Quels sont les changements générés par la RGPP au quotidien ?

Le stratégique et le budgétaire se régionalisent

Pour le praticien, cette révision n’induit que peu de changement, car la réglementation n’a pas varié. Tout au plus doit-il s’habituer à de nouveaux noms, à de nouvelles coordonnées et à s’adresser à des responsables qui ne sont plus systématiquement vétérinaires. Mais les relations devraient se simplifier avec la réduction du nombre d’interlocuteurs.

La RGPP est synonyme de régionalisation. La nouvelle Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (Draaf), que je dirige, gère ainsi, pour l’ensemble de la région, toutes les missions du ministère : de la politique sanitaire aux statistiques agricoles, en passant par la politique agricole commune (PAC) ou l’enseignement et l’emploi dans le secteur agricole. Comparé à mon précédent poste de directeur départemental des services vétérinaires (DDSV), cela implique de travailler dans des domaines plus variés, dont on ne peut maîtriser tous les aspects ; une solide équipe est donc nécessaire.

Si l’opérationnel demeure départemental, les décisions stratégiques et budgétaires sont prises à l’échelon régional, en concertation avec les structures départementales. Le service régional de l’alimentation intéresse particulièrement les vétérinaires. Sa naissance rend possible, par mutualisation, des projets irréalisables au plan départemental, comme un meilleur contrôle de la pharmacie vétérinaire.

2010 est l’année des calages pour les structures installées depuis peu. Les Draaf ont bénéficié d’une mise en place précoce (1^er janvier 2009) et d’une bonne disponibilité des préfets de région, particulièrement occupés par l’application de la RGPP dans tous les autres secteurs de l’administration !

Un véritable changement de métier

La bascule du poste de DDSV à celui de DDCSPP de la Savoie représente un changement de métier complet. Le cadre demeure (un service d’Etat sous l’autorité du préfet), mais le contenu et le niveau de responsabilité sont sans comparaison. Le regroupement de la cohésion sociale et de la protection des populations se concrétise par le rapprochement d’agents de cultures différentes, qui n’utilisent pas la même terminologie, par exemple. L’organisation des services n’est pas simple. Un travail de préfiguration s’est effectué en amont, pour favoriser notamment une synergie de travail.

La fonction de DDCSPP est passionnante. Elle occupe un champ d’action plus large et multiplie les interlocuteurs. L’expérience de DDSV permet d’être bien armé pour ces nouvelles missions, car elle habitue à discuter de sujets sensibles avec des partenaires qui défendent ardemment leurs intérêts. La santé animale est évidemment plus facile à gérer si l’on est vétérinaire. Mais l’ouverture de postes de directeurs adjoints permet de travailler en binôme, avec une personne d’expérience complémentaire. Il m’importe de conserver une bonne vision du terrain, pour que les agents ne ressentent pas un éloignement de leur directeur.

Nous avons créé une association nationale des directeurs des DDCSPP (et adjoints), que je préside. Notre objectif est de conserver des liens entre le terrain et les administrations centrales.

Une direction interministérielle tournée vers les populations

La nouvelle Direction départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations (DDCSPP) intègre les anciens services vétérinaires départementaux, mais aussi ceux de la répression des fraudes, le service cohésion sociale des ex-DDASS, la Direction de la jeunesse et des sports et les missions de politique de la ville, issues de la préfecture. Ancienne directrice départementale des services vétérinaires, je gère aussi désormais autant les affaires vétérinaires que sociales : la vie associative, le droit des femmes, l’hébergement d’urgence, etc. J’encadre soixante-seize agents de plus de quinze corps différents !

Cette organisation en départements favorise de nouvelles modalités de travail avec le préfet, qui dispose désormais d’un nombre restreint d’interlocuteurs. Un autre côté positif est la motivation liée à la découverte de nouveaux domaines. Pour ces derniers, je peux m’appuyer sur des équipes opérationnelles, puisque pour la plupart, les agents ont conservé un poste dans leur domaine de compétence. Je consacre moins de temps aux dossiers de santé animale ou de sécurité alimentaire, dont je maîtrise les enjeux, qu’à ceux des domaines que je découvre, dans lesquels de gros chantiers sont ouverts.

La mise en place de la réorganisation est progressive. Elle représente un travail conséquent, notamment au sein de l’administration générale et pour le rapprochement physique des équipes. Ces changements nécessitent des efforts de dialogue social en interne.

Cette réorganisation, qui semblait au départ être un peu le mariage de la carpe et du lapin, me permet finalement, six mois après sa mise en place, d’élargir positivement le champ de mes compétences.