Leishmaniose féline, thélaziose, straelensiose sont trois parasitoses émergentes - La Semaine Vétérinaire n° 1403 du 30/04/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1403 du 30/04/2010

Parasitologie. Séance de l’Académie vétérinaire

Actualité

Auteur(s) : Valentine Chamard

De “nouvelles” maladies chez les carnivores domestiques ont été présentées mi-avril à l’Académie vétérinaire.

Leishmaniose : les chats aussi ! Si le chien est l’espèce cible et le réservoir de Leishmania infantum, le chat peut également être touché, ainsi que le furet et le cheval, a indiqué Gilles Bourdoiseau, du service de parasitologie de VetAgro Sup (Lyon), à l’occasion d’une séance de l’Académie vétérinaire, le 15 avril dernier. La zone d’endémie, centrée sur le pourtour méditerranéen (Cévennes et région niçoise), est en expansion géographique vers le nord, en particulier en Ardèche et dans la Drôme. Les signes généraux chez le chat sont peu spécifiques (cachexie, adénomégalie, abattement, anorexie) et les symptômes cutanés consistent en des ulcères, des nodules et des papules, situés de préférence sur la tête (pavillon auriculaire, truffe, paupières, lèvres, face). Le virus de l’immunodéficience féline (FIV) ne semble pas influencer la séropositivité vis-à-vis de Leishmania infantum. En revanche, les scientifiques ignorent si une séropositivité aux rétrovirus entraîne une évolution plus péjorative de la leishmaniose. A la différence des observations faites chez le chien, la séropositivité peut être fugace chez le chat. La prophylaxie est décevante, faute d’antiparasitaires à la fois efficaces et sûrs dans cette espèce. Des études sont à poursuivre quant au traitement, car les résultats publiés sont contradictoires. Le diagnostic est difficile à établir, en raison de la faible spécificité des lésions cutanées. En outre, la sérologie est peu fiable (séronégativation). La biopsie, avec une confirmation par polymerase chain reaction (PCR), est le meilleur moyen de diagnostic.

La thélaziose oculaire : attention aux cultures de fraises en Dordogne !

Un nouveau parasite est décrit en France, avec une explosion de cas en Dordogne : Thelazia callipaeda. Ce nématode de 2 cm vit sous la troisième paupière et dans le cul-de-sac conjonctival. Il est transmis par une drosophile (Phortica sp). Son hôte préférentiel est le chien et, dans une moindre mesure, le chat, les carnivores sauvages et les lagomorphes. Traditionnellement dénommé the oriental eyeworm en raison de sa présence en Inde, en Chine et au Japon, il est à l’origine de foyers observés depuis une dizaine d’années en Italie, dans la région de Basicalata, où 60 % des chiens sont aujourd’hui atteints, et dans la vallée d’Aoste. En 2000, des cas autochtones ont fait leur apparition en Suisse et en 2005 en Dordogne. Plus récemment, en 2009, des cas ont été recensés en Allemagne (Bull), près de la frontière française. Une enquête épidémiologique menée en Suisse montre que 5 % des chiens anesthésiés dans les cliniques vétérinaires sont porteurs du parasite. En France, l’école vétérinaire d’Alfort a envoyé un questionnaire à 983 cliniques du Sud-Ouest, en 2008, a expliqué Jacques Guillot, du service de parasitologie de l’ENVA, lors de la séance à l’Académie vétérinaire. 127 cas ont été rapportés en 2006 et 2007, dont 104 en Dordogne. Une clinique du département, située à Vergt, rassemble à elle seule 60 cas. La superposition de la carte des cas décrits chez le chien (un seul cas recensé chez un chat) et de celle de la production de fraises, qui attire les drosophiles, établit une corrélation de façon certaine. Parmi les cas observés, 58 % des animaux vivent à la campagne.

L’hypothèse la plus probable de l’émergence de cette parasitose est le voyage de carnivores domestiques en Italie, le cycle du parasite ayant pu être entretenu grâce à la présence de drosophiles chez les producteurs de fraises et la présence d’animaux dans ces exploitations. Des études vont néanmoins être diligentées auprès de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage. Le traitement consiste à retirer les parasites avec une pince. Les macrolides antiparasitaires présentent une bonne efficacité en prévention et en traitement.

La straelensiose : un prurit démentiel chez les chiens de chasse !

La straelensiose est une maladie parasitaire cutanée grave de description récente. Les premiers cas rapportés en France datent de 1999. Elle est due à l’enkystement temporaire dans les follicules pileux de larves d’acariens Straelensia cynotis (proches des trombiculidés). Le parasite vit dans les tanières du renard, qui est l’hôte habituel. Le chien est touché accidentellement. La maladie est présente au sud de la Loire. Des cas ont plus récemment été décrits dans le Centre, la Nièvre et l’Indre-et-Loire. Elle s’observe en milieu rural, chez les chiens de chasse, en particulier les terriers. La transmission est indirecte via le milieu extérieur. Les symptômes sont une douleur cutanée intense, avec une position algique et une hyperesthésie, qui peut conduire à de l’agressivité, a prévenu Eric Guaguère, praticien à Lomme (Nord), diplomate de l’European College of Veterinary Dermatology (ECVD). Un syndrome fébrile peut être associé. Les signes dermatologiques consistent en des papules centrées sur les follicules pileux pouvant atteindre un demi-centimètre. La dilatation de l’infundibulum pilaire par le kyste est observée à l’œil nu. La densité des papules est de deux à six par centimètre carré. L’amitraze constitue un traitement efficace, mais l’amélioration clinique est lente, entre un et trois mois. Il n’y a pas de contagion à l’homme.

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