Grâce aux thérapies comportementales, la phobie passe d’insupportable à désagréable - La Semaine Vétérinaire n° 1401 du 16/04/2010
La Semaine Vétérinaire n° 1401 du 16/04/2010

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Auteur(s) : Jean-Miche Saint-Omer

10 à 20 % de la population souffre de phobies spécifiques qui peuvent être classées en quatre catégories : la peur desanimaux,desélémentsdela nature (vide, orage, obscurité, etc.), de “situations” (avion, voiture, ascenseur ou encore tunnel), du sang ou des blessures (piqûres et prises de sang, par exemple). La phobie n’est ni une névrose ni une maladie. Elle résulte d’un déséquilibre entre l’informationde l’amygdale cérébrale (centre de la peur) et du cortex préfrontal (qui règle l’intensité de la peur). Les thérapies actuelles se fondent sur la demande du phobique. Pour lui, peu importe l’origine de son trouble, pourvu qu’il s’en débarrasse, autrement dit qu’il le maîtrise.

Dans la vie courante, les phobiques pratiquent une stratégie d’évitement vis-à-vis de leur peur. Mais il leur faut parfois l’affronter (peur de l’avion, par exemple). Dans les cas extrêmes, cela entraîne une crise de panique. Des moyens efficaces et pragmatiques de guérison ou de forte atténuation de la peur sont toutefois disponibles.

Le dosage et la répétition sont essentiels dans le processus de guérison

La peur phobique provient d’un dérèglement des circuits cérébraux. L’activation est trop importante, la régulation pas assez. Les thérapies utilisent l’activation émotionnelle (faire revivre la situation qui déclenche la phobie) pour reconfigurer le cerveau par la mise en place de nouvelles connexions synaptiques. Le schéma est le suivant : activation de la peur, neutralisation et désamorçage. Le dosage (réglage de l’intensité) et la répétition sont essentiels au processus de guérison. Il arrive que les thérapeutes s’appuient sur une aide médicamenteuse, généralement des antidépresseurs qui agissent sur un neurotransmetteur (la sérotonine). Cela permet d’aborder plus facilement la thérapie, mais ne résout pas le problème. Ce rôle revient aux thérapies comportementales et cognitives (TCC) qui, comme le montre l’imagerie médicale, agissent sur les structures cérébrales, sur tout dérèglement émotionnel.

Parmi les avantages des TCC figurent la reconquête de l’estime de soi, une plus grande autonomie et l’absence (à brève échéance) de dépendance par rapport à un thérapeute. L’objectif consiste à transformer un traumatisme en une expérience. L’exemple donné par la psychologue américaine Mary Jones est révélateur. Le cas date de 1924. Un jeune enfant (trois ans) souffrait d’une phobie des lapins, hurlant dès qu’il en voyait un. Le protocole mis en place a d’abord consisté à le déconditionner, puis à initier l’imitation d’un modèle qu’il pouvait accepter. La thérapieaétémiseenplace pour quarante séances. L’enfant a été complètement guéri sans que l’origine de sa peur puisse être identifiée. N’en déplaise aux psychanalystes, cela est sans importance dans la guérison. L’enfant a été placé dans sa chaise haute, avec ses jouets et sa nourriture préférée. Un lapin, enfermé dans une cage, a ensuite été placé dans la pièce, le plus loin possible de la chaise. L’enfant s’est mis à hurler. Aucune des personnes autour de lui n’a esquissé le moindre, geste, chacun continuant de vaquer à ses occupations. L’opération a été réitérée le lendemain. La cage a été progressivement rapprochée de la chaise de l’enfant. Ce dernier continuait à manifester sa crainte, avec une moindre intensité. Au cours des derniers jours, d’autres enfants sont venus jouer avec le lapin. L’enfant phobique les observait. Puis il a été descendu de sa chaise, tout en restant assez loin du groupe (enfants + lapin). Après quelques hésitations, il est allé s’amuser avec les autres, puis les a imités dans leur jeu avec le lapin. Succès de la thérapie ! Cela montre que les TCC permettent de neutraliser puis de contrôler. La première démarche est l’exposition progressive à la peur, si possible sur le terrain de la phobie (par exemple dans la foule), ce qui oblige le thérapeute à quitter son bureau. Cela permet de modifier la cognition (pensée automatique), de discuter avec “le patient” des scénarios catastrophes qu’il imagine. Il vit la situation au lieu de l’éviter, et il est possible de lui montrer et de lui expliquer, au fur et à mesure de l’immersion, ce qui le conduit à maîtriser sa peur. De la panique, il passe ainsi au simple désagrément…

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