Plus de 80 % des hérissons adultes sont porteurs de parasites respiratoires - La Semaine Vétérinaire n° 1412 du 02/07/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1412 du 02/07/2010

Pathologie respiratoire

Formation continue

FAUNE SAUVAGE ET NAC

Auteur(s) : Marie Sigaud

Seuls les animaux faiblement atteints sont traités avec de bonnes chances de succès. Pour ceux destinés au relâcher, l’objectif est plus une guérison clinique qu’un blanchiment réel.

Le hérisson d’Europe (Erinaceus europaeus) est un mammifère insectivore protégé. Comme il bénéficie d’une bonne réputation auprès des particuliers, il est régulièrement recueilli et déposé chez les vétérinaires.

Les parasitoses respiratoires sont des affections fréquentes chez le hérisson et près de 80 à 90 % des adultes sont atteints. Les jeunes sont quasi systématiquement infectés. Les parasites pulmonaires incriminés appartiennent principalement à deux espèces de nématodes : Capillaria aerophila et Crenosoma striatum. Ces vers pulmonaires peuvent être à eux seuls responsables de pneumonies, souvent découvertes fortuitement lors de l’autopsie. Les Capillaria peuvent également se localiser dans l’épithélium trachéal et provoquer des trachéites. La surinfection complique souvent ces parasitoses avec des bactéries comme Bordetella bronchiseptica ou Pasteurella multocida, principalement mises en cause.

L’atteinte de l’état général est tardive et témoigne d’un pronostic réservé

Les signes cliniques observés sont classiquement une dyspnée de type restrictif (avec augmentation de la fréquence respiratoire), mais peuvent aller jusqu’à une discordance intermittente, accompagnée de râles audibles parfois sans stéthoscope, ainsi que d’une toux. Un jetage, le plus souvent séreux, peut être observé. A l’auscultation, des crépitements et des sifflements expiratoires sont audibles, témoins d’une gêne au niveau des voies aériennes. Les hérissons modérément atteints ne présentent pas de baisse de l’état général et continuent à s’alimenter et à prendre du poids. Lors d’atteinte de l’état général, d’anorexie, de jetage muco-purulent et de discordance, le pronostic est réservé. Toutefois, la plupart des individus ne présentent pas de symptômes et l’infestation, parfois massive, est mise en évidence par la réalisation d’une coproscopie ou à l’autopsie.

La radiographie et la coproscopie permettent d’orienter le diagnostic

En conséquence, le diagnostic est avant tout épidémio-clinique, comme chez des jeunes individus trouvés à l’entrée de l’hiver et qui présentent une toux ou des difficultés respiratoires. Cependant, même en l’absence de signes, un retard de croissance ou un abattement doivent faire suspecter une parasitose. L’analyse coproscopique est un outil simple qui permet de confirmer le diagnostic. Les œufs de Capillaria et les larves de Crenosoma sont facilement mis en évidence par flottaison (MgSO4 ou kit Ovassay, Janssen) (voir photos 1 et 2). Toutefois, elle ne permet pas de différencier les Capillaria digestifs des Capillaria pulmonaires et les résultats doivent être confrontés au tableau clinique. De plus, cette méthode diagnostique présente une faible sensibilité, c’est pourquoi l’interprétation des résultats négatifs est délicate. L’outil radiographique permet également d’orienter le diagnostic. Une radiographie pulmonaire sera réalisée plus facilement à la suite d’une anesthésie flash à l’isoflurane. Des lésions de broncho-pneumonie sont alors observées, avec une opacification alvéolaire et une mise en évidence de bronchogrammes qui peuvent atteindre un lobe, voire tout le champ pulmonaire (voir clichés 3 et 4).

Le traitement associe anthelminthique, antibiotique et parfois aérosolthérapie

En centre de sauvegarde, le traitement est envisagé selon le pronostic. Seuls les animaux faiblement atteints présentent de bonnes chances de succès, mais le traitement est souvent illusoire chez les animaux présentés en détresse respiratoire aiguë. Il passe par une vermifugation et un contrôle ou une prévention des éventuelles surinfections bactériennes. Une aérosolthérapie peut être ajoutée au traitement, qui inclut un mucolytique (Mucomyst®), un décongestionnant (type Gomenol®), ainsi qu’un antibiotique (voir tableau). Les corticoïdes sont contre-indiqués par certains auteurs, mais recommandés par d’autres, afin de limiter le risque de réactions allergiques à la suite du traitement anti-parasitaire (méthylprednisolone, 2 à 4 mg/kg en une administration unique au début du traitement anthelminthique). Des vermifugations répétées sont souvent nécessaires et le contrôle de l’efficacité du traitement indispensable. Il est difficile de blanchir l’animal, même en captivité. Toutefois, des précautions hygiéniques limitent au maximum les risques de recontaminations. Souvent, les réinfestations apparentes ne sont que des résurgences de la présence parasitaire initiale incomplètement éliminée (persistance silencieuse d’œufs ou d’adultes dans les poumons).

En préventif, un traitement antiparasitaire est prescrit systématiquement pour tous les jeunes hérissons recueillis à l’entrée de l’hiver, avant même la détection d’une atteinte respiratoire. Cependant, pour les hérissons destinés à être relâchés, l’objectif est une guérison clinique durable plus qu’un réel blanchiment de l’animal. En effet, il est illusoire de chercher à éradiquer les parasites pulmonaires des hérissons dans la nature. Le parasitisme est une composante de l’équilibre des écosystèmes et il joue probablement un rôle dans la régulation des populations d’animaux sauvages.

CONFÉRENCIÈRE

Florine Popelin, chargée de consultation au centre de sauvegarde de la faune sauvage de Maisons-Alfort (Cedaf).

Article rédigé d’après la conférence « Parasitose pulmonaire chez le hérisson d’Europe » à l’occasion du congrès Yaboumba du 25 au 28 mars 2010, à Paris.

Les autres causes de recueil des hérissons

Des hérissons sont régulièrement recueillis à l’entrée de l’hiver. Ce sont souvent des jeunes qui n’ont pas suffisamment constitué leurs réserves de graisse (poids vif inférieur à 500 g) et se trouvent rapidement affaiblis par la baisse des températures. Dans ces conditions, une réhydratation et une réalimentation adaptées peuvent suffire jusqu’à la reconstitution des réserves graisseuses.

De plus, le ramassage inconsidéré des jeunes existe également pour cette espèce. Lorsqu’une portée de hérissons est trouvée sous un amas de feuilles et apportée au centre de soins ou à la clinique vétérinaire, il convient de replacer les jeunes le plus vite possible à l’endroit où ils ont été découverts.

Les plaies causées par les morsures de chiens, des fils barbelés ou encore le passage de tondeuses sontégalement des motifs de consultation fréquents. En été, les myiases peuvent venir compliquer ces lésions, voire s’installer dans les oreilles et les yeux des animaux affaiblis.

M. S.
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