Technique de césarienne : la voie du consensus est semée d’embûches

La durée moyenne de la césarienne est de cinquante-trois minutes. » Une enquête, menée auprès de quelque cinq cents vétérinaires français, belges et suisses, a permis d’étudier leur pratique de la césarienne (indications, circonstances et techniques de réalisation). Les premiers résultats ont été présentés aux Journées nationales des Groupements techniques vétérinaires à Lille, le 27 mai dernier.

Etablir un cahier des charges est difficile devant la disparité des pratiques

Cette enquête, de nature descriptive pour le moment, s’inscrit dans l’objectif plus ambitieux d’établir un cahier des charges de la bonne réalisation de la césarienne. « Nous souhaitons préciser ce qu’il est conseillé de faire, pas d’obliger à faire », précise Christian Hanzen (faculté vétérinaire de Liège), l’un des promoteurs de l’enquête, qui a animé un atelier de discussions sur le sujet lors du congrès. « Le but de l’atelier est de proposer un lieu d’échanges des pratiques de terrain, en complément des données issues de l’enquête, afin de l’affiner ». Car l’étude n’est pas terminée. Elle est en cours en Belgique flamande, aux Pays-Bas et en Irlande. Et une analyse plus fine des résultats est prévue.

Environ quatre-vingts congressistes, praticiens et universitaires, belges ou français, sont venus participer à l’atelier. Dans une ambiance animée, ils ont chacun défendu leurs habitudes. Et devant la disparité des pratiques, voire leur franche opposition, trouver des pistes de consensus semble un travail bien ardu. L’administration préalable d’un utérorelaxant peut-elle être conseillée ? Est-il préférable d’extérioriser la corne utérine avant l’incision, ou d’inciser l’utérus dans la cavité abdominale ? Faut-il systématiser l’administration d’anti-inflammatoires non stéroïdiens ? « La technique de la césarienne effectuée sur une vache charolaise qui pousse depuis plusieurs heures et dont l’utérus est dur et anoxique n’est pas comparable à celle pratiquée en race blanc-bleu belge, avant le travail, sur un utérus encore souple ! », s’est exclamé Nicolas Roch, praticien en Bourgogne. Et au-delà de l’aspect technique, d’autres facteurs entrent en compte, comme le tarif de l’acte (concurrentiel en Belgique), ou les critères retenus par les sociétés d’assurances dans leur expertise en cas de complications. « En Charolais, la responsabilité du vétérinaire est systématiquement engagée s’il n’a pas administré un utérorelaxant et réalisé une double suture utérine », assure Nicolas Roch. Attention donc aux conséquences de la publication d’un guide de bonnes pratiques.