L’acclimatation permet de réduire de 85 % la mortalité induite par un stress thermique aigu

Dans les pays chauds, le climat constitue une contrainte majeure de la production avicole, car il induit des pertes économiques considérables dans les élevages (mortalité et baisse de la productivité). L’exposition à cette chaleur recouvre deux aspects selon la durée et l’amplitude de l’élévation de la température ambiante. Ainsi, une augmentation brutale (une dizaine de degrés) et de courte durée (de l’ordre de quelques heures) induit un stress thermique aigu chez le poulet de chair, qualifié de coup de chaleur, qui génère des changements physiologiques immédiats et radicaux convergeant vers un seul objectif, la survie de l’animal, et engendre de fortes mortalités. En revanche, une élévation modérée et généralement cyclique entre 29 et 35 °C (avec températures ambiantes plus fraîches la nuit), sur une période prolongée (de quelques jours à quelques semaines), provoque un stress thermique chronique. Les changements sont alors relativement faibles sur un laps de temps assez prolongé, jusqu’à atteindre un nouvel état d’équilibre (homéostasie) qui permet à l’animal de s’adapter à son nouvel environnement (acclimatation). Dans ce cas, les mortalités ne sont que légèrement augmentées, mais les performances de croissance sont toutefois altérées.

Les poussins acclimatés sont exposés à 38 °C pendant vingt-quatre heures à J5

Pour limiter les effets néfastes de la chaleur ambiante, plusieurs solutions d’ordre technique, nutritionnel ou génétique peuvent être envisagées. Toutefois, à ce jour, aucune n’a pu rétablir les résultats zootechniques obtenus en climat tempéré. Mais l’acclimatation précoce semble être une stratégie prometteuse pour limiter la mortalité due aux coups de chaleur. Elle consiste à acclimater le poulet dès son jeune âge en l’exposant à une température ambiante particulièrement élevée durant quelques heures, ce qui lui confère une thermo-tolérance lors de coups de chaleur ultérieurs.

Les effets favorables de cette technique sur la survie des poulets ont été vérifiés en station expérimentale. L’objectif de l’étude⁽¹⁾ est de rechercher les effets d’une acclimatation précoce à la chaleur sur les performances de croissance et la thermo-résistance de poulets soumis à un stress thermique chronique, puis aigu. 700 poussins d’un jour sont répartis en deux groupes homogènes, “témoins” et “acclimatés”. Les animaux du second lot ont été exposés à 38 °C pendant vingt-quatre heures à J5. Les volatiles des deux groupes subissent les fluctuations naturelles de la température ambiante estivale en zone méditerranéenne (stress thermique chronique) de J5 à J49 (température ambiante moyenne diurne de 30 °C et nocturne de 26 °C), puis sont exposés à 35 °C pendant six heures à J50 (stress thermique aigu).

Les résultats montrent que pendant l’exposition chronique à la chaleur, les taux de mortalité restent similaires dans les deux groupes, alors que la mortalité induite par le stress thermique aigu est réduite de 85 % chez les poulets acclimatés (^{voir tableau 1}). Hormis une baisse significative de l’ingéré alimentaire en période de démarrage (J1-J10), l’acclimatation précoce ne modifie pas ce paramètre sur l’ensemble de la période de façon significative mais, au contraire, augmente significativement la croissance des poulets, ce qui contribue à une amélioration significative de l’indice de conversion alimentaire de J1 à J49 (^{voir tableau 2}). En outre, les dimensions (hauteur et volume) des villosités duodénales et iléales sont significativement accrues chez les poulets acclimatés, principalement à J10, et à J49 dans une moindre mesure.

Une meilleure utilisation digestive des aliments, suggérée par l’augmentation de la hauteur et du volume des villosités intestinales, pourrait expliquer ces résultats. Cette acclimatation est d’autant plus séduisante dans ces conditions que sa mise en place pratique sur le terrain est facile et n’entraîne pas de lourdes charges supplémentaires pour l’éleveur. Des études ultérieures devraient préciser son impact sur les mécanismes métaboliques et cellulaires impliqués.

• (1) S. Temim et coll. : « Effect of early thermal conditioning on growth performance and intestinal morphometry of broiler chickens reared under Mediterranean summer conditions », European Journal of Scientific Research, 2009, vol. 38, n° 1, pp. 110-118.

• La bibliographie de cet article et les données complètes des tableaux sont disponibles sur WK-Vet.fr (rubrique “Semaine Vétérinaire” puis “Compléments d’articles”).