Le monépantel est destiné à lutter contre l’émergence des résistances - La Semaine Vétérinaire n° 1410 du 18/06/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1410 du 18/06/2010

Antiparasitaire. Nouveau nématocide ovin dérivé d’amino-acétonitrile (AAD)

Actualité

Auteur(s) : Eric Vandaële

Zolvix® utilisé une fois par an devrait permettre de doubler la durée de vie des autres antiparasitaires ovins.

Novartis a présenté lors d’un symposium satellite au congrès national des GTV, le 27 mai à Lille, sa nouvelle molécule nématocide : le monépantel (Zolvix®). Depuis le lancement il y a près de trente ans du premier endectocide, l’ivermectine, l’arsenal antiparasitaire s’est bien élargi en 1995 à quelques lactones macrocycliques supplémentaires, comme la doramectine ou la moxidectine. Mais aucun anthelminthique d’une nouvelle classe antiparasitaire n’a été ni développé ni commercialisé.

Le monépantel est le premier composé d’une nouvelle classe, les dérivés d’amino-acétonitrile (AAD). Cela constitue donc une véritable innovation, d’autant que ce développement est dicté par la nécessité de lutter contre l’émergence des résistances aux antiparasitaires.

Un mode d’action différent qui découle de la découverte d’un nouveau récepteur

En fait, ce développement est d’abord associé à la découverte d’un nouveau récepteur synaptique àacétylcholineappeléMPTL1 (pour monépantel1). Le monépantel bloque ce récepteur en position ouverte et provoque la paralysie des nématodes et leur mort. L’important dans ce mode d’action est qu’il diffère de tous les autres antiparasitaires. Ainsi, le monépantel est « efficace contre les souches de parasites résistants aux lactones macrocycliques, aux benzimidazoles, au lévamisole, etc. », souligne l’Agence européenne du médicament qui a évalué ce nouveau médicament.

Chez les moutons, l’émergence de résistances à ces antiparasitaires dans certains pays (notamment en Australie, en Nouvelle-Zélande, au Royaume-Uni, etc.) justifie le développement mondial de cette molécule pour la production ovine. En France, la résistance des nématodes existe chez les ovins, mais est moins bien recherchée et sans doute un peu moins préoccupante que dans d’autres pays.

Néanmoins, selon les modélisations mathématiques, il est possible de retarder de plusieurs années l’émergence des résistances par une rotation des familles d’antiparasitaires. Ainsi, l’introduction du monépantel dans cette rotation, sur la base d’un seul traitement annuel des brebis ou des agneaux, permettrait de diminuer le nombre de souches résistantes à tous les antiparasitaires. Au final, la durée d’efficacité de l’ensemble des antiparasitaires pourrait ainsi être doublée, avant que les résistances ne posent problème.

Notre confrère Jérôme Blanchet, chef de produit et conseiller technique chez Novartis, ne conseille donc ni un usage systématique du monépantel – ce qui conduirait à observer aussi l’émergence de résistances à ce nouvel nématocide en quelques années – ni de le réserver en recours, quand il sera trop tard, car les résistances aux autres antiparasitaires seront déjà bien installées… Mais il recommande un traitement annuel avec le monépantel.

Le nouveau nématocide est formulé en émulsion buvable plus stable

Avec une demi-vie d’environ cinq jours, l’antiparasitaire n’est pas rémanent comme les lactones macrocycliques pour éviter la longue persistance de concentrations sélectionnantes lors de son élimination. Il n’est pas actif contre les trématodes. Son temps d’attente est de sept jours danslaviande,avec une contre-indication d’emploi chez les brebis laitières par absence de limites maximales de résidus dans le lait. En revanche, il n’est pas contre-indiqué chez les brebis en gestation ou en lactation si le lait n’est pas destiné à la consommation humaine. Cette molécule est associée à une galénique originale. Il s’agit d’une émulsion buvable stable à 2,5 mg/ml dans un excipient à base d’alphatocophérol. Elle ne nécessite pas d’agitation avant l’emploi, contrairement aux classiques suspensions buvables. Le pistolet doseur Optiline® est également inédit. Il s’agit d’un pistolet “en ligne”, plus facile d’utilisation (voir photo). Il est tellement original qu’il peut être acheté seul pour environ 45 €HT en centrale.

Employé à la dose de 2,5 mg/kg (soit 1 ml pour 10 kg), Zolvix® est présenté en bidons de 1 l à 180 € HT et de 2,5 l à 440 €HT (prix centrale).

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