Un simple toucher rectal peut suffire à lever l’obstacle lors d’obstruction urétrale - La Semaine Vétérinaire n° 1416 du 10/09/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1416 du 10/09/2010

Bas appareil urinaire du chat

Formation continue

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : Lauren Figueres

Les spasmes urétraux observés peuvent disparaître sous l’effet de cet examen.

Parmi les maladies du bas appareil urinaire félin, certaines sont à l’origine d’une obstruction urétrale et doivent être traitées dans les plus brefs délais. En effet, la pression de l’urine, qui ne peut s’évacuer par voie urétrale, provoque une insuffisance postrénale aiguë. La mort peut survenir éventuellement par hyperkaliémie ou à la suite de la rupture de la vessie. L’obstruction urétrale est souvent associée prioritairement à des calculs, mais en réalité les lithiases ne représentent que 12 % des cas de maladie obstructive du bas appareil urinaire félin. Dans 59 % des cas, c’est un bouchon urétral qui empêche l’écoulement de l’urine. Ce bouchon se forme au cours d’un épisode d’inflammation du tractus urinaire, conjointement à une cristallurie. Chez 29 % des chats, l’obstruction est due à des spasmes urétraux au cours de l’évolution d’une cystite idiopathique. Enfin, dans de rares cas, une néoplasie (carcinome transitionnel, léiomyome, carcinome prostatique) ou une anomalie anatomique est à l’origine de l’obstacle à l’écoulement de l’urine.

Le plus souvent, le diagnostic d’un syndrome obstructif est aisé : le chat fait des efforts de miction improductifs (qui peuvent être confondus avec de la constipation par le propriétaire) et sa vessie est de grande taille, dure et douloureuse à la palpation. Cependant, si le propriétaire ne réagit pas assez rapidement, la vessie peut se rompre et devenir non palpable, ou encore le chat peut tomber en syncope. A l’auscultation, une dysrythmie et une bradycardie peuvent être observées, dues à l’hyperkaliémie.

Les déséquilibres hydro-électrolytiques doivent être corrigés avant toute anesthésie

Avant de chercher à corriger l’obstruction, l’état général du chat est à évaluer. Les examens doivent au minimum inclure une évaluation du système cardiovasculaire, un bilan hématologique, biochimique et un ionogramme (potassium a minima). Idéalement, le statut acido-basique est vérifié et monitoré. Si des déséquilibres majeurs sont mis en évidence, ils sont à corriger avant toute anesthésie. Une fluidothérapie doit être administrée dans tous les cas. Lors d’hyperkaliémie, le chlorure de sodium à 0,9 % est le soluté cristalloïde de choix. Pour corriger une hyperkaliémie modérée à grave, des injections de glucose et d’insuline peuvent être pratiquées, à condition de surveiller l’apparition d’une éventuelle hypoglycémie. Le bicarbonate de sodium peut être utilisé, en particulier si le chat est en acidose, mais il est contre-indiqué en cas d’hypocalcémie (présente chez environ un chat bouché sur trois). Enfin, si l’hyperkaliémie est sévère et menace la vie de l’animal, du gluconate de calcium à 10 % peut être administré par voie intraveineuse pendant cinq à dix minutes. Cela ne permet pas de diminuer la kaliémie, mais assure une protection du myocarde à court terme.

La palpation transrectale peut lever les spasmes urétraux

Dans un second temps, la cause de l’obstruction doit être identifiée. Le pénis est examiné avec attention, car dans certains cas, le bouchon est proche de l’orifice, un simple massage peut permettre de l’extérioriser. Un toucher rectal est conseillé dans tous les cas. En effet, il suffit parfois à détecter un calcul urétral ou une tumeur. De plus, chez les chats atteints de cystite idiopathique, il arrive que les spasmes disparaissent grâce à l’effet mécanique de l’examen. Enfin, la radiographie et l’échographie peuvent être utilisées pour rechercher un éventuel calcul. Il est parfois nécessaire de décomprimer rapidement la vessie : dans ce cas, une cystocentèse sera réalisée avec précaution, en prélevant autant d’urine que possible.

Dans les cas où le massage de l’urètre par voie transrectale n’a pas permis de lever l’obstruction, un sondage urétral et éventuellement une hydropropulsion rétrograde sont à mettre en œuvre. Dans les rares cas où ces techniques ne suffisent pas à lever l’obstacle, une urétrostomie, ou une cystotomie, devra être entreprise d’urgence. Pour sonder l’urètre, le pénis est tiré vers le haut et vers l’arrière. La sonde, dont l’extrémité a été préalablement enduite de gel lubrifiant, est poussée doucement tout en injectant du sérum physiologique tiède. L’orifice urétral est étanchéisé manuellement pendant la manipulation. Mieux vaut toujours éviter de pousser le calcul directement avec la sonde, car il existe un risque important de déchirure de l’urètre. De plus, les calculs d’oxalate sont irritants pour la muqueuse urétrale. Une fois tous les calculs repoussés, la sonde est introduite dans la vessie, qui est alors vidée et rincée plusieurs fois pour éliminer les facteurs de l’inflammation.

Lorsque la levée de l’obstacle se fait facilement, la sonde urinaire peut être retirée après le rinçage de la vessie. Si la sonde est laissée en place (un à quatre jours), il faut impérativement que l’extrémité se situe dans la vessie. Une poche doit être raccordée à la sonde pour limiter le risque d’infection. Une bonne analgésie et une myorelaxation sont à rechercher, mais l’antibiothérapie ne sera pas systématique.

Après un épisode de maladie obstructive du bas appareil urinaire félin, le pronostic est bon si une alimentation adaptée est mise en place. Des mesures pour réduire le stress sont à envisager chez les chats qui ont présenté des spasmes urétraux.

CONFÉRENCIÈRE

Danielle Gunn-Moore, université d’Edimbourg.

Article rédigé d’après la conférence « Maladies du bas appareil urinaire félin – actualités sur les causes et traitements – obstructions », présentée au Congrès de la section vétérinaire de la Société française de félinotechnie, à Lyon, en novembre 2009.

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