Les α-2 agonistes améliorent la qualité du réveil lors d’anesthésie volatile - La Semaine Vétérinaire n° 1415 du 03/09/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1415 du 03/09/2010

Anesthésie équine

Formation continue

ÉQUIDÉS

Auteur(s) : Gwenola Touzot-Jourde

La romifidine est administrée en perfusion continue pendant l’anesthésie à l’isoflurane.

Du temps de l’halothane, les réveils après une anesthésie d’une à deux heures se faisaient “tout seuls” et à peu près dans le calme. De l’ataxie et de la faiblesse musculaire étaient souvent présentes, contrecarrées par une intervention humaine pour tenir la queue du cheval et encadrer ses efforts. L’arrivée de l’isoflurane a permis de gros progrès dans la maintenance et la durée de l’anesthésie, mais au prix d’un réveil qu’il convient de gérer finement. Beaucoup de chevaux endormis à l’isoflurane ont tendance à se réveiller un peu trop rapidement et à passer par une phase d’excitation. Or cette dernière apparaît au moment où le cheval n’a pas encore regagné suffisamment de coordination et de tonus musculaire pour se lever dans de bonnes conditions. L’excitation le pousse à tenter de le faire, provoquant des réveils agités avec des essais de lever infructueux et des risques de traumatisme.

La perfusion de romifidine diminue le nombre d’essais au lever

Les chercheurs multiplient les essais de combinaisons entre les différents principes actifs, pendant l’anesthésie et au réveil, pour essayer de déterminer un protocole qui assurerait un bon réveil. Il est montré, par exemple, que l’administration d’une faible dose d’un α-2 agoniste comme la romifidine améliore significativement la qualité du réveil. C’est d’ailleurs devenu une pratique courante. Le cheval dort un peu plus longtemps, exhale davantage d’isoflurane et se réveille plus calmement.

Une équipe de l’université de Gand(1) a étudié l’effet d’une perfusion continue de romifidine (40 µg/kg/h), pendant environ cent vingt minutes d’anesthésie, sur la qualité de l’anesthésie et du réveil. Cette étude clinique porte sur trente jeunes chevaux anesthésiés pour une arthroscopie.

L’anesthésie comporte une prémédication avec de la romifidine et de la méthadone, suivie d’une induction à la kétamine accompagnée de midazolam. Son maintien est assuré avec de l’isoflurane et la perfusion continue de romifidine (ou de placebo). Les paramètres cardiovasculaires et respiratoires (fréquence cardiaque et respiratoire, pression artérielle, débit cardiaque, gaz sanguins artériels), monitorés pendant l’anesthésie, restent semblables. La perfusion est arrêtée au même moment que l’isoflurane et une dose de romifidine (20 µg/kg par voie intraveineuse) est administrée avant le transport dans le box de réveil. La durée du réveil est identique dans les deux groupes (quarante minutes, plus ou moins dix-huit).

Le système de score qui a servi à quantifier la qualité du réveil n’a pas permis de montrer de différence entre les deux lots. En revanche, les chevaux qui ont reçu la perfusion de romifidine étaient plus nombreux à se lever au premier essai et avec une ataxie moins marquée que dans le groupe placebo.

Les auteurs confirment donc que l’utilisation des α-2 agonistes permet d’améliorer la qualité du réveil sans détériorer le statut cardiovasculaire pendant l’anesthésie.

L’objectif est aussi de minimiser la dépression cardiovasculaire

Toutefois, cette étude ne permet pas de confirmer les résultats d’études précédentes qui montrent l’effet réducteur des α-2 agonistes sur la concentration alvéolaire minimale (CAM(2)) des anesthésiques volatils, de par leurs propriétés sédatives et analgésiques. En effet, l’objectif, en plus de l’amélioration de la qualité du réveil, de l’adjonction de molécules anesthésiques et/ou analgésiques en sus de l’anesthésique volatil chez le cheval, est d’essayer de minimiser la dépression cardiovasculaire en diminuant la quantité d’agent volatil nécessaire. Des études ultérieures doivent venir confirmer et préciser les résultats obtenus. Ce protocole peut offrir des caractéristiques intéressantes quand il s’agit d’anesthésier des chevaux difficiles à endormir ou lorsqu’une analgésie plus profonde est recherchée.

  • (1) L. Devisscher et coll. « Romifidine as a constant rate infusion in isofluran anaesthetized horses : a clinical study », Vet. Anesth. Anlag 2010, n° 37, pp. 425-433.

  • (2) CAM : concentration alvéolaire minimale en agent anesthésique volatil pour laquelle la moitié des chevaux ne répondent pas par un mouvement volontaire à un stimulus nociceptif supramaximal.

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