Le vétérinaire est-il une espèce en voie d’extinction ? - La Semaine Vétérinaire n° 1403 du 30/04/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1403 du 30/04/2010

Entre nous

FORUM

Un marché perdu à deux reprises

Christine Médaille, directrice du laboratoire Vebiotel (Arcueil, Val-de-Marne).

Oui, le vétérinaire biologiste est une espèce en voie d’extinction. En 1974, une loi a ouvert l’accès de la biologie humaine aux médecins, aux vétérinaires et aux pharmaciens. Les décrets d’applications n’ont pas été pris. En l’absence de procédure pour organiser le recrutement des vétérinaires dans l’internat de biologie, aucun confrère ou presque n’a été admis, alors que nous étions attendus. Dans les années 90, la mise en place d’un décret interministériel créant un concours d’accès à l’internat de biologie médicale humain a été presque menée à bien. L’ensemble du dispositif avait été avalisé par le ministère de la Santé et la Commission nationale de la biologie médicale. La Direction générale de l’enseignement et de la recherche du ministère de l’Agriculture avait défini les modalités du concours, lesquelles étaient acceptées par le ministère de la Santé. Mais… pas de décret ! Ni l’Ordre, ni les écoles vétérinaires, ni la profession vétérinaire ne se sont battus, alors que la porte était grande ouverte. Comment Mme Bachelot a-t-elle pu annuler cette loi ? Du point de vue des compétences et dans un contexte marqué par l’émergence des zoonoses, notre place est évidente. Par ailleurs, les médecins et les pharmaciens peuvent exercer dans le domaine de la biologie vétérinaire sans aucune contrainte ni aucun prérequis. Le diplôme de biologiste vétérinaire n’existe pas. Pourquoi ne pas créer une vraie spécialité ? Il y a un terrain vierge, battons-nous collectivement pour créer ce diplôme.

Qu’est-ce qu’un vétérinaire ?

Emmanuel Bénéteau, praticien à Ancenis (Loire-Atlantique), président du Syndicat national des vétérinaires salariés d’entreprise.

Non, le vétérinaire n’est pas une espèce en voie d’extinction. Pour preuve, nous sommes de plus en plus nombreux à exercer ce métier. Mais qu’est-ce qu’un vétérinaire ? Un diplôme, un monopole d’exercice ? L’erreur serait de centrer notre diplôme sur l’exercice de la médecine et de la chirurgie. Sont alors exclus les autres secteurs professionnels au sein desquels les vétérinaires ont une place à prendre comme la nutrition animale, la zootechnie, la gestion de la qualité, etc. Oui, la profession est à rénover et à réaménager pour nous permettre d’investir des secteurs où nous ne sommes pas attendus, par exemple la gestion des entreprises et le commerce autour des productions animales. Cette stratégie nécessite de positionner le vétérinaire comme un architecte et non comme un maître d’œuvre ou un maçon. Ce n’est pas à lui de vacciner vingt mille poulettes. Que l’écornage des bovins soit fait par l’éleveur n’est pas un problème. Les tâches du maître d’œuvre et du maçon doivent être confiées à d’autres. Etre architecte nécessite un travail intellectuel et la collaboration avec d’autres corps de métier. Que voulons-nous faire ? Oui, le vétérinaire notable de son pays a disparu. Oui, le vétérinaire qui soigne toutes les espèces et qui est compétent en tout est en voie de disparition.

L’organisation de notre profession évolue

Philippe Henaff, praticien à Plancoët (Côtes-d’Armor), président du Conseil de l’Ordre de Bretagne.

La profession vétérinaire est attaquée sur son terrain d’exercice. Nous avons perdu le combat relatif à la direction des laboratoires d’analyses humaines, mais nous avons gagné des batailles. L’arrêté Riaucourt a donné raison à l’Ordre. Avec le décret prescription-délivrance, la profession s’en est bien sortie face au corporatisme des pharmaciens. De nouvelles échéances vont profondément modifier son organisation, mais ne la condamnent pas. La directive“services” va accélérer le regroupement des vétérinaires et l’augmentation de la taille des cliniques. Actuellement, un tiers des structures vétérinaires comptent un seul confrère, un tiers seulement deux, et moins d’un quart regroupent plus de trois praticiens. La délégation des actes, discutée dans le cadre des Etats généraux du sanitaire, doit être en cohérence avec cette évolution et ne pas nuire aux vétérinaires qui exercent seuls. Nos points forts pour défendre l’acte vétérinaire sont la certification sanitaire, la gestion des maladies contagieuses, la délivrance du médicament et le respect du bien-être animal. Enfin, n’oublions pas la position stratégique occupée par les vétérinaires en matière de dépistage des zoonoses et de santé publique. Non, le vétérinaire n’est pas une espèce en voie d’extinction, mais en pleine mutation.

Formations e-Learning

Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »

En savoir plus

Boutique

L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire

Agenda des formations

Calendrier des formations pour les vétérinaires et auxiliaires vétérinaires

Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.

En savoir plus


Inscrivez-vous gratuitement à nos Newsletters

Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.

Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire

Retrouvez-nous sur
Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr