La trachéostomie est un véritable outil thérapeutique - La Semaine Vétérinaire n° 1408 du 04/06/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1408 du 04/06/2010

Chirurgie

Formation continue

RURALE

Auteur(s) : Catherine Cavarait

La mise en œuvre de cette technique chirurgicale est souvent la seule solution pour que l’animal ait une chance de retourner en production.

La trachéostomie(1) est une pratique chirurgicale peu répandue en rurale. Pourtant, le protocole chirurgical est simple, sa réalisation nécessite peu de matériel, le pronostic postopératoire est bon et les soins sont limités. Indiquée dans le cas des détresses respiratoires hautes graves, son effet est souvent bénéfique dès la première intention ou après un échec des traitements médicamenteux. Grâce à la trachéostomie, le bovin reprend sa production ou son engraissement dans des conditions presque normales. Toutefois, une atteinte simultanée des voies respiratoires basses assombrit le pronostic postopératoire. Notre confrère Gilles Rouquet a présenté les points clés du protocole chirurgical de la trachéostomie. L’opération d’un veau dure entre trente et quarante-cinq minutes.

Trouver un compromis entre la contention et une anesthésie suffisante

L’idéal est d’intervenir sur un animal couché sur le dos avec la tête en extension (voir photo 1). L’anesthésie est délicate. En effet, un animal en détresse respiratoire présente un risque de collapsus cardio-respiratoire important. Ainsi, lorsque la contention est facile, chez les veaux notamment, notre confrère recommande de se limiter à une anesthésie locale. Dans un second temps, une anesthésie générale peut être instaurée, lorsque le flux d’air dans la trachée est rétabli. L’anesthésie gazeuse, confortable pour l’animal et le chirurgien, nécessite une intubation via une trachéotomie distale du site chirurgical de la trachéostomie (voir photo 2).

Quel que soit le site chirurgical (voir figure 1), le protocole opératoire est identique. Après un rasage et une désinfection de la zone, la peau est incisée sur 10 à 12 cm de long et sur 2 à 3 cm de large, au niveau du tiers cranial de la trachée, en arrière du larynx (voir photo 3 et ). La longueur de l’incision correspond aux cinq ou six premiers anneaux trachéens. La peau est disséquée avec des ciseaux à bords mousse. Les muscles sous-peauciers sont disséqués de la même façon (voir photo 4). La dissection et l’excision des muscles sterno-hyoïdiens permettent d’accéder à la trachée (voir photo 5). Ayant été confrontés à la fermeture de la stomie chez une génisse charolaise, Gilles Rouquet et ses associés recommandent, pour ce type d’animaux, de retirer un lambeau plus important, ainsi qu’une partie des muscles sous-peauciers et sterno-hyoïdiens.

Enlever au moins trois anneaux trachéaux sans léser les muqueuses

L’étape suivante est la plus délicate. Elle consiste en l’ablation d’un tiers de la circonférence de trois à quatre anneaux trachéaux, sans léser la muqueuse et la sous-muqueuse trachéales. « Je dissèque la muqueuse avec un instrument mousse en passant sous l’anneau trachéal (voir photo 6). Dans un second temps, je coupe le tiers de la circonférence de l’anneau », explique notre confrère. « Enlever deux anneaux n’est pas suffisant, il faut en décoller au minimum trois, sinon le risque de fermeture de la stomie augmente. » A l’inverse, un collapsus trachéal peut survenir si une trop grande partie de la circonférence des anneaux trachéaux est retirée. Toutefois, cette complication semble être prévenue par une opération sur la portion ventrale de la trachée. Il est possible de retirer le cartilage cricoïde (voir figures 2 et 3), il s’agit alors d’une trachéolaryngostomie, méthode de choix lors de laryngite nécrotique ou lorsqu’il est nécessaire d’avoir un bon accès au larynx.

Une fois les anneaux trachéaux retirés, la muqueuse est incisée à 1 cm de l’anneau trachéal proximal et jusqu’à 1 cm de l’anneau trachéal distal. Les extrémités sont incisées en Y (voir figure 1). Les bords de la muqueuse trachéale sont alors suturés à la peau par des points simples (voir photo 7). Bertrand Guin, praticien à La Clayette (Saône-et-Loire), a simplifié le protocole et obtient des résultats équivalents. « Il enlève un tiers de la circonférence des anneaux avec la muqueuse et suture de la même manière la muqueuse et les anneaux trachéaux à la peau », a indiqué Gilles Rouquet (voir photos 8 et 9).

La trachéotomie présente de nombreux inconvénients

Un traitement anti-inflammatoire non stéroïdien permet de limiter l’œdème de la plaie et une antibiothérapie à large spectre est prescrite. La trachéostomie ne nécessite quasiment aucun entretien (voir photo 7). « Lors de suppuration ou d’écoulement important, un nettoyage de la zone suffit à une évolution favorable de la cicatrisation », a précisé le conférencier. Le mucus ne gêne pas le passage de l’air et un nettoyage hebdomadaire de la plaie est suffisant. A long terme, la plaie devient sèche et quasiment invisible. L’animal respire par la stomie. Sa fermeture est possible. Si l’animal a récupéré un larynx fonctionnel, cela ne pose pas de problème.

Lors d’une insuffisance respiratoire aiguë et si la lésion présente un bon pronostic, rétablir un flux d’air via une trachéotomie temporaire peut suffire. Cette technique présente plusieurs inconvénients, souventà l’origine de son échec. Les soins postopératoires et le suivi médical sont exigeants, l’absence de guérison plus fréquente (voir photo 10). Sa mise en œuvre dépend étroitement de la volonté et d la disponibilité de l’éleveur. Bien que plus délicate du point de vue chirurgical, la trachéostomie offre un meilleur taux de réussite et un suivi aisé.

  • (1) La trachéotomie est temporaire : le flux d’air est rétabli via un tube de trachéotomie retiré au bout de quelques jours. La trachéostomie, elle, est définitive.

CONFÉRENCIER

Gilles Rouquet, praticien à Gavray (Manche).

Article rédigé d’après une conférence présentée lors de la Journée normande vétérinaire le 13 octobre 2009 à Deauville, puis de nouveau présentée durant les Journées nationales des GTV 2010, à Lille.

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