La radiologie numérique affiche de réels atouts - La Semaine Vétérinaire n° 1401 du 16/04/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1401 du 16/04/2010

Matériel médical

Gestion

S’ÉQUIPER

Auteur(s) : Franck Durieux

Fonctions : diplomate de l’European College of Veterinary Diagnostic Imaging (ECVSI), praticien à la clinique Aquivet (Eysines, Gironde).

Réalisation de clichés de bonne qualité en toutes circonstances, économie de consommables, possibilité de recourir à la téléradiologie, respect de l’environnement : quatre bonnes raisons de “passer au numérique”.

La radiologie numérique succède peu à peu à la radiologie analogique dans le monde vétérinaire. L’objectif recherché est l’obtention de meilleurs clichés, en toutes circonstances, avec en outre un petit coup de pouce au respect de l’environnement. Elle permet aussi des économies en termes de consommables. En effet, l’impression sur film n’est plus une étape obligatoire, puisque le diagnostic se fait sur un ordinateur dédié, appelé station de travail. Cette nouvelle façon de lire les clichés peut être déstabilisante au début, mais elle se révèle un réel atout par la suite.

L’étape de postprocessing permet de retravailler l’image

Dans les systèmes conventionnels, plusieurs étapes (révélation puis fixation) sont nécessaires pour aboutir au développement une fois que les rayons X ont interagi avec le film argentique. Plus de 90 % des clichés ratés sont dus à un défaut ou à une erreur survenue après la prise du cliché. De plus, l’image est définitive. Il est impossible de travailler le contraste ou la luminosité a posteriori.

Avec la radiologie numérique, trois étapes aboutissent à l’obtention de l’image finale :

– le preprocessing, première phase de traitement de l’image, dépend du type de matériel utilisé et de la technologie choisie (plaques au phosphore, capteur plan ou CCD). A ce stade, la formation de l’image s’envisage par le biais d’un signal numérisable ou directement numérique. Cette étape n’est pas contrôlable par l’utilisateur ;

– le processing permet de transformer l’image obtenue, qui contient l’ensemble des données numériques (RAW Data). En effet, brute et peu contrastée, elle n’est pas utilisée comme support de lecture médicale. Elle doit subir des traitements supplémentaires comme des filtres informatiques pour s’afficher dans le standard de qualité recherché selon la région radiographiée (par exemple, thorax, os, abdomen). Ces réglages sont réalisés par un ingénieur d’application au moment de l’achat de l’appareil ;

– le postprocessing est l’étape pendant laquelle le vétérinaire peut intervenir pour retravailler l’image. Cela permet d’optimiser la lecture, donc le diagnostic final. Il peut notamment adapter la luminosité et le contraste de clichés surexposés, jouer sur la taille de l’image pour agrandir des zones riches en détails, ajouter des annotations ou encore faire des mesures. Ces modifications se font de manière plus ou moins intuitive selon le logiciel utilisé. Par exemple, des mouvements horizontaux de la souris modifient généralement la largeur de fenêtre et influencent le contraste, tandis que les mouvements verticaux permettent de faire varier le niveau de fenêtrage, ce qui correspond à la luminosité.

Les systèmes numériques peuvent s’adapter sur les appareils classiques

Trois types de systèmes existent en radiologie numérique : ceux qui traitent une information lumineuse qui est convertie en signal numérique (capteurs CCD) et ceux qui traitent des rayonsX qui sont ensuite convertis en image numérique (systèmes à plaques au phosphore, CR, et systèmes à capteur plan, DR).

Le dispositif qui utilise les plaques au phosphore est moins coûteux à l’achat, mais nécessite une maintenance assez onéreuse et régulière. Les cassettes sont développées grâce à un lecteur dédié. La durée du développement varie selon les constructeurs et peut atteindre quarante à quatre-vingts secondes (cela dépend de la taille de la cassette). Ces cassettes comprennent un écran permanent, qu’il faut “effacer” après la prise de chaque cliché. Cette étape s’effectue lors du passage dans la développeuse. Il faut compter aujourd’hui moins de 35 000 € pour l’achat de ce matériel, auxquels il convient d’ajouter un contrat de maintenance annuel qu’il vaut mieux négocier avant l’achat.

