Les hérissons victimes de la pollution

Différentes études, menées à travers l’Europe, se sont intéressées au hérisson comme modèle potentiel de sentinelle de l’environnement. En effet, ce sont des consommateurs d’insectes, d’invertébrés terrestres, mais également de carcasses de petits mammifères. Ils peuvent donc entrer en contact avec différents polluants ou composés chimiques. En Finlande, des chercheurs⁽¹⁾ ont mis en évidence la présence de plusieurs types de métaux lourds, comme le sélénium ou le manganèse dans la moelle épinière, ou encore de cadmium dans les reins et le foie de hérissons. Les invertébrés terrestres, qui constituent une part importante de leur régime alimentaire, se nourrissent d’appâts ou de carcasses de rongeurs contaminés par des rodenticides largement utilisés en Europe. Or, les hérissons ne sont pas sensibles à ces molécules et peuvent donc les absorber sans dommage, voire même les concentrer. Une étude, menée en Angleterre⁽²⁾, a détecté la présence de différents types de rodenticides chez ces animaux, comme le difénacoum ou la bromadiolone. Ils sont contaminés à des taux comparables à ceux trouvés chez les prédateurs de petits mammifères, comme l’hermine ou certains rapaces, les chouettes hulotte et effraie. Bien que peu de cas d’intoxications mortelles soient documentés, l’accumulation de molécules délétères dans l’organisme des hérissons peut jouer un rôle plus subtil sur leur santé individuelle, et à plus large échelle, sur celle de la population, notamment en diminuant leur fécondité.

• (1) A. Rautio, M. Kunnasranta, A. Valtonen, M. Ikonen, H. Hyvärinen, I.J. Holopainen, J.V. Kukkonen : « Sex, age, and tissue specific accumulation of eight metals, arsenic, and selenium in the european hedgehog (Erinaceus europaeus) », 2010, Arch. Environ. Contam. Toxicol.

• (2) C.V. Dowding, R.F. Shore, A. Worgan, P.J. Baker, S. Harris : « Accumulation of anticoagulant rodenticides in a non-target insectivore, the European hedgehog (Erinaceus europaeus), 2010, Environmental Pollution, vol. 158, pp. 161-166.