La chirurgie offre un bon pronostic lors de méningiome - La Semaine Vétérinaire n° 1411 du 25/06/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1411 du 25/06/2010

Tumeurs intracrâniennes félines

Formation continue

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : Julien Guérini*, Frédéric Meige**

Fonctions :
*praticien à la clinique Aquivet à Eysines (Gironde)
**diplomate ECVS, praticien à la clinique Aquivet à Eysines

Après l’exérèse, la majorité des chats retrouvent un comportement normal et une survie supérieure à celle des animaux traités médicalement.

Le méningiome est la tumeur primitive intracrânienne la plus répandue chez le chat : elle représente 56 % des tumeurs du cerveau [1-6, voir bibliographie]. L’âge moyen des chats atteints est de douze ans et les mâles semblent plus touchés que les femelles, avec un ratio de 0,6 [2, 4]. Les signes cliniques les plus répandus sont l’apathie, l’anorexie, un changement de comportement et une cécité partielle ou totale. Seuls 22 % des chats sont présentés pour des crises convulsives [3, 4, 7]. Les symptômes sont frustes. Ils sont souvent présents depuis plusieurs mois au moment de la consultation [5, 6]. Leur sévérité et leur expression dépendent de la localisation et de la vitesse de croissance de la tumeur. Ces tumeurs extra-axiales compriment le parenchyme nerveux, ce qui provoque une augmentation de la pression intracrânienne et un œdème péritumoral.

Les méningiomes proviennent souvent de l’arachnoïde. Ils sont généralement bien encapsulés, fermes, lobulés, et de couleur grise à rosée. Ils déplacent le parenchyme et le compriment sans l’envahir. L’hyperostose en regard de la tumeur et la minéralisation des méningiomes sont classiques chez le chat. La nature histologique est généralement bénigne, mais leur comportement peut être malin.

Un diagnostic réalisé par tomodensitométrie ou par résonance magnétique

Les images en coupe montrent en général un effet de masse extra-axiale, souvent bien délimitée et soulignée par l’injection de produit de contraste (voir photo 1). Le diagnostic définitif est réalisé par l’analyse histologique des tissus. L’analyse du liquide céphalo-rachidien révèle fréquemment une inflammation, mais elle n’est pas recommandée en raison de l’augmentation de la pression intracrânienne.

Le scanner est suffisamment précis pour établir le diagnostic de tumeur intracrânienne, mais l’imagerie par résonance magnétique (IRM) offre plus de détails au niveau des tissus mous [3, 4, 7-14]. L’image pondérée en T1 montre généralement un tissu isodense ou hypodense, alors que l’image pondérée en T2 est hyperintense de manière hétérogène.

Malgré certaines complications, la chirurgie est le traitement de choix

Les tumeurs isolées non infiltrantes de localisation superficielle constituent la meilleure indication chirurgicale. L’opération permet dans ces cas un diagnostic définitif et une résolution rapide de l’effet masse. Contrairement à ceux du chien, les méningiomes félins sont en général bien encapsulés et leur exérèse totale est souvent réalisable [1-3] (voir photos 2, 3 et 4).

L’espérance de survie après le traitement chirurgical est meilleure qu’avec un traitement médical (chimiothérapie et/ou radiothérapie). Elle est de six cent quatre-vingt-cinq jours (environ deux ans) avec l’exérèse, versus dix-huit jours chez les chats traités médicalement [14].

Les principales complications lors de l’intervention chirurgicale sont l’anémie (liée à une hémorragie) dans 31 % des cas, et la formation d’un œdème cérébral ou d’une hernie tentorielle dans 24 % des cas [2]. Ces complications sont responsables d’une dégradation postopératoire plus ou moins sévère de l’état neurologique de l’animal. Ce type d’intervention nécessite donc une surveillance et des soins intensifs vingt-quatre heures sur vingt-quatre, car le taux de mortalité périopératoire chez le chat peut atteindre 19 % selon différentes études.

Cependant, d’après notre expérience, ce taux de mortalité est moindre et dépend avant tout de l’accessibilité de la tumeur. Les dégradations neurologiques sont observées en moyenne pendant une semaine après l’opération [2, 16]. La régression des symptômes due à la suppression de l’effet masse (voir photos 5 et 6) est relativement rapide et souvent spectaculaire. Ainsi, 79 % des chats opérés retrouvent un comportement normal quatorze jours après l’exérèse. En revanche, seulement 35 % des amauroses seront résolues [2].

La radiochirurgie pourrait être une technique prometteuse

Avec un taux d’environ 20 %, le risque de récidive n’est pas négligeable [1, 2, 15]. Pour cette raison, il est conseillé de réaliser une imagerie de contrôle tous les trois mois la première année et tous les six mois les années suivantes [2] (voir photo 7).

Le traitement préopératoire comprend des corticostéroïdes à dose anti-inflammatoire pour diminuer l’œdème cérébral et la pression intracrânienne (par abaissement de la production de liquide cérébro-spinal). L’anesthésie doit être le moins proconvulsivante possible. Du mannitol peut être administré en phase peropératoire afin de diminuer l’œdème cérébral.

La chimiothérapie ne montre pas de bénéfice [5, 6]. Chez le chien, la radiothérapie utilisée seule lors de masses extra-axiales ou après la résection subtotale d’un méningiome intracrânien a montré une augmentation de l’espérance de vie [17, 18]. Des résultats similaires sont évoqués chez le chat [14, 17-20].

La radiochirurgie apparaît comme une technique prometteuse, mais elle n’est pas disponible en France pour le moment [5, 6].

BIBLIOGRAPHIE

  • 1 – J.G. Gallagher, J. Berg, K.E. Knowles et coll. : « Prognosis after surgical excision of cerebral meningiomas in cats : 17 cases (1986-1992) », J. Am. Vet. Med. Assoc., 1993, vol. 203, pp. 1437-1440.
  • 2 – L.E. Gordon, C. Thacher, D.T. Matthiesen et coll. : « Results of craniotomy for the treatment of cerebral meningioma in 42 cats », Vet. Surg., 1994, vol. 23, pp. 94-100.
  • 6 – K. Sessums, C. Mariani. « Intracranial meningioma in dogs and cats : a comparative review ». Compend. Contin. Educ. Vet., 2009, vol. 31, pp. 330-339.
  • 14 – M.T. Troxel, C.H. Vite, T.J. van Winkle et coll. : « Feline intracranial neoplasia : retrospective review of 160 cases (1985-2001) », J. Vet. Intern. Med., 2003, vol. 17, pp. 850-859.
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