Un cathéter offre le même confort chez les NAC que chez les carnivores domestiques - La Semaine Vétérinaire n° 1403 du 30/04/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1403 du 30/04/2010

Perfusion

Formation continue

FAUNE SAUVAGE ET NAC

Auteur(s) : Agnès Faessel

Toutefois, sa pose puis sa tenue sont malaisées dans certaines espèces, en raison de la taille de l’animal et des possibilités de fixation, mais aussi des spécificités comportementales.

Chez un animal anesthésié et/ou hospitalisé, disposer d’une voie veineuse est indispensable. Cette règle est valable aussi pour les nouveaux animaux de compagnie (NAC). En théorie, car l’application pratique est parfois délicate. Ainsi, la pose d’un cathéter est aisément réalisable chez le furet, le lapin et les oiseaux de taille moyenne ou grande, mais le geste est plus difficile chez le cobaye, le chinchilla, les lézards, les serpents, etc. Selon l’espèce, la voie intra-osseuse peut être préférée. Le gabarit de l’animal et les possibilités de fixation du cathéter sont les freins principaux à sa pose. Certaines caractéristiques comportementales peuvent aussi remettre en cause son fonctionnement : mâchonnement du dispositif, flexion des membres au repos qui ralentit le débit de perfusion, par exemple.

D’une manière générale, le matériel requis comprend un cathéter fin (les plus récents le sont particulièrement : 26G, couleur violette) et, idéalement, un pousse-seringue.

Le dispositif doit être protégé des dents du furet

Chez le furet, le cathéter intraveineux se pose en premier choix sur la veine céphalique. Il faut veiller à le placer assez loin du pli du coude (presque au niveau du poignet), pour pouvoir le rentrer sur toute sa longueur. La zone est tondue et désinfectée. La peau est préalablement incisée à l’aiguille en regard de la veine, pour faciliter la mise en place du cathéter (24G, jaune). La contention de l’animal et la compression de la veine sont identiques à celles pratiquées chez le chat. Une anesthésie (flash à l’isoflurane)? est conseillée. La fixation à l’aide d’une bande adhésive (éventuellement aidée par l’apposition de glu) doit être soigneuse, afin d’éviter son mâchonnement par le furet. L’usage de bandes cohésives pour maintenir et couvrir le dispositif (tubulure incluse) est recommandé.

Peu d’autres veines sont disponibles dans cette espèce. La veine jugulaire est accessible, mais son usage impose l’anesthésie préalable de l’animal. Après la pose, le dispositif doit de nouveau être bien fixé et protégé.

Si les veines ne sont pas utilisables, l’usage d’un cathéter intra-osseux peut être une alternative (cathéter Cook® ou, à défaut, aiguille de 20 ou 22G). Il est alors placé dans le fémur, voire le tibia. Mais la technique requiert une anesthésie générale et une asepsie chirurgicale.

La veine auriculaire est intéressante chez certains lapins

Chez le lapin, la veine saphène externe est idéale pour poser un cathéter, car elle est accessible, facilement visible et palpable après compression. La peau, particulièrement épaisse dans cette espèce, doit être incisée au préalable à l’aide d’une aiguille. La perfusion est fonctionnelle durant une intervention chirurgicale. En revanche, l’animal vigile se tient assis, membres fléchis, ce qui ralentit le débit de perfusion. Dans le cas d’un lapin hospitalisé, le cathéter peut ainsi être placé de préférence sur une veine céphalique, suivant la même technique que pour un chat ou un chien.

La veine auriculaire peut aussi être utilisée, notamment chez les races à grandes oreilles. Elle est peu accessible chez le lapin nain et extra-nain, dont les oreilles sont petites.

Dans tous les cas, le dispositif doit être protégé des rongements : le cathéter est fixé (à l’aide de glu, par exemple) et maintenu par des bandes adhésives. La tubulure peut être enfilée dans une gaine en plastique (comme celles utilisées pour protéger les fils d’ordinateur). Elle est moins souvent attaquée, car moins gênante et hors du champ de vision, lorsque le cathéter est placé à la veine auriculaire.

