Les chiens de protection sont encadrés à l’échelle nationale pour plus d’efficacité et de sécurité - La Semaine Vétérinaire n° 1405 du 14/05/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1405 du 14/05/2010

Protection des troupeaux ovins et caprins

Éclairage

CYNOPHILIE

Auteur(s) : Céline Carles

Un programme sur les chiens de protection des troupeaux a été initié dans le but d’améliorer leur efficacité, tant au niveau de leur qualité pastorale qu’à celui de la maîtrise des risques d’agressivité.

Avec le retour des grands prédateurs (tels que les loups dans les Alpes et les ours dans les Pyrénées) et la continuelle menace exercée par les chiens errants et la petite faune sauvage (renards, sangliers, etc.), le nombre de chiens de protection au travail en France a connu un essor important depuis vingt ans, pour atteindre aujourd’hui mille cinq cents individus environ. Face aux attaques de prédateurs, les chiens de protection de troupeaux d’ovins et de caprins se sont imposés comme une technique efficace. Cependant, s’équiper de chiens de qualité n’est pas toujours facile pour les éleveurs, et parfois les résultats peuvent être décevants : chiens peu efficaces car pas attachés au troupeau, ou chiens qui présentent des comportements déviants, voire dangereux, vis-à-vis de l’homme. Des plaintes pour pincements ou morsures ont été enregistrées dans les zones touristiques (alpages, chemins de randonnées), ainsi que pour nuisances (aboiements nocturnes, divagation, etc.) dans les villages qui accueillent des chiens de protection. Avec l’évolution de la législation sur la prévention contre les chiens dangereux, le ministère de l’Agriculture a chargé l’Institut de l’élevage, en collaboration avec la Société centrale canine (SCC) et d’autres partenaires techniques, de conduire un programme de travail visant à garantir au mieux la qualité des chiens utilisés et à sécuriser la technique de protection vis-à-vis des hommes, en essayant de détecter les chiens potentiellement dangereux. Ce programme national a été lancé en décembre 2006, pour une durée de trente mois.

Près d’un millier de chiens au travail

Une des actions du programme a consisté à réaliser le recensement des chiens de protection au travail. En décembre 2009, près d’un millier ont été répertoriés et les informations qui les concernent (race, âge, sexe, tatouage, ascendance, conditions de travail, etc.) ont été compilées dans une base de données gérée par la SCC. Elles ne sont accessibles qu’aux partenaires du programme national. La race montagne des Pyrénées est largement prédominante (84,5 % des chiens recensés). La deuxième race la plus utilisée est le maremme-abruzzes, d’origine italienne. Les chiens de protection déclarés “mordeurs” par leurs propriétaires (qui ont mordu au moins une fois un homme) représentent 6,6 % de la population recensée, un chiffre comparable au taux national qui est de 6,25 %. Les chiens de protection ne sont donc pas plus “mordeurs” que les autres types de chiens. Au-delà du recensement, l’objectif de cette action est aussi d’envisager un travail d’amélioration de la qualité génétique des chiens, avec une meilleure connaissance des reproducteurs potentiels qui permettrait de mieux raisonner les accouplements.

L’évaluation passe par trois tests de comportement

Une autre mission a eu pour objectif d’élaborer trois tests simples de comportement qui permettent d’évaluer le risque d’agressivité des chiens vis-à-vis de l’homme et leur valeur pastorale : test de la mise au troupeau, test du randonneur et test du vététiste (voir encadré ci-contre). Ces épreuves, qui ne provoquent pas les chiens, retranscrivent des situations qui peuvent être vécues dans leur cadre de travail. Après expérimentation, les traitements statistiques montrent qu’il est possible de discriminer de manière significative les chiens “mordeurs” des chiens “non mordeurs”, ainsi que les “bons” chiens de protection des “mauvais”, par le biais de plusieurs comportements (voir tableau).

Deux modèles de décision ont alors été élaborés. Le premier permet de classer les chiens selon les risques d’agressivité qu’ils présentent. Son intérêt est d’anticiper, c’est-à-dire d’évaluer les chiens avant même qu’une morsure survienne. Le second attribue un score aux chiens selon leur qualité pastorale. Ces tests seront bientôt réalisables sur le terrain, chez les éleveurs désireux de faire évaluer leurs chiens par des équipes de testeurs spécialement formées et agréées. Les résultats seront intégrés dans la base de données. Même si les tests proposés permettent d’évaluer le risque d’agressivité, ils ne sont pas comparables à l’évaluation comportementale effectuée par les vétérinaires sur des chiens jugés dangereux ou ayant mordu. De plus, ces tests n’expliquent pas l’agressivité (territoriale, prédatrice, hiérarchique, par peur, etc.). Pourtant, la connaissance de cette information pourrait être utile pour envisager des solutions au problème. Il pourrait être intéressant d’apprécier le tempérament des chiens pour avoir un éclairage plus précis de l’agressivité exprimée par les sujets “mordeurs”. Les vétérinaires, qui jusque-là n’ont pas été intégrés au programme, auraient alors un rôle à jouer.

Description des trois tests d’évaluation des chiens de protection

• Test de la mise au troupeau

Objectif :

– mesurer l’envie du chien d’être avec le troupeau (attachement au troupeau) ;

– mesurer les perturbations et dérangements que le chien génère dans le troupeau (respect des animaux).

Le chien, gardé à l’écart des animaux jusque-là, est introduit dans une parcelle circulaire constituée de quatre filets électrifiés et contenant entre cinquante et cent animaux. Le chien a dix minutes pour s’intégrer au troupeau.

Observations :

– le comportement du chien après son introduction dans la parcelle (approche du troupeau) ;

– le comportement du chien vis-à-vis des animaux après son introduction dans la parcelle (intégration au troupeau) ;

– le positionnement du chien par rapport au troupeau.

• Test du randonneur

Objectif :

– observer la réactivité du chien face à un intrus humain ;

– mesurer le potentiel d’agressivité du chien vis-à-vis de l’homme.

Observations : le chien de protection est dans la parcelle depuis dix minutes. Le testeur, inconnu du chien et resté caché jusqu’alors, sort, se fait repérer par le chien en donnant un coup de sifflet et s’approche du filet en marchant normalement dans la zone la plus éloignée du troupeau. Il reste alors immobile près du filet pendant quinze secondes, puis longe le filet pour se rapprocher du troupeau, s’arrête quinze secondes à proximité du troupeau, termine le tour du filet et repart pour disparaître de la vue du chien.

• Test du vététiste

Ce test commence trois minutes après la fin du test du randonneur. Il se déroule de la même manière, le testeur faisant le tour du filet avec un vélo tout terrain sans marquer de temps d’arrêt près du troupeau.

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