Le contrôle du piétin associe la vaccination à des mesures sanitaires préventives - La Semaine Vétérinaire n° 1412 du 02/07/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1412 du 02/07/2010

Affection des ovins

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RURALE

Auteur(s) : Céline Carles

Pour se débarrasser de cette bactérie, il est indispensable de maintenir de bonnes conditions d’hygiène.

Actuellement, un seul vaccin contre le piétin est disponible en France : Footvax®, vaccin inactivé qui contient dix sérotypes de Dichelobacter nodosus, un des agents de la maladie (voir encadré). Il en diminue la fréquence et la gravité, mais ne la prévient pas totalement, surtout si les conditions d’hygiène de l’élevage sont médiocres. Ses limites s’expliquent par l’hétérogénéité qui peut exister entre les souches de Dichelobacter nodosus. Les rappels sont annuels, mais en cas de forte infection et selon les conditions climatiques, un rappel au cours de l’année peut se révéler indispensable. Des variations dans la durée d’immunité peuvent être notées selon la race(1), les romanov sont résistants pendant seize semaines, les mérinos pendant quatre à cinq semaines seulement. Il est conseillé de vacciner tout le troupeau pendant deux à trois ans, puis de réserver la vaccination aux agnelles de renouvellement et aux béliers. Le vaccin a aussi un effet curatif : il peut favoriser la guérison d’un animal atteint. L’adjuvant huileux est parfois la cause d’une réaction locale au site d’injection, qui disparaît en cinq à six semaines. Etant donné ses limites d’efficacité et son coût, l’utilisation du vaccin contre le piétin est à intégrer à d’autres mesures préventives, en particulier d’hygiène.

Le parage des onglons est à effectuer au moins une fois par an

Le piétin se transmet par l’intermédiaire des sols contaminés (litières, pâtures) ou à la suite de l’introduction dans le troupeau d’un animal atteint. Les moutons de race mérinos semblent plus sensibles, mais ce sont surtout l’état d’entretien du pied et la présence de lésions qui prédisposent les animaux à la maladie. Des conditions climatiques pluvieuses, des températures supérieures à 10 °C et un sol humide accentuent les risques. Pour lutter contre ces facteurs aggravants, le troupeau doit être maintenu dans de bonnes conditions d’hygiène : en bergerie, il convient de pailler régulièrement, et à l’extérieur d’éviter les zones “boueuses” (proximité des abreuvoirs, chemins détrempés, etc.) et les sols traumatisants (pâturage sur chaumes, parcours caillouteux, etc.).

Il convient ensuite de procéder à un entretien régulier des onglons de l’ensemble du troupeau, donc de pratiquer le parage au moins une fois par an. Cela permet de vérifier si l’espace interdigité est inflammatoire ou pas. Il est par ailleurs nécessaire d’examiner les pieds de tout nouvel animal à introduire dans le troupeau pour s’assurer de l’absence de piétin.

Après le parage, l’utilisation régulière d’un pédiluve, placé à un endroit stratégique de l’élevage, est recommandée. Idéalement, il doit comporter deux bacs : le premier “de lavage”, pour nettoyer les pieds, et le second “de stationnement”, avec une solution traitante, dans lequel les animaux doivent séjourner au moins dix minutes. Une aire d’égouttage bétonnée, à la sortie, permet le séchage des pieds. Le produit le plus utilisé est le sulfate de zinc à 20 %. Il peut être toxique en cas d’ingestion, c’est pourquoi les animaux doivent être abreuvés avant le passage. Il existe également un produit à longue action à base de sulfate de zinc et de cuivre qui adhère mieux aux onglons et évite de maintenir les animaux dans le bac de stationnement. Une solution intéressante consiste à faire passer les ovins dans le pédiluve avant d’entrer dans la bergerie, pendant plusieurs jours consécutifs au cours des périodes à risque (printemps et automne). Les pieds sont ainsi plus propres, ce qui contribue à assainir la litière. Cependant, si le pédiluve est mal conçu ou mal utilisé, il peut devenir un véritable bouillon de culture, source de contamination des animaux entre eux. Il doit donc être bien aménagé, propre et renouvelé régulièrement (vidange et nettoyage toutes les trois cents brebis).

Enfin, une supplémentation en sulfate de zinc à raison de 0,5 g par animal et par jour, ou sous forme de pierres à lécher enrichies en zinc, augmente la résistance de l’animal au piétin et améliore la qualité de la corne.

  • (1) Camille Le Moine : « Vaccins et vaccination chez les ovins », thèse vétérinaire, ENVA, 2009.

Les agents de la maladie

Le piétin, principale cause de boiterie chez les ovins, est une dermatite interdigitée contagieuse, provoquée par l’action synergique de deux bactéries anaérobies, Fusobacterium necrophorum et Dichelobacter nodosus (ou Bacteroïdes). Dans un premier temps, la maladie se déclare via une boiterie légère, qui peut passer inaperçue, avec des lésions modérées de l’espace interdigité. Puis la nécrose envahit la corne interne, à l’origine d’une odeur putride caractéristique, et peut provoquer un décollement de la corne, voire la chute de l’onglon. Les animaux atteints présentent une boiterie sévère. Les signes généraux, liés à la douleur podale, sont de l’anorexie, un amaigrissement et une baisse de production.

C. C.
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