Le capteur plan (voir encadré) est plus coûteux à l’achat, mais ne nécessite pas de maintenance. Ni cassette ni développeuse n’est nécessaire, ce qui constitue un gain de temps appréciable. L’image apparaît presque instantanément sur l’écran après la prise du cliché (deux à trois secondes). Une récente étude publiée dans Vet. Radiology and Ultrasound (voir bibliographie) montre qu’un tel système permet de se passer de la grille antidiffusion. Cela réduit la quantité de rayons X utilisée tout en conservant une bonne qualité technique. Le prix des capteurs plans varie selon la technologie choisie (sélénium, silicium, etc.).

Le capteur CCD est généralement vendu intégré dans la table de radiologie. Ce dispositif peu coûteux cherche sa place en médecine vétérinaire, mais la qualité des images obtenues peut également se révéler excellente. Il faut comparer !

Le plus souvent, ces différents systèmes s’adaptent sur les appareils de radiologie préexistants. Il est également possible d’acheter un appareil déjà équipé. Les cassettes au phosphore remplacent simplement les anciennes. Il convient cependant de penser à établir une nouvelle charte d’exposition (tableau de constantes).

Des formations sur station de travail numérique sont régulièrement organisées

Avec l’ère du numérique, une nouvelle façon de travailler s’ouvre pour les vétérinaires, synonyme de gain de temps, de qualité d’image, donc de diagnostic. Autant d’arguments auxquels tous les praticiens sont sensibles. Elle apporte en outre une ouverture sur l’extérieur et la possibilité de faire lire ses clichés à distance par un spécialiste (téléradiologie), ce qui permet en quelque sorte de disposer d’un radiologue “virtuel” au sein de la structure, et de ne pas rester sans réponse devant une image.

Toute la profession est ainsi appelée à passer un jour au numérique. Les prix ont atteint un niveau accessible pour les confrères et devraient poursuivre leur descente. Cependant, il ne faut pas perdre de vue que le numérique rend tributaire des machines… qui ne sont pas infaillibles. Certaines images erronées artéfactuelles peuvent être à l’origine d’erreurs de lecture. Il convient donc de les connaître et de les comprendre. Un apprentissage supplémentaire à ne pas négliger. Des formations de radiologie sur station de travail numérique sont ainsi régulièrement organisées pour permettre de mieux appréhender cette nouvelle façon de travailler. La sauvegarde des données est également indispensable. Pour ne pas perdre des informations professionnelles importantes, l’achat d’un dispositif de sauvegarde, parallèlement à l’acquisition de l’appareil de radiologie numérique, est recommandé, sous peine d’avoir un jour une mauvaise surprise !

LEXIQUE RELATIF AU CAPTEUR PLAN

Il est indispensable de connaître certaines caractéristiques pour bien choisir un capteur plan.

• Fonction transfert de modulation (FTM) : il s’agit d’une courbe qui relie la variation de contraste de l’image à la fréquence spatiale de l’objet. La FTM rend compte des possibilités de visualiser un contraste donné de l’image. C’est une fonction décroissante comprise entre 1 et 0 (proche de 1 pour les FTM faibles et tendant vers 0 pour les FTM élevées).

• Résolution spatiale : déterminée par la taille du pixel, elle correspond au plus petit détail perceptible. Elle est exprimée en nombre de paires de lignes par millimètre (pl/mm). Une résolution spatiale élevée nécessite des pixels de petite taille et un nombre élevé de paires de lignes par millimètre.

• Contraste : il est défini par la plus petite différence de densité optique perçue entre deux points voisins de l’image. Plus la FTM est élevée, moins le contraste est bon. Pour la majorité des examens radiologiques, une bonne résolution à bas contraste est préférable à une résolution spatiale élevée.

• Dynamique : elle correspond au rapport de l’amplitude du signal non atténué sur l’amplitude du signal le plus atténué. Chaque pixel est ainsi représenté par un nombre de “bits”. Plus il est élevé, plus la résolution et le nombre de niveaux de gris sont importants.

Qu’est ce qu’une image numérique ?

Une image numérique est formée de points, ou pixels. Chaque pixel possède une intensité proportionnelle à la quantité de rayons X ou de lumière qu’il reçoit. La gamme de gris contenue dans une image est beaucoup plus étendue que celle qui est perceptible par l’œil humain (une vingtaine).

F. D.

BIBLIOGRAPHIE

  • 1 W.Y. Lo, W.J. Hornof, A.L. Zwingenberger et coll. : « Multiscale image processing and antiscatter grids in digital radiography », Vet. Radiol. Ultrasound, 2009, n° 50, pp. 569-576.
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