La rhinoscopie complète utilement l’imagerie en coupe - La Semaine Vétérinaire n° 1405 du 14/05/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1405 du 14/05/2010

Affections des cavités nasales chez le chat

Formation continue

ANIMAUX DE CONTINUE

Auteur(s) : Laurent Masson

Cette technique permet notamment de réaliser des biopsies, le lymphome nasal représentant 30 à 70 % des tumeurs naso-sinusales.

Face à un jetage chronique chez le chat qui ne rétrocède pas au traitement usuel de première intention, le praticien est parfois tenté de réaliser des analyses complémentaires : radiographie, scanner, imagerie par résonance magnétique (IRM), mais aussi examen endoscopique. Chez le chat, les cavités nasales sont difficiles d’accès en raison des nombreuses circonvolutions des cornets nasaux. Leurs sinus sont moins développés que chez le chien et l’espace explorable est assez restreint. Les lames éthmoïdales délimitent deux cavités nasales, l’une ventrale, l’autre dorsale. L’exploration du nasopharynx est rendue possible selon les considérations anatomiques. Après avoir posé la problématique de cet examen dans l’espèce féline, notre confrère Nicolas Girard prévient que « la rhinoscopie est difficilement envisageable chez des individus de moins de 4 kg ».

D’un point de vue matériel, il convient de choisir une optique de 2,7 ou 1,9 mm, avec un canal d’irrigation et d’aspiration utile pour maintenir l’observation en éliminant les collections. La qualité de l’irrigation et de l’aspiration est dépendante de l’espace mort résiduel entre la chemise et l’optique de l’endoscope. Ainsi, une bonne irrigation entraîne une augmentation du diamètre de la chemise, ce qui limite les possibilités d’examen ; un compromis est donc nécessaire. Pour les mêmes raisons, une chemise avec canal opérateur est rarement utilisable chez le chat.

Une anesthésie locorégionale permet de limiter les arrêts respiratoires

Une fois anesthésié et intubé, l’animal est placé en décubitus ventral, une position qui a la préférence du conférencier par rapport au décubitus latéral, également envisageable. Des compresses sont placées au niveau du pharynx pour maîtriser les conséquences d’une irrigation importante et les saignements.

Une anesthésie locale ou locorégionale est utile pour maîtriser au mieux la douleur et diminuer le plan de l’anesthésie générale, tout en évitant les arrêts respiratoires fréquemment observés autrement. Localement, une solution de xylocaïne à 5 % et de naphazoline est utilisée. Au plan régional, l’induction d’une analgésie est également possible au niveau du foramen maxillaire et sphéno-palatin en région sous-ptérygoïdienne. En pratique, une solution analgésique, par exemple de bupivacaïne adrénaline, est injectée en arrière de la dernière molaire, en direction de l’œil.

L’exploration est souvent frustrante et ne peut pas durer longtemps (généralement, une dizaine de minutes). Il est donc important de bien préparer son matériel avant de commencer l’examen. Naturellement, l’exploration débute par les cavités nasales dorsales, puis continue, chez les chats de grande taille, par les cavités nasales ventrales et le nasopharynx.

Les saignements sont rapides, d’où la nécessité d’un système d’irrigation et/ou d’aspiration suffisant. Une mèche intranasale peut être laissée en place plusieurs heures en phase postopératoire. Nicolas Girard conseille d’hospitaliser l’animal le reste de la journée pour une surveillance étroite du réveil.

Un “flushing” nasal est recommandé lors de rhinites inflammatoires chroniques

Les affections rencontrées sont inflammatoires dans deux tiers des cas (secondaires à une infection virale) ou néoplasiques dans le dernier tiers. Généralement, un écoulement nasal bilatéral, chez un jeune chat qui a des antécédents d’infection virale, évoque une rhinite inflammatoire, tandis qu’une hypothèse de tumeur nasale est privilégiée lors d’écoulement unilatéral chez un chat âgé. Les rhinites chroniques observées à la suite du développement d’une infection virale entraînent une congestion nasale et, à terme, une atrophie des muqueuses. L’irrigation peropératoire agit comme une détersion des cavités nasales. Nicolas Girard constate que cette détersion est utile au pronostic thérapeutique, par le simple bénéfice mécanique réalisé. Par conséquent, la détersion sous pression d’un soluté physiologique, ou “flushing” nasal, est une étape thérapeutique intéressante lors de rhinites inflammatoires chroniques. Ce nettoyage rend aussi plus efficace l’instillation de médications intranasales.

Les corps étrangers intranasaux sont rares chez le chat

Des polypes sont observés dans les cavités nasales mais, la plupart du temps, il s’agit d’une extension d’un polype de la trompe d’Eustache ou de l’oreille moyenne à l’origine de symptômes plus marqués. Bien qu’un polype nasopharyngé soit bénin, des complications marquées, liées à son encombrement et aux surinfections, peuvent apparaître.

Les corps étrangers sont rarement observés chez le chat, de même que l’aspergillose et la cryptococcose qui touchent des individus provenant de l’étranger (Australie ou Californie, par exemple). Lors de mycoses, des images évocatrices, réfringentes, en placard, sont observées. Contrairement au chien, le traitement per os est considéré comme plus efficace que le traitement local. Le pronostic est réservé, en raison du taux de récidives élevé et des effets secondaires hépatiques liés aux molécules utilisées.

Une biopsie est conseillée face à toute lésion congestive ou érosive

La rhinoscopie permet de réaliser des prélèvements in situ dont les conclusions histologiques sont parfois frustrantes, car non spécifiques (du type “infiltration lymphoplasmocytaire”). La prévalence du lymphome nasal étant largement sous-estimée (30 à 70 % des tumeurs sinusales), il est toujours opportun de réaliser des biopsies de bonne qualité devant tout type de lésion congestive ou érosive.

Le traitement des affections nasales d’origine tumorale repose sur la chirurgie, la radiothérapie et/ou la chimiothérapie. Le rôle central de la radiothérapie est maintenant bien établi, mais il ne faut pas déprécier l’intérêt de la chirurgie palliative. Le consentement éclairé du propriétaire peut être obtenu après un exposé clair et sincère des bénéfices attendus.

Ainsi, la rhinoscopie est un examen souvent partiel, mais qui permet de réaliser des biopsies afin de clarifier les différentes possibilités thérapeutiques. Elle doit être associée à un examen bucco-dentaire sous anesthésie (radiographie intra-orale, sondage parodontal). La rhinoscopie est un examen complémentaire qui est régulièrement associé au scanner ou à l’IRM. L’ordre de prescription de l’imagerie vis-à-vis de l’endoscopie est lié aux disponibilités locales, au type d’affection suspectée et aux volontés du propriétaire. Il est fréquent d’avoir finalement recours à ces deux moyens, l’un après l’autre.

CONFÉRENCIER

Nicolas Girard, consultant à Ollioules (Var) et La Gaude (Alpes-Maritimes).

Article rédigé d’après la conférence « Rhinoscopie chez le chat », présentée au congrès du Chat à Arcachon, en mai 2009.

Formations e-Learning

Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »

En savoir plus

Boutique

L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire

Agenda des formations

Calendrier des formations pour les vétérinaires et auxiliaires vétérinaires

Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.

En savoir plus


Inscrivez-vous gratuitement à nos Newsletters

Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.

Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire

Retrouvez-nous sur
Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr