Un apport séquentiel de blé entier peut améliorer l’indice de consommation - La Semaine Vétérinaire n° 1404 du 07/05/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1404 du 07/05/2010

Alimentation des poules pondeuses

Formation continue

FILIÈRES

Auteur(s) : Alassane Kéïta

Utiliser les céréales produites sur l’exploitation constitue une solution de bon sens en termes d’économie d’énergie liée au transport et à la transformation, tout en réduisant le coût des aliments pour l’aviculteur. Elles peuvent être soit mélangées dans l’aliment soit distribuées de façon séquentielle. Une étude(1) a comparé ces deux techniques par rapport à la distribution d’un aliment classique sous forme de farine chez la poule pondeuse.

A dix-neuf semaines d’âge, les deux cent quarante poules de l’étude sont réparties en quarante-huit cages de cinq individus de poids homogène, qui sont soumises à trois régimes différents(2). Les poules T (“témoins”) reçoivent un aliment complet en farine en deux repas (à 8 h 30 et 15 h 30). Les poules S (“groupe séquentiel”) reçoivent la moitié de leur ration sous forme de blé entier le matin, puis l’aliment complémentaire (C50) l’après-midi, dont la granulométrie est identique à celle du régime T. Les poules M (groupe “mélange”) ont deux repas d’un même aliment contenant 50 % de blé entier et 50 % de C50.

L’expérience se déroule de la 19e à la 47e semaine d’âge. Les paramètres mesurés sont le poids vif (à 19, 26, 37 et 47 semaines), les ingestions hebdomadaires, le nombre et le poids quotidien des œufs, ainsi que la proportion de jaune dans les œufs (une fois toutes les quatre semaines, un œuf par poule). Au terme de l’étude, les poids du proventricule, du gésier, du pancréas et des segments du tube digestif de seize poules par type de régime sont relevés.

A quarante-six semaines, les poules S pèsent 1,723 kg, soit 100 g de moins que les témoins et 139 g de moins que les poules M (p < 0,01). Les ingestions totales des poules T et M sont semblables, tandis que les poules S ont consommé moins de blé (50 g/j) que de C50 (59 g/j). Au contraire, les animaux du groupe M ont ingéré significativement moins de C50 (57 g/j) et significativement plus de blé entier (59 g/j) que le groupe S. Toutefois, la proportion de blé consommée par les poules pondeuses S augmente progressivement au cours de l’étude (de 44 à 54 g). En termes de caractéristiques de la production d’œufs (taux de ponte, poids moyen et nombre d’œufs), aucune différence significative n’est établie entre les groupes.

La production d’œufs des poules est similaire entre les différents groupes

Les poules S présentent une production d’œufs similaire avec une consommation d’aliment plus faible. Leur indice de consommation (1,98) est donc significativement amélioré par rapport à celui des pondeuses T (2,09) et M (2,18). En outre, les poids du gésier et du pancréas des poules S sont significativement plus élevés que ceux des témoins : 14,6 g versus 12,2 g et 1,9 g versus 1,8 g respectivement. Les valeurs pour le groupe M sont intermédiaires entre celles des groupes S et T.

Pour les auteurs, cet indice de consommation plus performant pourrait s’expliquer par un meilleur développement des capacités physiques et chimiques des organes qui président à la digestion. Par ailleurs, l’aspect séquentiel correspondrait mieux à l’appétit spécifique de la poule, davantage dirigé vers l’énergie juste après la ponte (le blé étant distribué à 8 h 30) et vers le calcium sept heures plus tard (l’aliment farine étant distribué à 15 h 30).

Cette étude montre qu’une administration de blé entier durant la journée avec un aliment complémentaire équilibré donne des résultats intéressants. Le poids plus faible dans le lot S avec une production d’œufs similaire à celle des autres lots est particulièrement encourageant. Il faut cependant veiller à ce que la perte de poids ne pénalise pas la carrière de la poule, dont la période de ponte se prolonge habituellement jusqu’à l’âge de soixante-dix semaines.

  • (1) N. Meme, M. Umar Faruk, L. Roffidal, P. Lescoat, I. Bouvarel : « Incorporation de blé entier dans l’alimentation de poules pondeuses selon différentes modalités d’apport en conditions proches de la pratique », 8e Journées de la recherche avicole, 2009, pp. 138-142.

  • (2) Les poulettes sont préparées au nouveau régime entre la 16e et la 18e semaine d’âge, jusqu’à un taux d’incorporation de blé de 50 %.

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