Le rapport d’un député vétérinaire défend l’utilisation des pesticides

Le député UMP de la Manche Claude Gatignol, vétérinaire de son état, peut se réjouir. Son rapport « Pesticides et santé », rendu public le 28 avril dernier par l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst), n’aura pas été inutile. Le projet de loi Grenelle II sur l’environnement, définitivement adopté par l’Assemblée nationale le 11 mai, a été largement influencé par ses conclusions. Désormais, la restriction d’utilisation d’un pesticide, ou son retrait, est soumise à l’évaluation de ses effets socio-économiques, et non plus seulement sanitaires ou écologiques. La santé humaine et l’environnement ne sont donc plus prioritaires, alors que le Grenelle I avait fixé comme objectif de diviser par deux l’utilisation des pesticides d’ici à 2050. Mais pour Claude Gatignol et son coauteur, le député UMP de la Marne Jean-Claude Etienne, professeur de médecine, cet engagement faisait courir trop de risques « à un pan entier de notre économie ». Dans leur texte, ils se demandent même si « les bénéfices liés à l’usage des pesticides sont suffisamment pris en considération », car leur utilisation garantit à l’agriculteur « la sécurité de revenus stables » et au consommateur des produits « accessibles au plus grand nombre ».

La France est le principal consommateur de pesticides en Europe

Le rapport rappelle que la France est le premier producteur agricole européen, mais aussi le principal consommateur de pesticides en Europe et le quatrième au niveau mondial. Les pesticides et leurs résidus « sont présents dans tous les compartiments de l’environnement », concèdent les auteurs, mais leur usage est « sérieusement limité et encadré ». Les effets sur la santé ne seraient pas démontrés. « Aucune étude scientifique n’est en mesure aujourd’hui de faire un lien chez l’homme entre la consommation d’aliments issus de l’agriculture conventionnelle, qui utilise des produits phytopharmaceutiques, et la survenue de maladies », estime le rapport qui reconnaît tout de même que les agriculteurs souffrent davantage de certaines maladies, comme des cancers, des maladies respiratoires ou des troubles de la reproduction. Mais « ils ne sont pas exposés aux seuls pesticides ». Guy Joncour, président de la section “faune sauvage” de la Société nationale des Groupements techniques vétérinaires, a réagi vertement. Dans un courrier adressé à Claude Gatignol, il « reste abasourdi d’une telle prise de position de la part d’un confrère rompu, certainement, au terrain. (…) Le summum de la gêne est atteint quant à moi, lorsque vous affirmez que “la sécurité alimentaire est dans certains cas renforcée grâce à l’emploi de pesticides”. (…) Dire ma déception serait un euphémisme : j’ai honte de révéler votre appartenance à la profession vétérinaire, dont j’étais, globalement fier en termes de défense de la qualité ».