A la découverte de l’embryon bovin au sein de la station de Denguin - La Semaine Vétérinaire n° 1417 du 17/09/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1417 du 17/09/2010

Laboratoire de collecte d’embryons de Midatest

Éclairage

UNE JOURNÉE AU…

Depuis novembre 2009, ce laboratoire de biotechnologies a obtenu près de quatre cents embryons bovins par la technique d’OPU-FIV : un succès prometteur.

S’adapter au progrès technique, à travers les nouvelles biotechnologies de la reproduction et la génomique, tout en répondant aux attentes des éleveurs en matière de sélection, tel est l’objectif annoncé par Midatest. Cette union des coopératives d’élevage d’amélioration génétique et d’insémination animale du sud-ouest de la France conduit, seule ou en partenariat avec d’autres unités de sélection, douze programmes d’amélioration génétique de races bovines. Le plus important est celui de la race prim’holstein, en partenariat avec Creavia (regroupement d’entreprises de sélection).

La génomique : un outil de sélection révolutionnaire

Les progrès réalisés par la génomique ont modifiés l’approche de la sélection. En effet, grâce à la sélection assistée par marqueur (SAM2, voir encadré), il est désormais possible d’évaluer la valeur génétique d’un animal par une simple prise de sang, dès sa naissance. Cette évaluation est beaucoup plus rapide et moins onéreuse que l’ancien système qui consistait à évaluer les animaux d’après leur descendance. Les conséquences sont un raccourcissement des générations sur la voie mâle, une augmentation de la précision des index sur la voie femelle et la possibilité d’être plus précis sur certains caractères. « Pour les mâles, l’utilisation de la semence peut se faire dès le début des prélèvements, vers treize à quinze mois au lieu de six à sept ans auparavant, après les épreuves de testage, précise Serge Lacaze, responsable des biotechnologies de la reproduction à Midatest. La descendance d’une femelle est démultipliée plus rapidement, à partir d’embryons qui ont davantage de chances d’avoir des gènes favorables. » Il devient alors intéressant d’augmenter le nombre de descendants par donneuse sélectionnée.

Deux techniques permettent la production d’embryons

Depuis 1994, le laboratoire de Denguin pratique la transplantation embryonnaire, qui consiste à déclencher une superovulation sur une femelle de haute valeur génétique (donneuse), à l’inséminer avec la semence d’un taureau phare de la race, puis à prélever ses embryons pour les implanter sur d’autres femelles. Pour augmenter le nombre d’embryons, le laboratoire remet à l’ordre du jour la fécondation in vitro (FIV) en 2009, une technique déjà pratiquée de 1995 à 2003 à Denguin, mais laissée de côté en raison des orientations de sélection différentes à cette période.

Les ovocytes sont récupérés par ovum pick up (OPU) sous ponction échoguidée, mis en maturation pendant vingt-quatre heures, puis fécondés in vitro. Les embryons obtenus sont transférés sur des receveuses, sept à huit jours plus tard. Avec l’appui de l’Union nationale des coopératives agricoles d’élevage et d’insémination animale (UNCEIA), Denguin est devenu, depuis novembre 2009, le premier laboratoire OPU-FIV développé par une entreprise de sélection à être totalement autonome pour sa production d’embryons.

La technique d’OPU-FIV permet d’obtenir des embryons à partir de vaches qui souffrent de troubles de la reproduction ou qui ne répondent pas aux injections de superovulation, mais aussi à partir d’ovaires d’abattoir. Il est également possible de ponctionner les ovocytes sur une femelle dans le premier tiers de la gestation.

Objectif : produire vingt-quatre embryons par donneuse

Même si la FIV permet l’obtention d’un plus grand nombre d’embryons par rapport à la transplantation embryonnaire, ces deux techniques ont permis au site de Denguin d’atteindre l’objectif de vingt-quatre embryons par donneuse sur une durée la plus courte possible. Les génisses sont prélevées très jeunes (à partir de treize à quatorze mois), jusqu’à quatre fois, par transplantation embryonnaire (5,5 embryons en moyenne par collecte tous les cinquante-cinq jours) et/ou par OPU-FIV (deux embryons tous les quinze jours). La technique de collecte est adaptée à chaque femelle. Le but est de remettre le plus rapidement possible les génisses à la reproduction. Et quand celles-ci sont gestantes de deux à trois mois, des embryons peuvent aussi être obtenus par FIV après une ponction d’ovocytes.

La station de Denguin peut accueillir trente-cinq donneuses qui sont suivies de façon rigoureuse sur le plan sanitaire et alimentaire. Le site est équipé d’un rotoluve, les animaliers se changent d’un atelier à l’autre et des surbottes sont à la disposition des visiteurs. Seuls deux transporteurs sont désignés pour assurer le transport des animaux entre la station et l’élevage. Avant l’entrée dans la station, les génisses sont contrôlées dans leur élevage d’origine par rapport à la brucellose, la leucose, la rhinotrachéïte infectieuse bovine (IBR), la maladie des muqueuses (sérologie et virologie BVD), la néosporose et la paratuberculose. Elles sont vaccinées contre la fièvre catarrhale ovine soixante-quinze jours avant leur arrivée. Le troupeau d’origine doit être indemne de tuberculose.

A l’entrée en station, de nouveaux tests sont effectués : tuberculinisation, certification IBR et recherche virologique de BVD (si la sérologie dans l’élevage d’origine est négative). Les génisses sont également déparasitées et vaccinées contre des affections respiratoires (virus RS et pasteurelles) et l’entérotoxémie. Quinze jours avant leur retour dans l’élevage, elles sont soumises aux mêmes tests sanitaires qu’à l’entrée.

Depuis dix ans, un partenariat avec l’ENV de Toulouse permet de réaliser un suivi régulier avec des audits en cas de maladie. Les génisses sont nourries de foin à volonté et de 3 kg d’aliment complet, afin de garantir une bonne fin de croissance. La collecte des embryons dépend étroitement de la surveillance des chaleurs : la journée, une personne est toujours présente auprès des génisses et la nuit, plusieurs caméras enregistrent leur activité (cinq minutes toutes les deux heures).

Qu’est-ce que la SAM ?

La sélection assistée par marqueur (SAM) est une méthode de sélection qui s’appuie sur la détection, dans le génome, de régions responsables d’une partie de la variabilité génétique d’un caractère. Ces régions sont appelées quantitative trait locus (QTL). Cette technique repose sur la seule lecture du génome. Les QTL présentent des allèles associés à des effets variables sur les caractères. La valeur génétique d’un reproducteur est la somme des effets des différents QTL. Le suivi des allèles d’un QTL de génération en génération est réalisé à l’aide de marqueurs situés dans la même région du génome, ce qui permet de prédire la valeur d’un reproducteur (mâle et femelle), sans recours aux performances mesurées sur l’animal ou ses descendants. Depuis octobre 2008, les résultats des recherches en cartographie fine des QTL ont fait évoluer le programme en une SAM de seconde génération (SAM2). Ils ont permis de gagner encore en efficacité grâce à l’utilisation de marqueurs proches des QTL sélectionnés et donc plus précis.

C. C.
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