Le praticien recherche des preuves du passage de la foudre dans l’animal - La Semaine Vétérinaire n° 1411 du 25/06/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1411 du 25/06/2010

Expertise de foudroiement

Formation continue

RURALE

Auteur(s) : Karim Adjou*, Emilie Peyre**

Si le cadavre est en voie de décomposition, il est impossible de déterminer la cause de la mort.

Le foudroiement des bovins est garanti par la plupart des contrats “multirisques” des assurances agricoles. Les éleveurs adressent donc souvent une demande d’expertise aux vétérinaires, afin de déterminer si la cause de la mort de l’animal est bien le foudroiement(1) et d’estimer la valeur de l’animal.

En effet, hormis dans certains cas de morts subites où il est possible d’affirmer immédiatement et avec certitude que l’animal a été foudroyé, plusieurs étapes sont obligatoires avant d’établir un diagnostic de foudroiement(2) : il faut démontrer que la mort a été subite, avoir un tableau lésionnel compatible avec celui du foudroiement, éliminer les autres causes de mort subite, démontrer qu’il y avait un contexte local orageux. Il est éventuellement possible de prouver qu’une chute de foudre a eu lieu à proximité du cadavre.

L’expertise se déroule en trois étapes : un examen in situ, une autopsie et l’expertise météorologique.

Lorsque le cadavre est en décomposition, un diagnostic de fulguration est impossible

L’examen in situ est essentiel. Il convient de veiller à ce que l’éleveur ne déplace pas le cadavre, car cela pourrait fausser l’expertise. Le vétérinaire expert inspectera(3) :

– l’environnement de l’animal : il s’agit de rechercher la présence d’arbres à proximité, d’une clôture. Un arbre avec l’écorce arrachée, des copeaux d’écorces peuvent témoigner d’une chute de la foudre. De même, la présence de plusieurs cadavres sur le même site peut permettre de conclure à un foudroiement ;

– la position du cadavre : lors de foudroiement, les bovins « tombent sur le sol dans l’attitude dans laquelle la foudre les a surpris », sans aucune trace de mouvements agoniques. La cavité buccale contient parfois des fragments végétaux, une corne peut être enfoncée en terre ou cassée ;

– l’aspect extérieur du cadavre : celui-ci est météorisé avec des muqueuses oculaires et buccales rouges violacées et des brûlures pathognomoniques sur le corps.

Si le cadavre est en voie de putréfaction ou de décomposition, il est impossible de déterminer la cause de la mort et inutile de faire des recherches complémentaires afin d’essayer de confirmer un diagnostic de foudroiement (voir ci-contre)(2).

L’autopsie doit toujours être envisagée, sauf si le diagnostic de foudroiement peut être établi ou exclu avec certitude, ou si le cadavre est en voie de putréfaction. L’autopsie des veaux est à réaliser sur place, celle des bovins adultes sur place ou à l’équarrissage. Si les lésions observées permettent d’attribuer la mort à une autre cause, le diagnostic de foudroiement est exclu.

L’expertise météorologique permet d’éclairer la démarche diagnostique

Si les lésions ne peuvent être rattachées à aucune autre cause de mort subite, ou si l’autopsie est techniquement impossible, une expertise météorologique est indiquée(2). Elle est obtenue via l’interrogation du service Météorage. Cela ne permet pas de conclure, mais d’éclairer la démarche diagnostique.

Plusieurs conditions sont nécessaires pour utiliser ce service(2) : un cadavre en bon état de conservation, la certitude que l’animal est mort subitement, un contexte local orageux, un tableau lésionnel externe compatible avec un foudroiement, l’examen in situ et l’autopsie ne permettent pas d’établir un diagnostic, la date de la mort est estimée dans une fourchette de vingt-quatre heures avec une probabilité élevée. Une demande d’expertise Météorage nécessite de connaître avec précision la position géographique du cadavre. La latitude et la longitude peuvent être relevées avec un GPS. Une carte détaillée est également utile pour positionner le cadavre. Tout relevé d’impact, situé dans un rayon de 4 km autour de ce dernier, permet de conclure à un foudroiement(2).

Quant à l’estimation d’un animal foudroyé, elle est dictée par les termes du contrat d’assurances. Argumentée et détaillée, elle précisera la race, l’âge, l’utilisation de l’animal, son poids, sa conformation (convexe-rectiligne-concave), son état de lactation. Tous les documents concernant l’animal doivent être consultés. Les pertes consécutives au sinistre (veau laissé orphelin, par exemple) ne sont pas prises en compte(2).

  • (1) Voir le tableau “Diagnostic différentiel des morts subites dues à des causes physiques” sur le site WK-Vet.fr, rubrique “Semaine Vétérinaire”, puis “Compléments d’articles”.

  • (2) P. Tartera et M. Finelle : « L’expertise du foudroiement chez les bovins », Point Vét., 2001, vol. 32, n° 217, pp. 42-44.

  • (3) P. Tartera, F. Schelcher : « Images du foudroiement chez les bovins », Point Vét., 2001, vol. 32, n° 217, pp. 48-51.

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