Les autres espèces de rongeurs mordillent peu les tubulures. Mais la pose d’un cathéter intraveineux n’est pas possible chez toutes. Elle est envisageable pour le chinchilla et le cobaye, à la veine céphalique, sur un animal anesthésié et après une incision de la peau à l’aiguille. Les pousse-seringues et les pompes à perfusion sont particulièrement intéressants dans ce cas, car les volumes à perfuser sont réduits. Chez ces mêmes espèces, ainsi que chez le rat, un cathéter intra-osseux peut aussi être positionné dans le tibia, à travers le plateau tibial, en direction du tarse, sous anesthésie générale et en respectant une asepsie chirurgicale. Le cathéter ne peut rester en place que durant quelques jours (deux ou trois au maximum).

Le cathéter intraveineux est ôté au réveil de l’oiseau

Chez les oiseaux, la fragilité des veines favorise les hématomes. En outre, la finesse de la peau et la présence des plumes et de la membrane alaire ne permettent pas une bonne tenue des cathéters intraveineux. L’usage de ces derniers est donc souvent réservé aux oiseaux de grande taille, et pour la durée d’une intervention chirurgicale. Le cathéter (22 ou 24G) est placé sur la veine jugulaire droite chez les psittacidés et les rapaces. La compression s’effectue à la base de l’épaule et le cathéter est introduit dans le sens du courant sanguin. Le dispositif est retiré après l’opération. S’il est conservé après le réveil, la tubulure doit être ramenée et fixée dans le dos de l’oiseau. En effet, dans le cas contraire, elle constitue une gêne pour l’animal, car elle demeure dans son champ visuel en permanence. En outre, la fixation du cathéter sur le cou, à l’aide de bandes adhésives, peut comprimer le jabot et gêner la prise alimentaire.

Le cathéter peut également être positionné sur la veine alaire, pour des interventions autorisant le positionnement de l’oiseau en décubitus dorsal. Il est posé après anesthésie, au niveau de la jonction des veines ulnaires et radiales. Pour fixer ses ailettes, des bandes adhésives sont collées en dessous (sur les plumes) puis au-dessus du cathéter.

La veine métatarsienne médiale constitue une troisième option, prioritaire chez les palmipèdes et les échassiers. Le débit de perfusion diminue néanmoins dès lors que le membre est en flexion. Pour tous les oiseaux, l’usage d’un cathéter intra-osseux, positionné au niveau du tibiotarse, représente une alternative intéressante à la voie intraveineuse.

Les tortues et les lézards peuvent également être perfusés

Chez la tortue aussi, un cathéter intra-osseux peut être posé, dans le tibia ou au niveau de la jonction plastron-dossière. La veine jugulaire droite peut également être utilisée pour une voie veineuse. La pose du cathéter nécessite alors de maintenir la tête en extension, car la veine se situe à mi-hauteur du cou, dans le prolongement de l’écaille tympanique.

Enfin, pour les lézards, le site de premier choix est la veine coccygienne(comme chez les ruminants), chez un animal anesthésié en décubitus dorsal. Pour cela, une aiguille (18 ou 20G) est introduite le long du plan médian jusqu’à la veine qui longe les vertèbres coccygiennes. Cette aiguille tient seule, par la rigidité des écailles et des muscles de la queue. L’aiguille ne peut être maintenue en place hors décubitus dorsal ou latéral (animal anesthésié ou fortement apathique). Un cathéter intra-osseux peut être fixé dans le tibia chez l’iguane. Le cathétérisme chez le serpent n’est pas envisagé en pratique.

Bien entendu, le choix et la réalisation de toutes ces techniques sont à adapter selon le matériel, les habitudes et le savoir-faire du praticien.

CONFÉRENCIER

Emmanuel Risi, centre hospitalier vétérinaire Atlantia (Nantes).

www.exzooticvet.fr

Article rédigé d’après la conférence « Techniques de perfusion des NAC », présentée au congrès Fecava-Afvac 2009, Lille.

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