactualise une ancienne facette de la profession

Adomvet possède des bureaux dans une agglomération au sud de Lyon, proche d’un grand axe routier. Ce bureau, totalement anonyme, comporte une salle réservée à la régulation où sont entreposés une petite pharmacie, les mallettes d’intervention clairement identifiées de la croix blanche bordée de bleu, les gilets fluorescents également marqués “vétérinaire” et, bien entendu, les grandes cartes de Lyon et de Montpellier. Une autre pièce, plus technique, abrite les traditionnels congélateurs, car l’euthanasie à domicile est un acte courant. Cela suppose de ramener les cadavres dans ce cabinet vétérinaire atypique qui ne reçoit aucun public. En outre, Adomvet dispose d’une salle de réunion qui permet d’organiser des sessions de formation vétérinaire. Le tout se situe dans une zone industrielle et au sein d’un bâtiment qui accueille également un gymnase privé.

D’autres structures urgentistes comme celle-ci existent sur Paris, Lille, Nice et Toulouse. Voilà pourquoi ces professionnels vétérinaires d’un nouveau genre, qui remettent une ancienne pratique au goût du jour, ont souhaité se regrouper dans une structure commune, l’Association des vétérinaires à domicile(1) (Avad), dont la vocation est d’être la vitrine de l’exercice à domicile et urgentiste. Vitrine qu’ils sont chargés d’éclairer pour leurs confrères, de jour comme de nuit, durant les nuits de veille et d’itinérance.

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