La cause vétérinaire s’invite à la mairie de Lille

Je suis ouvert à toutes les initiatives », a affirmé Roger Vicot, adjoint au maire de Lille, en réponse aux offres de services de Rémi Gellé, président du Syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral (SNVEL). Tous deux étaient réunis pour présenter leurs « réflexions communes » sur la problématique de la présence du chien dans la ville, le 27 mai dernier à l’hôtel de ville de la capitale des Flandres. Une première déclaration que les partisans des animaux de compagnie (vétérinaires, Société centrale canine, club Saint-Hubert du Nord,? etc.)? comptent bien transformer en actions.

Rémi Gellé n’a d’ailleurs pas manqué de relever que, si chaque agression de chiens sur des enfants suscite de « grosses émotions, bizarrement les vétérinaires ne sont pas souvent interrogés ». « Il est difficile d’entrer en contact avec les politiques pour entamer un dialogue sur la catégorisation des animaux et le lien social qu’ils contribuent à tisser, constate-t-il. Pourtant, quand le dialogue s’instaure, les élus sont contents de rencontrer des professionnels. »

Convaincre de la nécessité d’un vétérinaire “maillon essentiel” de la politique de la ville

Rémi Gellé et Gérard Muller, président de ZooPsy, ont développé devant l’élu local les multiples facettes de l’intervention des vétérinaires au quotidien. De la tenue du registre d’identification des chiens, en partenariat avec la Société centrale canine, à l’éducation et à la sensibilisation de la population, avec les clubs d’éducation canine, ils ont insisté ici sur l’importance du lien social à préserver, là sur les nuisances à contrôler ou encore sur les risques à supprimer. Ils ont cherché à convaincre de la nécessité d’un vétérinaire « maillon essentiel entre la municipalité et le propriétaire », rappelant au passage que les maires peuvent demander des évaluations comportementales et défendant l’idée d’un « couple “propriétaire-animal” citoyen ».

Intéressé, mais pas forcément convaincu, Roger Vicot a mis l’accent sur les limites des compétences municipales. « Nous avons une obligation en matière de suivi des chiens dangereux et des permis de détention. Au-delà, nous n’avons pas de contrainte. A Lille, nous travaillons particulièrement sur la problématique des jeunes errants avec un chien. » La ville a développé un partenariat avec une association d’insertion (le GPAL) et Anim’Aide⁽¹⁾ « pour aller à la rencontre de cette population dans sa globalité, pour entrer en contact différemment. Le succès rencontré pose le problème de l’exiguïté des locaux… », a expliqué Roger Vicot. Il a également tenu à relativiser la question des chiens dangereux, « hypermarginale » selon lui, faute peut-être de déclarations de morsures en mairie.

« Nous avons des choses à faire ensemble », a insisté Rémi Gellé, en proposant à l’élu de faire appel aux vétérinaires pour former le personnel municipal, pour sensibiliser et informer la population, etc. « Sollicitez-nous, nous vous accompagnerons dans votre politique de la ville. » L’appel est lancé. Il est juste regrettable que d’autres problématiques, comme la gestion des animaux en divagation ou les problèmes de propreté, n’aient pas été évoquées. Manifestement, il s’agissait d’une prise de contact.? Sans doute faudra-t-il encore bien d’autres rencontres, plus formelles, pour rapprocher les points de vue des uns et des autres et parvenir à délier les cordons des bourses municipales… une pratique peu développée dans le Nord.

• (1) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1404 du 7/5/2010 en pages 30-31.