Le stress du sevrage du porcelet comporte une valence oxydative

Chez le porc, le sevrage cumule de nombreuses sources potentielles de stress oxydatif : choc émotionnel, exercice physique, changement brutal d’alimentation », a expliqué notre confrère Fabrice Robert, de la firme Conseils et compétences en productions animales (CCPA). Les récentes recherches de cette société, menées en collaboration avec l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) de Paris et le CHU de Grenoble, ont mis en évidence la valence oxydative du stress lié au sevrage et sa possible correction nutritionnelle.

L’évaluation du stress oxydatif est complexe et repose sur une batterie de tests complémentaires, le dosage sanguin des enzymes et des antioxydants, celui des métabolites des oxydations des lipides, des protéines et de l’ADN (voir encadré). En outre, l’équipe de CCPA a étudié l’impact de l’inflammation sur la production des espèces réactives à l’oxygène (ERO, ^{voir figure 1}) via le dosage de l’haptoglobine. En effet, les cytokines pro-inflammatoires activent non seulement le système antioxydant, mais induisent également la synthèse de l’haptoglobine sous l’impact d’une infection, d’un traumatisme ou d’un stress, d’où l’intérêt de son dosage (^{voir figure 2}).

Le gain de poids moyen est supérieur chez les porcelets supplémentés en antioxydants

Deux jours avant un sevrage à vingt et un jours et jusqu’à six jours après, six porcelets ont fait l’objet de prélèvements sanguins quotidiens afin d’évaluer la valence oxydative du stress du sevrage. Les dosages indiquent une chute significative des antioxydants plasmatiques, une activation significative du système glutathion, une augmentation significative des hydroperoxydes (ROM, voir encadré). L’exploration de l’inflammation montre une hausse significative de l’haptoglobine plasmatique, six jours après le sevrage. Aucun signe clinique n’ayant été observé chez ces animaux, ces résultats attestent de l’induction d’un stress oxydatif et d’une inflammation lors du sevrage.

L’intérêt d’une correction nutritionnelle a été évalué avec l’ajout de 0,2 % d’un adjuvant antioxydant composé de vitamines A et C, des vitamines du groupe B, de polyphénols, de zinc et de sélénium. Dans un lot de cent soixante porcelets sevrés à vingt et un jours, les paramètres biochimiques sanguins de douze animaux qui ont reçu le supplément nutritionnel (lot “adjuvant”) ont été comparés à ceux de douze animaux ayant absorbé l’aliment non supplémenté.

Sept marqueurs attestent de l’effet positif de l’apport en antioxydants. Dans le lot “adjuvant”, la glutathion peroxydase est moins activée, le niveau de glutathion oxydé plus faible (p < 0,029) et le rapport glutathion réduit sur glutathion oxydé plus élevé (p < 0,021). La vitamine C (p < 0,07), la vitamine A (p < 0,045) et le sélénium (p < 0,001) plasmatiques sont plus élevés, et les ROM plus faibles (p < 0,017).

Le gain de poids moyen des porcelets supplémentés en antioxydants est supérieur (360 g versus 290 g, p < 0,05). Une corrélation positive est mesurée entre le gain moyen quotidien (GMQ) des porcelets et les concentrations plasmatiques en zinc, sélénium, vitamine A et le rapport glutathion réduit sur glutathion oxydé. Par ailleurs, ce dernier rapport est noté comme plus important lorsque les concentrations plasmatiques en zinc, sélénium et vitamine A sont élevées. En outre, plus les concentrations plasmatiques en zinc, sélénium et vitamine A sont élevées et plus les niveaux des hydroperoxydes (ROM) sont faibles.

« De nombreuses autres situations sont associées au stress oxydatif chez le porc, comme les phases de forte croissance, les stress environnementaux, les infections respiratoires ou bactériennes, les phénomènes de nécrose d’oreilles, etc. », a souligné Fabrice Robert.